"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
On les laisse patienter un bon moment, muets comme des ombres, dans cette cathédrale du Code pénal. Certains occupent leur hébétude sur l'écran de leur téléphone, d'autres s'intéressent à leurs chaussures.
Cour d'assises de Paris. Walid Z., un jeune de quartier parvenu par de brillantes études à se hisser jusque dans l'intimité de la bourgeoisie parisienne, risque la peine de mort par décapitation.
Que vient faire la guillotine dans ce décor si familier ?
Pendant trois jours, les témoins se succèdent à la barre. À mesure que s'esquisse le portrait d'un ambitieux et qu'on interroge sa culpabilité, se dévoile une autre France, parfaitement crédible, où l'extrême droite a pris le pouvoir. Implacable, ce roman choral se déploie comme la suite tragique de notre « roman national » - son ultime chapitre.
Lu dans le cadre du prix Horizon du 2e roman
Walid est jugé pour viol. Jeune homme issu de l'immigration qui a su se sortir de sa banlieue pour faire des études supérieures prestigieuse. Pendant son doctorat, il entame une relation amoureuses avec la fille de son directeur de thèse, famille française pur jus, difficile pour eux d'accepter que leur fille soit amoureuse d'un "arabe".
Walid est accusé d'avoir violé la mère de sa compagne, il est jugé en cour d'assise et risque de 25 ans à la peine de mort par décapitation par la guillotine.
Comment me direz-vous, la peine de mort? Oui, la France a élu son président d'extrême droite et a adopté des lois à l'avenant.
Dans un roman aux multiples visages, nous donne une image de ce que pourrait être la France sous une présidence d'extrême droite.
Je le conseille vivement à tous ceux qui seraient tentés de voter extrême droite!
Cour d'assises de PARIS. Le procès d'un jeune homme va s'ouvrir et à l'issue de trois jours d'audience, les jurés vont devoir décider de son sort. Walid Z. est accusé de viol. Issu de l'immigration, habitant des quartiers, il est parvenu à échapper à un destin écrit d'avance, à faire de brillantes études et à intégrer une prestigieuse école parisienne. Il est maintenant sur le point de tout perdre. Alors que l'auteur nous parle d'une époque où Facebook côtoie Whatsapp et Tinder, le Président de la Cour d'assises expose aux jurés qu'ils devront décider si la peine de mort doit être appliquée.
Pendant les trois jours du procès, pendant que s'esquisse le parcours de Walid jusqu'aux faits dont il est accusé, pendant que les témoins viennent décrire un jeune homme ambitieux mais tourmenté, Emmanuel FLESCH dévoile comment et pourquoi, à notre époque contemporaine, la guillotine occupe de nouveau l'espace judiciaire. Ce qui ne pouvait plus jamais arriver s'est finalement reproduit : l'extrême-droite est arrivée au pouvoir en France, et a appliqué son programme.
Insidieusement mais implacablement, la bête immonde a rampé et gangréné les moindres strates de l'Etat, et la majorité a laissé faire.
D'abord on a classé les immigrés en catégories, celles qui étaient tolérées et celles dont les membres devaient quitter la France. Puis on les parqués dans certains quartiers, avec des couvre-feus et des checkpoints. Et on a parachevé le tout en créant des citoyens de seconde zone, ceux qui ne pourraient pas justifier de trois grands-parents français.
Emmanuel FLESCH dévoile finalement comment, à l'aune de ces nouvelles règles, tout ce que pourrait dire Walid ou ses proches sera interprété contre lui. Parler de son enfance difficile et d'un père à la main leste, évoquer sa colère après sa circoncision, c'est tracer le portrait d'un gamin qui avait une revanche à prendre sur la vie, et qui a cherché à se venger. Disséquer son journal intime d'adolescent pour tout réinterpréter à la lumière des faits qui lui sont reprochés. Expliquer comment il s'est toujours senti "l'Arabe de service", même en ayant réussi; son sentiment d'imposture permanent. Et surtout son dégoût après la victoire de l'extrême-droite, alors qu'il pensait que la France cherchait seulement et encore à se faire peur.
L'auteur met en lumière la solitude de l'accusé, totalement impuissant à se défendre face au système implacable qui l'a condamné d'avance. Comment une relation sexuelle entre un jeune arabe tel que lui et une femme mariée issue de la bourgeoisie parisienne pourrait-elle avoir été consentie ? Qu'une femme comme elle ait pu se confondre avec un homme comme lui n'est pas concevable.
La solitude des jurés aussi - du moins encore certains d'entre eux - tirés au sort, sortis de leur routine quotidienne, pour participer à une Justice implacable qui reste prétendument rendue en leur nom, et les engage. Le poids qu'il devront porter.
Parce qu'il décrit une France très proche de nous dans le temps et ne donne aucunement dans la surenchère, le roman installe un paysage parfaitement envisageable et se referme avec un frisson le long de la colonne vertébrale, pendant que résonne son épigraphe : "Les plus grandes catastrophes s'annoncent souvent à petits pas" (Eric VUILLARD, L'Ordre du jour).
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2021/09/19/39141418.html
La quatrième de couverture nous annonce d'emblée que Walid Z. est jugé devant la Cour d'assises de Paris, et qu'il risque la guillotine. Là, forcément, on se dit qu'on va lire une histoire datant d'avant 1977. Puis on entre dans le roman en même temps que dans le palais de justice, sur les pas de Blaise, futur juré au procès. Et on comprend bientôt que Walid est accusé du viol de la mère de sa copine.
Oui mais... depuis quand un viol est-il passible de la peine de mort ? On poursuit donc la lecture avec un sourcil levé, et on découvre que, loin de se dérouler au siècle passé, le roman est tout à fait contemporain, et même carrément dystopique, projeté dans un futur assez proche pour nous sembler familier.
Le deuxième sourcil se lève alors : donc, la peine de mort a été restaurée en France et est désormais aussi applicable aux condamnés pour viol ?
Puis arrive l'explication : "le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle [...] la loi ajoute que le viol est puni de la peine de mort, lorsqu'il est commis par une personne agissant sous l'impulsion d'un racisme anti-français".
Mais qu'est-il donc arrivé à cette pauvre France ?
Une pandémie, qui a détruit l'économie et la solidarité.
Des élections présidentielles où, cette fois, l'extrême-droite a gagné.
Et donc, cette nouveauté dans le Code pénal : le racisme anti-français comme circonstance aggravante.
Si le roman est centré sur le déroulement du procès, les effets de manche et les passes d'armes entre l'accusation et la défense et les ambitions carriéristes des acteurs du procès, l'interrogatoire de l'accusé et des témoins mené par le Président de la Cour est prétexte aux flash-backs dans l'histoire de Walid, 26 ans, et au récit de l'enchaînement des causes et des effets ayant mené à la commission du crime présumé. le passé de l'accusé, son journal intime, ses déclarations, ses attitudes, ses silences, tout est décortiqué à la virgule près, jusqu'à l'absurde, on en deviendrait paranoïaque.
La tâche s'annonce ardue pour les jurés, qui devront d'abord décider s'il y a bien eu viol (avec la problématique du consentement), et ensuite, s'il était accompagné du fameux "racisme anti-français". Soit une décision autant déterminée par les faits objectifs et prouvés, que par la perception subjective des événements par chaque juré, qui risque bien, dans cette "nouvelle France", d'être influencé par ses convictions politiques – réelles ou opportunistes.
"Le coeur à l'échafaud" est un roman choral très bien construit et très bien écrit, fluide et captivant, encore plus quand on est juriste, me semble-t-il. Il n'en reste pas moins qu'il est d'autant plus glaçant que son hypothèse de départ n'apparaît pas/plus aussi surréaliste que cela. Un roman en forme d'avertissement ?
Voilà un livre qui m’a remué les tripes aussi bien par son intrigue que par le traitement que l’auteur en fait.
Terminé depuis plusieurs jours, j’ai eu besoin de digérer… Au moment où j’écris mon avis, l’amertume est toujours là, bien présente…
L’auteur dédie son livre à ses élèves et leurs enfants et l’accompagne d’une citation révélatrice de la trame qu’il va suivre : «Les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petits pas.» Éric V UILLARD , L’Ordre du jour
Emmanuel Flesch aborde des thèmes très actuels, comme l’exil, le déracinement, l’immigration, la perception de l’autre, mais surtout la peur de certains à ces autres. Un message politique fort, comme une sonnette d’alarme, car ce qui fait peur lorsque l’on commence cette lecture, c’est la réalité saisissante du sujet. C’est palpable, à nos portes avec une sensation vertigineuse, que la bascule n’est pas loin et c’est franchement flippant. Il a saisi tous les mal-êtres de notre société, mais surtout le jeu de certains politiques. Le fait d’être enseignant en Seine-Saint-Denis n’est certainement pas étranger à ce prisme, et cela donne encore plus d’encrage dans la réalité.
Une intrigue au goût bien trop réel sous ses airs dystopiques, au goût amer, mais dont la réalité est sur le pas de notre porte. Il suffit de peu et elle franchira le portail de notre réalité.
La plume de l’auteur est simple, sans fioritures, mais intense, avec un message sous-jacent. On pense s’y projeter mais au final on vit les mots et les phrases que l’auteur met au service de notre réflexion.
Une lecture d’une rare intensité, qui m’a bouleversé. Mes angoisses les plus profondes y ont trouvé un écho malsain.
288 pages d’une densité et épaisseur d’une excellente qualité, le tout servi par une plume directe, observatrice, de ce possible devenir, où chaque mot est minutieusement choisi.
On y arrive et pourtant, on doit tout faire pour l’éviter !
Lisez ce livre ! Il a un goût de déjà vu, sauf que les victimes sont différentes.
Trois jours d’un procès dans une France gouvernée par l’extrême droite. Un roman coup de poing qui fait froid dans le dos mais à lire absolument.
« Le cœur à l'échafaud » relate le procès devant la cour d'assises de Paris, de Walid Z, 26 ans, accusé de viol sur Claire K., la mère de sa petite amie Héloïse, et femme de son directeur de thèse Jean-Louis. Walid est issu d'un quartier populaire et a réussi à s'extraire de son milieu social en faisant de brillantes études : sciences po. A l'issu de son procès, il risque la peine de mort par décapitation. Dans ce récit d'anticipation, l'extrême droite a été élue au pouvoir et la peine de mort rétablie.
Le lecteur est plongé au cœur du procès de Walid, dont la vie, la personnalité et le parcours sont disséqués. L'auteur nous glisse dans l'esprit de plusieurs jurés d'assises : Blaise et Juliette, des avocats, du juge mais aussi des proches de Walid, sa famille et ses amis.
J'ai beaucoup aimé ce roman très bien construit. Une fois commencé, je ne l'ai plus lâché. La plume de l'auteur est fluide et très habile, il n'impose aucune vérité. Il expose les motifs et réactions de chacun sans jamais prendre parti pour un personnage. C'est une histoire passionnante qui dérange et fait réfléchir. Le récit est glaçant et fait froid dans le dos tant le scénario semble plausible.
Avec « Le cœur à l'échafaud » l'auteur tire un vrai signal d'alarme pour notre société.
Merci à Babelio et aux éditions Calmann Lévy pour cette découverte !
Dès les premières pages, ce roman plonge le lecteur en plein cœur du système judiciaire français. Le livre raconte le procès devant une Cour d'assises de Walid Z. Je ne vous donne pas les raisons de ce procès car ce n'est pas indiqué dans le résumé du roman et je ne veux pas vous gâcher la découverte. Le lecteur va ainsi assister à l'ensemble du procès, la sélection des jurés, les témoignages, les plaidoiries...
Il s'agit d'un roman choral, cela permet d'étoffer le roman en proposant divers points de vue sur le procès. L'auteur va donner la parole au juge, aux jurés, aux témoins, à l'accusé, aux avocats, tous les acteurs du procès ont leur moment dans le récit. Plusieurs points de vue sur le procès mais pas seulement car le lecteur va aussi découvrir le ressenti des protagonistes sur l'évolution de la société et la politique.
J'en viens donc tout naturellement à l'élément qui fait que ce roman sort vraiment de l'ordinaire. Un élément crucial car il dynamise clairement ce procès qui peut paraître au premier abord assez classique. L'accusé risque la guillotine, oui vous avez bien lu. On découvre assez rapidement que nous sommes en fait dans un futur proche, l'extrême droite s'est emparé du pouvoir et a chamboulé la société et les règles.
La grande force de ce roman est de ne pas sombrer dans quelque chose de complètement caricatural. J'avoue avoir eu un peu peur à la lecture du résumé, notamment à l'évocation de la guillotine j'ai franchement cru tomber dans une lecture un peu lourdingue avec beaucoup d'éléments exagérés. Heureusement, cet a priori est vite tombé. Tout est vraiment très crédible et d'ailleurs on découvre les évolutions sociétales pas à pas, au fur et à mesure de la mise en lumiète de l'histoire de l'accusé devant la Cour.
J'ai vraiment apprécié cette lecture. Il y a évidemment ce tour de force d'imaginer une évolution paraissant (malheureusement) crédible, bien que vraiment non souhaitable évidemment, de notre société et puis il y a le style d'écriture dynamique, moderne. La construction est classique mais vient rendre l'ensemble très fluide et retient le lecteur avide de découvrir le dénouement de ce récit.
On ne sort pas totalement indemne de cette lecture qui vient pointer du doigt des dérives d'une manière très intéressante. Alors, évidemment, on s'interroge, on réfléchit, on s'indigne et on ressort de ce roman assez retourné.
Un roman très malin qui met le doigt sur des problèmes sociétaux dans l'air du temps et qui donne une version peu reluisante du futur. Le lecteur s'interroge au fur et à mesure du récit alors que l'auteur lève petit à petit le voile sur l'affaire mais également sur ce que pourrait devenir la société française. Je recommande cette lecture très intéressante qui ne devrait pas vous laisser indifférent.
Ma note : 4,5/5
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/02/le-cur-lechafaud-demmanuel-flesch.html
Le roman s'ouvre sur le procès aux assises de Walid Z, un jeune arabe qui a grandi dans une cité près de Chalon-sur-Saône. L'accusé est un beau jeune homme qui a intégré Sciences Po par le biais de places réservées à la minorité issue de l'immigration. Après deux ans de préventive, il est jugé pour le viol de Claire, la mère de sa petite amie, il affirme qu'elle était consentante. L'auteur nous introduit dans le procès en suivant les pas d'un juré, Blaise. Très vite nous apprenons que le jeune homme encourt quinze ans de réclusion mais qu'en cas de circonstances aggravantes il risque la peine de mort par décapitation !
C'est ainsi que peu à peu au fil du récit nous découvrons que l'histoire se déroule dans un futur proche et que les dernières élections ont porté au pouvoir l'extrême-droite. Le Code pénal a été modifié, la peine capitale est rétablie, les sentiments anti-français sont sévèrement punis. Selon une nouvelle loi, les français se divisent désormais en deux catégories : les citoyens de souche (citoyens issus de trois grands-parents français) et les citoyens d'octroi qui ne peuvent prétendre à la citoyenneté de souche qu'après un parcours du combattant. Tous les fonctionnaires devant désormais porter un prénom français, Walid avait accepté la francisation de son prénom pour conserver son poste d'enseignant-chercheur. Alors que Walid est un "octroyé", Claire est une française de souche..."Un Arabe accusé de viol? Par une Française de souche? Une bourgeoise? Sa quasi-belle-mère? Pas le peine de savoir lire dans une boule de cristal. Un échafaud l'attend, à l'aube, dans une cour de prison."
L'histoire se déroule pendant les trois jours du procès au cours duquel le passé, le parcours et la personnalité de l'accusé sont passés au peigne fin. Les interactions entre le président et les avocats, les pensées de certains jurés sont finement observées. En nous plongeant au cœur de la machine judiciaire et d'un procès d'assises, l'auteur nous fait mesurer la complexité de la tâche des jurés qui doivent trancher sur la question du viol avec la problématique du consentement mais également trancher sur l'intention de l'accusé, a-t-il agi par racisme anti-français, par haine contre la France ?
Ce roman fait froid dans le dos car la France qu'imagine Emmanuel Flesch n'est hélas pas complètement irréaliste. Une France où les droits ne sont pas les mêmes pour tous, où la préférence nationale est la règle...
Une dystopie bien construite avec une petite dose d'humour lorsque l'auteur s'étend sur les problèmes de varices du président. Un sujet délicat traité avec finesse, le parti-pris de l'auteur n'étant jamais trop appuyé. Un roman en forme de mise en garde...
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