La lecture est un voyage ! Le monde vu à travers le regard de ces auteurs qu'on aime
Ernesto a 12 ans lorsqu'on lui annonce la mort de son père dans les troupes cubaines envoyées en Angola. Fini les aventures trépidantes avec ses amis Lagardère et la belle capitaine Tempête, lui, le courageux comte de Monte-Cristo, se voit obligé de devenir «le fils du héros», une tâche particulièrement lourde dans un pays socialiste.
Plus tard, obsédé par cette guerre dans laquelle son père a disparu, il étudie avec passion cette période sur laquelle les informations cubaines ne sont pas totalement fiables. Il tente alors de reconstruire l'histoire de la mort de son père et se rend compte que tout ne s'est pas passé comme il l'a imaginé. Faire la guerre est plus compliqué que ce qu'on croit.
Oscillant entre passé et présent, entre douleur et passion, Karla Suárez trace avec ironie et lucidité le portrait d'une génération écrasée par une vision héroïque de l'histoire et qui a dû construire, à travers les mensonges et les silences de l'idéologie étatique, ses propres rêves et ses propres voies vers la conquête de la liberté individuelle.
La lecture est un voyage ! Le monde vu à travers le regard de ces auteurs qu'on aime
Les Explorateurs de la rentrée, cinquième édition !
#RL2017 ça y est, c’est parti ! Découvrez les avis de nos lecteurs sur cette sélection
Embarquez avec nos 50 Explorateurs à la découverte des romans à ne pas manquer cet automne...
On s'attache très vite à la quête de vérité d'Ernesto orphelin à 12 ans d'un père cubain parti faire la guerre et mourir en Angola...Ernesto n'est pas un personnage attachant, sa recherche de vérité est montée comme une intrigue presque un thriller....C'est un pan de l'histoire cubaine qui se dévoile au fur et a mesure du récit....Souffrances et passions mensonges et silences mèneront Ernesto là ou il ne s'y attendait pas ....
Le fils du Héros, c’est Ernesto. Son père meurt en Angola lorsqu’il est tout jeune, aprè de brillantes études il va vivre à Berlin puis à Lisbonne. Alternant passé et présent, l’auteur nous montre l’importance de la quête du héros, père absent, dans ce régime qui vénère ses militaires morts pour la patrie sur les lointaines terres d’Afrique.
Mais Ernesto est obsédé par la quête de ce père inconnu. Sa femme finit par le quitter, ne pouvant pas lutter contre cette introspection intime en même temps qu’introspection dans l’histoire récente du Cuba. Pourquoi cette guerre, pourquoi tant d’hommes sont-ils partis pour mourir là-bas, et au nom de quelle liberté ? La plaie est profonde, Ernesto élevé en « fils de » va souffrir de cette absence qui a fait de lui un être à part, un des rares à pouvoir être fier, mais fier de quoi, du vide, de l’absence ?
Je me suis laissée porter par cet enfant sans père, ce mari qui oublie de vivre avec sa femme pour courir après les ombres, ce cubain qui ouvre enfin les yeux sur l’absurdité du régime et des guerres. J’ai adoré la créativité de l’auteur. Reliant l’intime à l’Histoire, Karla Suarez nous entraine dans les méandres historiques de son pays, et nous donne énormément d’émotion à suivre son fils de héros, une jolie découverte.
« Mon père a été tué un après-midi sous un soleil de plomb… Il était à l’autre bout du monde, dans la forêt obscure d’Angola. Et nous, dans l’île où la vie continuait plus ou moins comme d’habitude, sous notre soleil quotidien. »
A douze ans, Ernesto apprend la mort de son père dans une guerre qui ne les concerne pas, l’Angola est si loin. Le voici devenu le chef de la famille, le fils du Héros pour tout son petit monde. Une carapace dure à porter qui le marque à jamais.
« Maintenant tu es l’homme de la maison, tu n’es plus un enfant. Et les hommes ne pleurent pas, ne l’oublie jamais. ». Et il ne pleure pas, enfouit tout au fond de lui son chagrin, perd l’innocence propre à l’enfance. S’il n’y avait que le décès de son père ! Juste avant dans leur petit bois, il a vu Monsieur de Lagardère caresser la joue de Capitaine Tempête. Excuse, cher lecteur, je suis allée un peu vite en besogne. Capitaine Tempête, c’est l’héroïne de ses rêves et son amie, Lagardère son ami, Ernesto est le Conte de Monte Cristo. Oui, cette journée, tout son univers s’est écroulé. Mais il n’a pas pleuré, non, il n’a plus pleuré et tout gardé.
Ernst cherche sans fin une trace de son père, espère trouver des camarades de guerre, des personnes qui auraient pu le voir dans ses derniers instants. Il fait des recherches de plus en plus poussées sur la guerre en Angola. Il créé un blogue pour partager des informations avec d’autres blogueurs, chercher des traces, remonter le temps, remplir le vide du père par des faits, des dates… Ce faisant, il met des mots, des faits, des dates sur une guerre dont personne ne veut parler. Ernesto voudrait trouver un sens à l’engagement de son père, un sens à cette guerre, un sens à sa vie. Son obsession du père aura raison de son mariage avec Renata. Installés au Portugal, Ernesto fait la connaissance d’un certain Berto « C’est l’étrange petit bonhomme qui se déplace lentement sur l’échiquier. » Discussion autour d’une partie d’échecs où Berto est maître « L’Angola avait été l’échiquier où s’était jouée la dernière partie d’échecs de la guerre froide ». « A la guerre comme aux échecs, on dispose de deux armes secrètes : la tactique et la stratégie. L’une consiste à savoir observer, l’autre à savoir réagir ». Sur cet échiquier mondial, les pauvres soldats sont les pions, ceux qui ne décident de rien et subissent, pour la grandeur d’un pays, d’une idéologie en regard avec la guerre froide.
Je me promène entre hier et aujourd’hui, entre Le fils du héros et l’homme qu’il est devenu, entre Cuba et le Portugal.
Au cours de ma lecture, je vois se modifier le visage de Cuba qui passe de l’euphorie de la Révolution et du Che aux petites magouilles pour survivre, à la longue déliquescence de ce pays abandonné par l’URSS, depuis qu’elle est redevenue la Russie.
La structure du roman est originale. Chaque chapitre porte le nom d’un roman d’un autre auteur (La forêt obscure, Le Bossu, L’Ultime territoire…) très suggestif quant au contenu. Karla Suarez, d’une écriture fluide, avec des pointes d’ironie, fait monter la mayonnaise et offre une fin surprenante.
Un très bon roman qui met en lumière un pays et son histoire.
Avis de la page 100 "Le fils du héros" de Karla Suàrez
J'ai tout desuite aimé les jeux de rôles d'Ernesto et de ses amis Lagardère et capitaine tempête. J'aime beaucoup les souvenirs heureux qu'il évoque. À travers l'histoire de cet enfant né à La Havane, devenu adulte et expatrié je découvre l'histoire pas si lointaine de Cuba. L'écriture est fluide, certains passages sont très émouvants, celui de la page 100 exactement en est un exemple, où comment une amitié sincère se manifeste.
Je continue ma lecture avec enthousiasme !
Commentaire final :
Ernesto, enfant de la Havane est insouciant et joue avec ses amis quand sa vie bascule. Son père parti faire la guerre en Angola meurt, il devient le fils du héros malgré lui.
La vie d'Ernesto est obnubilée par ce père absent, par cette guerre qu'il a subit malgré lui. De la Havane à Lisbonne en passant par Berlin, il nous raconte ses recherches pour retrouver la trace et la mémoire de ce père si peu connu, ses rencontres, ses échecs. Grâce à ce roman j'ai découvert un pan de l'histoire de Cuba que je ne connaissais pas.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui parle magnifiquement de l'amitié, de la famille, de la mémoire. J'ai lu le livre en quelques heures, l'écriture est très agréable et la fin surprenante et prenante.
ça a été un très agréable moment.
En digne Exploratrice 2017, ma mission première concernant ce roman – outre le fait de le lire, bien évidemment ! – est de donner mes premières impressions une fois parvenue à la page 100… Ici ce sera à l'issue de mon chapitre, page 102 ! ^^
La couverture est fort jolie avec ce jeu d'ombres plutôt mystérieux, complétée à merveille par sa quatrième aussi intéressante qu'intrigante, qui suscite la curiosité et donne envie d'en savoir plus.
Quelques mots de résumé pour commencer... C'est à l'âge de 12 ans qu'Ernesto apprendra la mort de son père dans l'intervention des troupes cubaines lors de la guerre en Angola. Ce drame met un terme à son enfance tandis qu'il endosse le lourd costume du fils du héros, tant pour sa famille que pour tous ces gens qui l'entourent. Pour autant son désir de reconstruire l'histoire de son père l'obsède au point d'avoir raison de son mariage tandis qu'il se lance à l'âge adulte dans un véritable travail d'investigation...
Usant d'une plume envoûtante, captivante, presque hypnotique, l'auteure nous emmène à la rencontre d'Ernesto. Opérant dès lors de nombreux aller-retour entre présent et passé pour envisager son avenir, on apprend bien sûr à connaître Ernesto, mais pas seulement. On découvre comment ce dernier s'est enferré dans une dangereuse quête de vérité pour ce père qui, finalement, s'avère omniprésent malgré son absence et nourrit un suspense de tous les instants. Par conséquent j'y retourne de ce pas !
Avis final...
Le pitch : C'est à l'âge de 12 ans qu'Ernesto apprendra la mort de son père dans l'intervention des troupes cubaines lors de la guerre en Angola. Ce drame met un terme à son enfance et voit couler ses ultimes larmes tandis qu'il endosse le lourd costume du fils du héros, tant pour sa famille que pour tous ces gens qui l'entourent. Pour autant, cette page de l'Histoire le hante et son désir de reconstruire l'histoire de son père l'obsède au point d'avoir raison de son mariage tandis qu'il se lance à l'âge adulte dans un véritable travail d'investigation. Seulement la vérité qu'il voit émerger n'est pas forcément celle à laquelle il s'attendait.
J’avoue que je ne connaissais pas l’auteure de ce roman, pas plus que cet épisode historique, sur lequel je me suis d'ailleurs renseignée à la suite de ma lecture, avide que j'étais de pouvoir en apprendre davantage encore.
Revenons cependant au livre lui-même dont il faut en préambule admirer la structure, puisque chaque chapitre prend pour titre celui d'un roman d'un autre auteur, d'une autre époque, d'un autre genre, suggérant à lui seul le contenu des propos qui vont suivre avec une certaine finesse, une certaine subtilité.
Usant dès lors d'une plume envoûtante, captivante, presque hypnotique, l'auteure nous emmène dès lors à la rencontre d'Ernesto, ce Cubain qui s'est certes construit au fil des années, mais n'a pas pu faire abstraction de ce douloureux passé. Il en garde une blessure qu'il ne pourra guérir sans faire toute la lumière sur la fin de son père. Opérant dès lors de nombreux aller-retour entre présent et passé pour envisager son avenir, on apprend bien sûr à connaître Ernesto, mais pas seulement : on découvre comment ce dernier s'est enferré dans une dangereuse et obsédante quête de vérité, mettant en péril son existence toute entière, alimentée par l'ambigu Berto qui surgit opportunément dans sa vie pour lui délivrer des informations cruciales, en ancien combattant qu’il a lui-même été dans ce conflit. Ce père qui, finalement, s'avère omniprésent malgré son absence et nourrit un suspense de tous les instants.
Impossible de lâcher ce roman avant d'en atteindre le point final, subjugués que nous sommes par cette histoire qui invite à un voyage dans l'Histoire et ses pans obscurs, au cours d'une époque difficile dans un pays en proie au communisme, bien déterminés cependant à connaître son dénouement qui sera surprenant. Les chapitres ne sont pas très longs et l'écriture est fluide, efficace, vive, ce qui permet ainsi de dynamiser un récit aussi fort que prenant pour une lecture qu'on ne voit pas décidément pas venir ni passer.
En bref, un roman à dimension historique, intéressant et enrichissant !
Le Fils du héros de Karla Suarez
Ernesto est le fils d'un cubain mort à la guerre en Angola pour la défense d'un idéal et la construction d'un monde nouveau. La disparition de son père est à la fois source de fierté et de tristesse.
Devenu adulte, Ernesto n'a plus qu’une obsession, au point de mettre son couple en péril, comprendre les choses du passé et le chemin tragique de son père.
Empreint de nobles causes, Ernesto est aveuglé par sa quête, mais à l'image de la société cubaine il va peut être passer de l'euphorie à la déception . A-t-il raison de fouiller les zones ténébreuses d'une guerre sur laquelle les survivants ne veulent pas mettre de mots. Le destin place sur sa route, Berto, un rescapé aussi mutique qu'ambiguë. Karla Suarez a l'art d'embarquer le lecteur dans une navigation où se mélangent énigmes et portraits du peuple cubain. Vivement la suite ...
Karla Suarez nous offre avec « Le Fils du héros » un livre d'une grande maturité et d’une véracité époustouflante. Elle décrit de main de maître l'évolution du régime castriste au travers du quotidien d’une famille au long de plusieurs décennies.
Le héros, Ernesto, est un brillant élève et futur ingénieur ; sa vie est un mille-feuilles d’identités plurielles, avec la part liée à l'enfance à la Havane, et celle d'expatrié à Berlin et Lisbonne. Son but est d'essayer de fermer les deux plaies de son passé : reconstruire les moments de la mort de son père en Angola et comprendre la sortie si tardive de Cuba de cette guerre africaine. Sa quête obsessionnelle du pourquoi va détruire son couple et développer son amitié avec Berto, un rescapé de la guerre. Mais qui est cet homme qui conçoit la vie comme une partie d’échecs, un déserteur ou un manipulateur ? Que reste-t-il à Ernesto sans ses deux étoiles, son père et son épouse ?
A chaque chapitre, l'histoire oscille entre le passé et le présent, enrichissant l'état intérieur du personnage. Ernesto reste fidèle à son milieu d'origine tout en vivant totalement en dehors et en conservant l'image de son père comme centre de gravité. Karla Suarez balaie une palette de sentiments qui composent un arc-en-ciel aux couleurs de l'amitié, de l'amour, du rêve et du désespoir. Son style vif et incisif montre la réalité de la société cubaine face à l'idéologie étatique.
« Le Fils du héros » est le voyage abouti d'un enfant sur les traces de son père. Ernesto en sortira grandi, le lecteur aussi. Que de chemins historiques et sentimentaux parcourus, entre rêves et mensonges, dans ces pages plus belles les unes que les autres. Avec une grande maîtrise du récit, Karla Suarez livre une fiction-investigation passionnante ; à la fois roman et récit politique, cette fresque qui souligne l' illusion de la célébrité est une très bonne surprise qui devrait émerveiller la rentrée littéraire.
Chronique d'une Exploratrice de la rentrée littéraire
Roman essentiel de vérité, criant de douleur, Le fils du héros est le témoignage d’une génération cubaine en quête de sens. Servi par une écriture narrative précise et riche ce roman est ma première expérience littéraire cubaine, et quelle expérience ! De nature curieuse j’aime que mes lectures transgressent des barrières jusqu’alors inédites et m’apporte surtout un savoir, un regard différent sur certains évènements, historiques par exemple. Et cet appétit est aujourd’hui assouvi avec ce livre précieux où l’auteur fait le récit d’un Cuba belliqueux embourbé dans une guerre qui n’est finalement pas la sienne, du moins pas celle du peuple.
Sous l’apparence du jeune Ernesto, douze ans lorsqu’il perd son père lors de la guerre en Angola, Karla Suarez nous narre l’histoire de son pays à travers de petites anecdotes sous l’œil naïf de l’enfance. Le récit s’ouvre sur ce drame qui détermine la vie d’Ernesto, ses choix comme son rapport à sa famille. Devenu « le fils du héros » toute sa vie durant, il devra porter ce lourd fardeau et comprendre que les héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Traumatisé par cette guerre qui débute dans les années 60 pour se terminer à la fin des années 80, il nous raconte par touches ce pays socialiste qui l’a vu grandir, et son rapport au monde qui l’on conduit à vivre de l’Allemagne au Portugal. C’est une fois adulte qu’il a l’idée d’écrire un blog dédié à ce pan de l’histoire comme pour mieux la comprendre et exorciser ses démons. Seulement l’Histoire est complexe, les informations souvent erronées, jusqu’au jour où il fait la rencontre d’un certain Berto Tejera Rodriguez, parti à la même période que son père…
Entre aller et retour dans le temps l’auteure a su attiser ma curiosité en créant une tension dramatique, enchérie par ce personnage énigmatique qu’est Berto. Il y a aussi les débuts de chapitres qui mentionnent que le personnage d’Ernesto est sur le départ pour l’Angola mais sans qu’on en sache le but. J’ai beaucoup aimé les épisodes de sa vie à Cuba qui illustre bien l’innocence avec laquelle il regarde sa patrie pour, petit à petit, observer avec un prisme nouveau cette révolution sociale avec notamment cette guerre qui n’en finit pas.
De son regard d’adulte on devine le cynisme, la rancœur qui le consume pour, peu à peu, le détruire lui et son entourage. La tension monte comme la guerre, pour enfin nous livrer son secret bouillant, suintant, poreux quitte à détruire toutes les certitudes sur son passage. J’ai aimé dans ce roman les fuites nostalgiques d’apparence banale d’un enfant qui passe de l’adolescence à l’âge adulte, et puis le côté sombre, comme renversé d’un évènement qui en a fait l’homme d’aujourd’hui.
Ignorant totalement cette partie de l’histoire cubaine, j’ai particulièrement apprécié de me plonger dans l’univers de Karla Suarez qui fait surgir sous une plume précise et émouvante la question de l’enrôlement mental par un état, et la vision d’un peuple sur la société dans laquelle on l’enchâsse. Malgré quelques répétitions et longueurs, j’ai été emballée par la passion d’un personnage qui veut en découdre avec son Histoire, mû par l’énergie du règlement de compte. La fin du livre, inattendue, confirme largement cette impression ressentie tout au long de la lecture.
Une ode à la liberté, à la libération des liens intimes et sociétaux, ce roman est aussi un miroir tendu aux Cubains qui ne peuvent plus dire « nous ne savions pas ». Un exercice périlleux, courageux car il n’est pas aisé de ressusciter le passé et encore moins de l’écrire.
http://bookncook.over-blog.com/
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