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à l'occasion de la sortie de "La Beauté et l'Enfer" aux éditions Robert Laffont, la collection « Pavillons poche » réédite "Le Contraire de la mort" en édition bilingue. Ce livre réunit deux textes qui se dressent contre la violence des hommes en général et celle de la mafia en particulier. Le premier, « Le contraire de la mort », raconte le deuil d'une jeune fille de dix-sept ans, Maria, Orphée moderne au féminin, qui a vu partir son amoureux Enzo pour l'Afghanistan ? il voulait ainsi échapper à l'emprise de la camorra ?, dont il ne reviendra pas. L'autre récit, « La bague », fait le portrait de deux jeunes gens, Giuseppe et Vincenzo, qui, parce qu'ils ont choisi d'exercer un vrai métier et refusent de faire le jeu de la camorra, sont condamnés à la misère. Dans les deux cas, Roberto Saviano interroge la mémoire et le temps, la mort et l'amour. Il évoque la confusion des sentiments, la quête d'une identité. Son écriture très réaliste, capable aussi de passer à la dimension du mythe, émeut profondément.
Impossible d’oublier un livre comme "Gomorra" et le film qui en a été tiré. Depuis, Roberto Saviano, son auteur, vit sous protection policière mais les menaces dont il fait l’objet n’altèrent en rien son courage.
Dans ce petit livre, avec deux nouvelles, il met remarquablement en scène deux histoires qui pourraient être qualifiées d’ordinaires pour la région napolitaine, si elles n’étaient pas déchirantes.
"Retour de Kaboul" nous fait vivre avec Maria. Juste avant de l’épouser, Gaetano est tué en Afghanistan : « Maria est obsédée par l’Afghanistan. Une obsession qu’elle n’a pas choisie. Une névrose qui était en elle, tel un destin funeste. » Avec des mots simples, toujours au plus près de l’émotion et du quotidien, Roberto Saviano donne à comprendre et à partager la douleur, le terrible manque de cette fille d’à peine dix-huit ans…
Une fille du nord de l’Italie débarque pour assister à un mariage et l’auteur l’emmène sur sa Vespa jusqu’au village. Ainsi débute "La bague". Très vite, viennent des remarques qui font mouche : « Je n’ai jamais eu honte de l’endroit où j’ai grandi, mais parfois, à l’adolescence, on veut pouvoir choisir les lieux, les espaces, les moments à savourer et ceux qu’on refuse de vivre. »
Dans ce village, des gerbes de fleurs, des lumignons posés sur le sol, des plaques commémoratives rappellent des événements dramatiques : « Des partisans ? Elle ignorait qu’ici la Résistance n’avait quasiment pas existé, que la guerre avait été une interminable tuerie de civils… » Mais cette « résistance difficile à raconter, car elle ne se lève contre aucune milice, elle n’a aucune dictature à renverser. Une résistance qui ne consiste du reste pas à être contre, il suffit d’être en dehors pour tomber… »
Suit l’épisode de la bague, cette bague indispensable pour qu’une fille soit tranquille… Des années plus tard, cette femme devenue journaliste, revient et sort une photo. Elle montre deux jeunes, Giuseppe et Vincenzo qui ont été tués. Parce qu’ils étaient camorristes ? C’est bien plus terrible que cela et Roberto Saviano, simplement et avec une efficacité poignante raconte ce qui s’est passé.
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