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Certains livres comme Sukkwan Island de David Vann, Le Jour des corneilles de Jean-François Beauchemin, L'Été des charognes de Simon Johannin, marquent durablement leurs lecteurs par leur écriture et ce qu'ils nous rappellent de la condition humaine. Premier roman qui ouvre l'année du Tripode, Le Démon de la Colline aux Loups est de ceux-là, un choc.
Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin.
Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante que bienveillante, Le Démon de la Colline aux Loups raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d'amour et de passion, de moments de lumière... Il dit sa solitude, immense, la condition humaine.
Le Démon de la Colline aux Loups est un premier roman. C'est surtout un flot ininterrompu d'images et de sensations, un texte étourdissant, une révélation littéraire.
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Les sept derniers titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Membre du jury du Prix Orange du Livre 2021, la romancière vous recommande 10 lectures essentielles
Le jury, enthousiaste et passionné, a choisi 21 romans français
Ce premier roman étourdissant, écrit dans une langue percutante, empreinte de bienveillance est sombre et sublime à la fois. Il nous conte avec candeur une histoire noire, violente et lumineuse.
Derrière les barreaux de sa prison, un homme encore jeune, sentant sa fin proche, décide de se repentir, de se libérer de son passé et de son démon. Brutalisé dans sa chair, il brutalise sa mémoire et tape frénétiquement sur une vieille machine à écrire l’histoire de sa vie saccagée afin que l’on sache.
Ce jeune homme s’appelle Duke. Dans un style sensible et cru, il raconte la sombre réalité, son enfance perdue avant d’avoir existée, sa vie faite de violence, de douleur, de rage, les sévices familiaux, l’inceste, le viol, le crime, mais aussi les quelques moments lumineux d’amour et de passion .
Jusqu’à l’âge six ans il vit dans «le nid », un espace au sol dans une pièce aux volets fermés, où, avec ses six frères et sœurs, « la nichée », ils se serrent, se donnent de la chaleur, se réconfortent, s’apaisent mutuellement et partagent la gamelle jetée une fois par jour vers eux par leurs parents. Sur l’insistance d’une assistante sociale qui menacent ses parents, il va découvrir et affronter le monde extérieur, les autres et l’école où il entend pour la première fois son prénom : Duke.
De famille d’accueil en squatte, il nous livre son itinéraire en lisière d’un monde où il ne trouve pas sa place, où il n’y a pas de place pour lui.
C’est avec ses mots à lui, qui a si peu d’instruction, qu’il nous livre le récit de son destin. L’écriture est véritablement remuante. La candeur du personnage permet d’aborder les questions les plus délicates et les plus difficiles, telles les questions liées à la condition humaine sans jamais les trahir, ni être sentencieux.
Ce texte est un flot incessant d’images choc et de sensations qui bouleversent à chaque page. Le récit de cette vie de douleur, de violence, d’immense solitude ainsi révélée n’est pas un calvaire que pour son personnage. Il laisse le lecteur KO .
Ce roman bouleversant , empreint d’humanité et de bienveillance, résonne encore en nous longtemps après l’avoir refermé.
Il manque quelques mots à mon vocabulaire pour dire ce que j’ai ressenti à la lecture de ce roman, puis quelques temps après l’avoir fini .
Pendant la lecture j’ai surtout été saisie par l’horreur qui se dégage de l’histoire de cet enfant oublié, maltraité, violé, privé de tout éducation.
Saisie aussi par la langue à mi chemin entre celle d’un enfant et celle d’un adulte pressé, qui a trop à dire. Ce livre a été écrit en 3 semaines comme une urgence explique Dimitri Rouchon-Borie, son auteur, et cette urgence est palpable.
Après coup je retiendrais la beauté de l’histoire de cet enfant devenu homme, violent, meurtrier qui cherche à comprendre le monde, se comprendre, alors qu’il lui manque tous les codes.
Sa quête de rédemption est vouée à l’échec, il le sait mais elle est vraie.
Un livre à la fois très très sombre et lumineux aussi, une histoire malheureusement assez commune pour le chroniqueur judiciaire qu’est Dimitri Rouchon-Borie.
Ce serait curieux de dire que j’ai pris plaisir à cette lecture. Elle heurte, perturbe mais je n’ai pas pu m’arracher à ce livre, alternant entre sidération et éblouissement.
Un flot ininterrompu de sombres pensées, de souvenirs traumatisants, de souffrances, de moments de vie, qui s'entrechoquent dans la tête de Duke. Une enfance ignoble, des parents odieux, j'en suis encore bouleversée.
Un roman qui marque au fer rouge, une enfance meurtrie par des parents d'une violence inouïe. Seul réconfort : la chaleur du''nid'' avec ses frères et sœurs.
Difficile de survivre à cet enfer, comment dompter le Démon qui est en soi et ne demande qu'à jaillir de sa tanière, même en faisant tous les efforts possibles pour le museler ?
Au milieu de toute cette noirceur émergent des parenthèses émouvantes qui nous touchent en plein cœur. C'est un roman d'une intensité rare, une écriture dense, sans ponctuation, dans le ''parlement''du narrateur.
Certes c'est loin d'être une lecture facile, mais il faut lire ce livre déchirant qui ne peut laisser indifférent et qui nous plonge dans la pire des noirceurs avec l'émergence de rares moments plus légers. Inutile d'en dire plus, c'est à découvrir par soi-même, mais âmes sensibles s'abstenir.
Plonger au fond du gouffre
Vous qui entrez dans ce livre vous serez le témoin de « la souffrance brute du manque ».
Le langage est abrupt si le vocabulaire n’est pas au rendez-vous cela n’empêche pas de dire l’indicible, mais c’est un texte qui n’utilise jamais la virgule, car le lecteur est en apnée. La virgule est la respiration du texte, mais là impossible de respirer normalement, tant la violence est percutante et vous met en état de commotion, dès les premiers mots.
« Mon père disait ça se passe toujours comme ça à la Colline aux Loups et ça s’était passé comme ça pour lui et pour nous aussi. »
C’est un monologue qui va vibrer, heurter vos oreilles comme un bruit infernale, mais c’est votre cœur qui sera broyé.
Duke n’a appris son prénom que lorsque les autorités ont obligé ses géniteurs à l’envoyer à l’école.
Prisonnier avec ses frères et sœurs ignorant, eux aussi, comment ils s’appellent, mangeant et dormant à même le sol, lorsque Duke arrive à l’école il ne sait pas si c’est pour le pire ou le meilleur.
Une chose est certaine il n’a pas les codes d’un être civilisé. Illettré, déboussolé, il entrevoit un autre monde que le sien.
Le lecteur connaît d’emblée le dénouement puisque le narrateur est en prison à perpétuité.
Mais il entre de plain-pied dans la spirale infernale.
Duke vous explique pourquoi il ne pouvait pas échapper au Démon qui l’habite et comment il n’a pu le combattre, il s’appuie sur ses lectures, apportées par l’aumônier de la prison, il apprécie Les Confessions de Saint Augustin qui sont les prémices d’une compréhension, d’une acceptation de cette enfance assassinée.
Ce qui est fascinant dans ce premier roman c’est l’affrontement du langage brut et de l’innocence avec laquelle le narrateur adulte raconte les horreurs subies et commises.
Les existences en marge peuvent-elles voir la lumière au bout du tunnel ? La réponse semble être non, impossible, à ce point de destruction venue de ceux qui auraient dû vous protéger et vous éduquer, cela ne peut être qu’un parcours semé d’embûches et d’abîmes.
« Je crois que c’est ma souffrance qui m’a tué depuis longtemps je ne crois pas que je suis vivant autrement que par mes fonctions biologiques mais dedans je suis mort. »
Dimitri Rouchon-Borie est chroniqueur judiciaire, et il a dû en entendre des confessions et voir des bourreaux se posant en victimes.
Ce qu’il nous fait entendre dans ce premier roman est exceptionnel c’est imaginer un ring où se combattent la pureté de l’enfance et la sauvagerie de l’animal.
Âmes sensibles s’abstenir, mais ce serait dommage de ne pas découvrir ce roman exceptionnel, par la forme et le fond qui dit beaucoup des marges de notre société.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/05/23/le-demon-de-la-colline-aux-loups/
Comment peut on construire une vie sereine quand on débute cette vie sans l'amour de ses parents mais la brutalité et plus encore, sans aucune éducation (à son entrée à l'école, Duke ne connait même pas son prénom puisqu'il ne l'a jamais entendu, ni la signification des mots, même les plus usuels lui sont inconnus. Ce qui le réconforte ,c'est le nid, cette couverture posée à même le sol, ou sont blottis nuits et jours, frères et soeurs de cette fratrie...
J'ai apprécié ce roman au style particulier, pas de virgules ,seulement un point à la fin de chaque phrase. Ce roman nous fait partager l'amour avec Clara puis Billy, la peur de mal tourné en voulant épargner Pete et Maria, la honte de ses gestes et ses regrets, et le pouvoir du démon!!!
Bonjour . Duke aurait aimé être un enfant comme les autres , avoir une enfance remplie de tendresse mais" Au commencement on n'avait pas de nom" . Le Duke qui raconte son histoire à travers un journal , est aujourd'hui un adulte . Enfermé en prison , il nous raconte son enfance avec ses frères et soeurs sous la coupe de parents maltraitants et pervers :" là couchés les uns contre les autres et parfois quelqu'un venait et il se passait quelque chose peut-être on nous donnait à manger mais je ne sais pas quoi "
L'auteur donne un genre singulier au jeune homme qui raconte ; il a le langage d'un analphabète ou d'un petit enfant à la recherche de son vocabulaire; à travers ses mots c'st la traduction d'une grande souffrance , d'une rage indéfinissable , d'un manque d'amour et de sa poursuite, le besoin de le connaître "il s'est passé quelque chose d'extraordinaire à ce moment c'est qu'elle s'est réveillée et elle était belle " " sans dire un mot elle a attrapé ma main et elle m'a entraîné dehors et on marchait sans parler.."
L'auteur omet volontairement la ponctuation pour montrer le besoin du narrateur d'exprimer tout ce qu'il a sur le coeur , de livrer toute cette douleur et cette rage qui bouillonne en lui , et l'incompréhension du monde .
C'est un livre très dur , violent , on a les larmes aux yeux , la rage au coeur , on ressent l'impuissance des enfants , leur terreur . On comprend la fureur qui submerge Duke , ce qu'il appelle son Démon . sans pour autant l'excuser . On est englouti par l'horreur des traitements qu'infligent les parents de Duke à leurs enfants. On se dit , ils ne sont pas de la catégorie des humains mais des monstres . Le pardon? Quand l'avocat de la défense déballe des arguments pour leur retour à une vie normale , on se demande si il n'est pas devenu fou: "Il y a eu des bons moments dans cette famille et il faut imaginer qu'ils pourront un jour cicatriser et pourquoi pas se retrouver dans longtemps dans la paix.."
Mais à chaque page tournée j'ai des hauts le coeur , mal au ventre , je suis déchirée et le choc devant la phrase de l'avocat de la défense , est comme un fer rouge .
Bonnes lectures . Prenez soin de vous .
Genre : Littérature contemporaine
Avis : Coup de poing/Coup de cœur
Quelle claque que ce premier roman ! Comment oser parler d’une telle souffrance, d’une telle ignominie, sans rendre le lecteur voyeur ou lâche ? C’est toute la valeur de ce premier roman écrit par un auteur qui n’imaginait sûrement pas l’impact de son livre !
Tout y est pour qu’il soit différent et unique : le « parlement » de celui qui n’a pas été à l’école, l’obscurantisme et la folie dégénérée des parents maltraitants et surtout la lumière, celle qui perdure même dans l’âme que l’on croit la plus perdue.
Duke découvre son nom alors qu’il est déjà grand mais jusqu’alors, il vivait comme un animal, avec des frères et sœurs aussi maltraités que lui. Aujourd’hui, il est en prison, il n’a pas pu échapper au Démon qui l’habite malgré sa conscience et la beauté d’une âme qu’il espère sauver en écrivant ce qu’il n’a jamais pu dire.
Donner envie de lire ce livre est un devoir, pour comprendre comment l’autre garde une part d’humanité même dans la plus noire des nuits. Comprendre ne veut jamais dire excuser, mais enlever à celui qui est jugé une part dont il n’est pas responsable. Ici la plaidoirie est convaincante, maîtrisée et humble.
Comment dire que ce livre a un chic fou alors que les mots et les maux ne sont qu’horreurs, que la lucidité d’un quasi analphabète illumine le récit, et que rien dans ce qui nous est raconté n’est beau ? Peut-être à cause de la sublime couverture ou de la belle écriture.
Dimitri Rouchon-Borie écrit des chroniques judiciaires, connaît l’Homme au travers des procès qu’il suit, il a de l’expérience. Mais ce roman montre qu’il est aussi un écrivain, celui qui écrit autre chose que des mots et qui sait dire l’impalpable.
Pour moi qui suis assez dure avec la forme, j’ai apprécié ces phrases sans virgules, juste des points (poings), essentielles pour baigner avec le personnage principal dans un monde d’horreur que l’on ne peut traverser qu’en apnées et brutales respirations.
J’ai adoré terminer l’année avec ce livre qui m’a confirmé que pour moi, un bon roman emporte dans un ailleurs inconnu et nous fait grandir. Et c’est à tout âge !
Je remercie la Fondation Orange avec Lecteurs.com et les Editions Le Tripode pour m’avoir offert ce grand moment qui couronne mon année littéraire 2022.
Un homme raconte sa terrible vie, il est en prison, il va mourir et il dit. Il dit son enfance brisée, son enfance violente, sa solitude. Il dit l’indicible.
« J’espère que vous saurez vous montrer miséricordieux ou quelque chose comme ça parce que j’ai un parlement qui est à moi et pendant tout ce temps ces mots c’était pas façon d’être moi et pas un autre. Et comme j’ai pas fait l’école longtemps à cause du père, du Démon, de la mère et des autres, il manque des cases dans mon entendement des choses. »
Ce roman est un coup de poing dans l’inventivité de la langue. Ce n’est pas une langue écrite, ce n’est pas une langue orale, c’est autre chose. C’est la langue d’un homme qui a appris son prénom très tard, d’un homme qui a découvert la vie extérieure à un âge où tous les enfants naviguent déjà dans le monde sans difficultés, d’un homme qui parle avec ses tripes, avec son cœur, qui tente d’expliquer ce qu’il ressent avec le peu de mots qu’il a à sa disposition.
C’est donc un roman qui dérange, qui déstabilise, et en même temps qui fascine. C’est violent, voire insoutenable, mais c’est aussi très imagé, parce que, lorsqu’on n’a pas les mots, on a les images…
Ce n’est pas artificiel, on sent derrière chaque mot l’authenticité du personnage, son innocence, et sa détresse, et en cela, ce roman est une réussite.
Cet homme n’a jamais reçu aucune affection de ses proches (si ce n’est celle de sa sœur), n’a jamais été éduqué, son enfance a été saccagée, et d’un enfant meurtri il deviendra un bourreau.
C’est noir et pourtant la lumière est au bout du tunnel !
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