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Née esclave, Aurélia passe une enfance heureuse à Basse-Terre auprès de sa mère, mulâtresse affranchie. Son géniteur, vice-consul des États-Unis en Guadeloupe, la chérit tendrement et veille à son éducation. Pour ses vingt ans, il l'emmène avec lui à Paris et lui fait découvrir les salons mondains de la capitale.
La très belle quarteronne y fait la connaissance d'un aristocrate, l'avocat Édouard Ventre d'Auriol, aussitôt subjugué par son charme. L'inclination est réciproque. Après leur mariage, Aurélia mène une existence bourgeoise et paisible jusqu'à l'affaire du Dîner de l'Exposition. Ventre d'Auriol, principal associé d'un restaurant à prix unique créé pour l'exposition universelle de 1855, est soupçonné de banqueroute frauduleuse. Il s'enfuit, laissant sa famille, et est condamné par contumace à dix ans de travaux forcés. Le destin de la jeune femme bascule. Menacée, jugée, déclassée, elle prend le chemin d'un exil à haut risque de l'autre côté de la Manche. Vingt ans plus tard, après de multiples péripéties, c'est en riche rentière qu'Aurélia rentre en France sous une autre identité...
Aurélia a passé son enfance en Guadeloupe avec sa mère. Née esclave à Basse-Terre d'une métisse affranchie et du vice-consul des Etats-Unis en Guadeloupe, elle aura l'opportunité via son père et ensuite son mari d'embrasser une vie bourgeoise à Paris. Malheureusement à l'aube de l'exposition universelle, un scandale financier dont elle ignorait tout, l'oblige à fuir pour rejoindre son inculpé d'époux à Londres. Femme de tête, elle saura prendre part et faire face à toutes les péripéties qui jalonneront son existence...
Inspirée d'une histoire vraie, Michelle Dassas nous invite à une reconstruction historique intéressante avec ce roman. L'écriture est fluide et agréable pour des descriptions qui restent fidèles à l'époque. On participe à un voyage foisonnant entre la France, l'Angleterre et la Guadeloupe.
On fait la connaissance d'une femme attachée à ses origines et préoccupée par le bonheur et le maintien social des siens. Entre quête et reconstruction permanente, notre intérêt palpite pour ce parcours de vie hors du commun. C'est l'éveil effervescent des découvertes scientifiques qui viendront bientôt tout bouleverser, mais également les bains mondains et culturels qui nous fascinent.
En outre, on est entraîné dans un tourbillon qui s'articule entre romance, risque et impétuosité. Et même si j'ai pu être partagée par les choix invoqués, j'aurais été bien en mal de les juger.
J'ai pu être touchée par les liens d'affection, de pudeur entre titine et Aurélia, magnifiés par une tendre et fidèle correspondance. Le retour au pays est nostalgique et pénétrant.
Et l'aventure romanesque nous procure un réel plaisir de l'alchimie des horizons et de cultures, bien au-delà de ce qu'on aurait pu imaginer...
Le 3 juillet 1858, la jeune et jolie Aurélia se présente à la gare du Nord à Paris avec ses trois enfants, Elizabeth, Auril et Frédéric pour prendre le train en partance pour Calais. Elle compte ensuite prendre un bateau pour Londres où elle doit rejoindre Eugène, son mari. Celui-ci se cache dans la capitale britannique, car il a réussi à échapper à la justice française qui voulait lui infliger une forte peine de prison pour faillite frauduleuse et escroquerie caractérisée. Avocat de profession, il avait voulu se lancer dans les affaires en montant un restaurant de luxe dans la capitale, « le dîner de l’Exposition », basé sur un concept nouveau, le menu unique à prix fixe. Mais devant l’immensité de la dépense, il a émis de plus en plus d’actions, puis il a joué en Bourse l’argent des actionnaires, a perdu et a fini par filer avec une grande partie de la caisse avant que tout soit découvert. Aurélia, elle-même, quarteronne antillaise, non reconnue par son père, Charlemagne, vice-consul de son état, a aussi dû faire face à la justice qui l’accusait à tort de complicité et de recel. Finalement acquittée, la voilà en route vers Londres…
« Le dîner de l’Exposition » est un roman sentimental de facture tout à fait classique. Dotée d’une fort belle plume, Michèle Dassas dispose d’un style assez proche de celui des écrivains du XIXᵉ siècle. Le lecteur ne peut donc qu’être d’accord avec la dédicace en forme d’éloge apportée par l’historien guadeloupéen, Auguste Lacour : « J’y ai trouvé la manière de raconter de Gustave Flaubert, l’un de mes auteurs préférés ». Il ne peut également qu’être en empathie avec le beau personnage de femme incarné par Aurélia, cette belle métisse, fruit de l’amour d’une esclave noire et d’un notable blanc, qui, s’il ne la reconnut pas à la naissance, se rattrapa assez honorablement à la fin de sa vie. L’intrigue comporte pas mal de tribulations et de déceptions sentimentales avec cette existence un peu compliquée de femme hors norme, obsédée par l’apparence et la réussite sociale. On notera également le nombre important de décès dans cette histoire. Et en particulier celui du mari escroc qui aurait mérité plus amples développements ce qui aurait ajouté le piment d’un volet policier au récit. Au total, un ouvrage apprécié plus pour la forme que pour le fond même s’il est très axé sur les rapports sociaux et raciaux dans les îles il y a près de deux siècles.
Les faits relatés sont véridiques. En 1855, l’ambitieux et aristocratique avocat Edouard Ventre d’Auriol a la folie des grandeurs. Anticipant la forte fréquentation de l’exposition universelle, il ouvre un luxueux et gigantesque restaurant, le Dîner de l’Exposition, financé par les actionnaires de la Société Générale de Gastronomie dont il est le gérant principal. Véritable gouffre financier, l’établissement prend le bouillon dès son ouverture, ruinant ses actionnaires qui se découvrent du même coup escroqués : Ventre d’Auriol s’est enfui en détournant des sommes considérables.
Le scandale qui éclate, frappe de plein fouet son épouse, qui, demeurée à Paris avec leurs enfants, apprend toute l’histoire en même temps que le public. D’abord soupçonnée de complicité, elle est menacée et traînée dans la boue. Enfin, pendant que son mari est condamné par contumace à dix ans de travaux forcés, elle parvient à le rejoindre à Londres, où il vit clandestinement sous une fausse identité. C’est elle, Aurélia, qui mène la narration, nous révélant un parcours déjà peu ordinaire, et qui n’est guère en passe de le devenir. Née esclave à Basse-Terre d’une métisse affranchie et du vice-consul des Etats-Unis en Guadeloupe, elle doit à la protection paternelle ses débuts au sein de l’aristocratie parisienne, puis son mariage et sa riche vie bourgeoise dans la capitale. Désormais exilée et contrainte de vivre cachée, il va lui falloir prendre en mains une existence qui lui réserve encore bien des péripéties inattendues.
C’est un bien bel hommage que Michèle Dassas rend à cette femme, lui redonnant vie à partir des éléments en possession de ses descendants, dans une narration romancée entièrement envisagée de son point de vue. Le destin d’Aurelia est proprement fascinant, dépassant dans sa réalité ce que l’imagination romanesque n’aurait pu produire sans paraître aborder les rivages de l’improbable. Sans doute parce qu'explorée un peu trop superficiellement dans ses ambivalences par une plume qui décrit davantage qu'elle ne donne vraiment à ressentir, elle pourra certes laisser poindre un certain agacement chez le lecteur, qui l’observe longuement dans son rôle d’oie blanche malgré tout plus soucieuse du maintien de son train de vie qu’horrifiée par la fraude dont elle profite. Et même si la suite du récit lui donne davantage de consistance, plus que ce personnage, c’est bien l’incroyable succession d’événements qui jalonne sa vie qui donne au final tout son sel à ce roman.
Belle trouvaille que cette histoire véridique que Michèle Dassas fait sortir de la seule mémoire d’une famille. Il est de ces destins dont la réalité dépasse largement toute fiction. Ironiquement, les titres de la Société Générale de Gastronomie, qui ne valaient plus rien après la faillite de 1855, ont, semble-t-il, retrouvé aujourd'hui quelque valeur : celle d’objets de collection, mis aux enchères dans les salles des ventes…
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