"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Du suspense, du sexe, de la mauvaise foi, des spaghetti alle vongole et quelques fantaisies maison : Liebig réincarné en San Antonio !
Lorna, très jolie fliquette, a sa méthode pour faire accoucher les suspects et les témoins. Elle donne de son corps. Son collègue Glossu a aussi sa méthode : la mandale. Tous deux se retrouvent à enquêter sur une très sale affaire au coeur du Vatican. Sous les plafonds ornés de la cité papale, le protocole va en prendre un coup : ça va secouer chez les mitres et le Grand Patron va être obligé de s'en mêler. Du suspense, de la mauvaise foi, des spaghetti alle vongole et quelques fantaisies maison. En tout cas, c'est prouvé maintenant : les anges ont un sexe et ils savent s'en servir.
" On croirait du San Antonio ", L'Osservatore Romano " Nous protestons ! ", L'Amicale des amis d'André Gide Auteur de l'incontournable Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle, Étienne Liebig a déjà exploré le domaine du pastiche avec Le Parfum de la chatte en noire, où il parodiait avec un grand talent de mimétisme et un profond sens de la dérision les meilleurs romans policiers, et les Contes de mémé lubrique, détournement des histoires de notre enfance. Il a par ailleurs publié des ouvrages très sérieux chez Michalon, d'humour chez J'ai lu, et même un livre pour enfants. Il collabore à l'émission Les Grandes Gueules sur RMC.
J'avais déjà découvert la plume d'Etienne Liebig il y a quelques temps au travers des contes de Mémé Lubrique. On peut dire que je n'avais pas été déçue des « améliorations » faites à ces contes pour enfants remaniés à la sauce coquine même si cela n'avait pas non plus été un coup de cœur sur le sujet.
Cette fois-ci, Etienne Liébig m'entraîne à la suite d'un duo de choc et de charme (chacun en ce qui le concerne) dans les méandres du Vatican. Le sujet est sensible et l'enquête semble complexe car un meurtre a eu lieu dans les archives secrètes de la capitale papale. Et la victime n'étant pas ce qu'elle semble être, Lorna Wajda et son coéquipier Pierre-Paul Glossu vont être amenés à fouiller un peu profond pour découvrir le fin mot de l'affaire.
Lorna est une fliquette de charme, qui n'hésite pas à donner du sien pour faire avancer les choses. Du coup, scènes de charme et scènes érotiques parsèment l'enquête. Elle a un sacré caractère aussi et un bon flair qui lui font penser que cette enquête cache autre chose. Lorna, c'est donc une inspectrice têtue et revancharde mais aussi une jeune femme gironde et gourmande que le commissariat envoie en Italie au sein des saints de l'église catholique.
Glossu est le type même du flic franchouillard, bon buveur, taillé comme un lutteur, au carré, et une descente que l'on n'aimerait franchement pas remonter à vélo. Pourtant ce flic un peu bas de plafond, mais opiniâtre est finalement moins con qu'il n'y paraît et cela va nous apporter quelques surprises agréables. Une fois que l'on aura fait abstraction de son parlé argotique.
Autant le scénario se pose bien et l'enquête est prenante autant j'ai eu un mal fou à m'acclimater au phrasé particulier de ce protagoniste. Heureusement, Lorna a pitié de ses interlocuteurs et des pauvres lecteurs peu habitués et dans un plus ampoulé nous ressort-elle régulièrement une traduction, moins imagée certes mais beaucoup plus compréhensible. Merci donc à Lorna de traduire Glossu et son sabir difficile à saisir.
Je vous rassure cependant, on s'habitue à tout et petit à petit on finit même par le comprendre sans traducteur notre Glossu lourdaud mais sympathique.
En fait, pour faire simple, et comme ça va forcément vous interpelez dès les premières pages, la première référence qui vienne en tête, c'est San-Antonio : la gouaille, le scénario en mode polar et coquin et surtout aux protagonistes pas à piquer des vers.
Ce roman possède ainsi ce qu'il faut de scénario policier pour allécher le fan et assez de scènes coquines pour lui donner quelques rougeurs. Mais sous couvert d'un polar un peu chaud, Étienne Liebig nous apporte en cela un bon roman finement réglé comme du papier à musique. L'enquête reste majoritairement sur le dessus du panier et les passages osés sont pour la plupart assumés et utiles à l'enquête.
En nous faisant pénétrer un lieu tel que le Vatican, avec pour raison un meurtre à élucider, Etienne Liébig ne va pas en donner une image de sainteté et de pureté cléricale, loin de là, et c'est la touche d'humour qui va finir de vous attirer dans ses filets à la suite de Lorna et Glossu.
Outre les petites occupations hors normes de certains des habitués du lieu, nous allons suivre une enquête pour meurtre dans l'un des lieux les plus fermés du Vatican lui-même, ses archives secrètes.
Une question persiste donc sur ce roman une fois la dernière page tournée.
De nombreux détails des intérieurs du Vatican même, des appartements papaux et de certains de leurs secrets apparaissent au fil de l'enquête et laissent préjuger d'une recherche en amont minutieuse et pointue.
Mais pour ce qui sont de certains textes mis en avant lors des découvertes de Lorna, j'ai eu quelques doutes. Par exemple, cette Bible coquine qui va lui permettre de titiller le jeune Federiko de façon éhontée et tout sauf sage ?? Doit-on y espérer un des premiers pornos ecclésiastiques ou simplement un effet de particulièrement bien placé de l'auteur ? Vous vous doutez tout comme moi de la réponse et j'avoue que je serais la première surprise si j'avais tort.
De la même façon, la mécréante que je suis s'est régalée de l'interprétation toute personnelle de certains passages bibliques par Glossu. Pour lui, il s'agit là du premier livre de cul de l'histoire si l'on suit sa façon de le lire.
Un vrai plaisir donc que de suivre les aventures Vaticane de Lorna et Glossu et je précise tout de même que malgré quelques scènes olé-olé, l'enquête prime jusqu'au bout et nous apporte une lumière surprenante sur ce lieu mystérieux.
Étienne Liebig nous offre ici un roman policier érotique qui ferait sans nul doute frémir le Vatican et ses fidèles. Meurtres, sexe, dépravation, tout est mis d'ailleurs pour cette réaction. Le genre qui plaira aux amateurs et qui déplaira aux puritains.
L'auteur nous mène avec brio dans cet univers à la fois sacré et détourné, passant d'un langage familier, limite vulgaire à un langage plein de respect, châtié, à la limite du trop plein cependant pour chacun. On se dirait dans l'exagération, les clichés remis au goût du jour.
L'ennui s'installe dans la lecture. La sexualité est vite remballée, même pas le temps d'être troublé par les mots. Le suspens cependant est là jusqu'au bout et l'histoire tient la route.
Pourquoi également parler d'un rapprochement avec la série française de polar San Antonio, créée par Frédéric Dard si ce n'est pour attirer un grand nombre de lecteurs au moins par curiosité. Mais tout lecteur n'a pas forcément lu un San Antonio et la comparaison est peut-être un peu exagérée, sinon un clin d’œil quand à l'illustration de couverture qui n'est pas sans rappeler ce qui a fait le succès des San Antonio entre enquêtes, suspens et créatures plantureuses à souhait. Serait-ce ici une sorte de parodie, de la dérision en comparaison ?
Le coup de cœur n'est donc pas là. On laissera tout de même planer sur cette œuvre la considération d'un talent d'écriture car Liébig jongle avec les mots, avec le langage ; il ose. Plane aussi les idées, les clichés, tout ce qui reste dans l'ombre, les non-dits, les histoires qui parfois se révèlent au grand jour et qui soulignent parfaitement le fait que tout n'est pas toujours tout blanc ou tout noir. Rien n'est totalement acquis que ce soit de l'ordre du religieux ou de la sexualité, limites ou pas, on peut parfois avoir bien des surprises.
Etienne Liebig est un auteur dont je n'ai pas soupé -désolé, il fallait que je la fasse sinon, elle m'aurait pollué toute la rédaction de ma recension- et dont j'ai déjà lu et commenté Les contes de mémé lubrique eux-mêmes parus à La musardine. Après le conte, le voici dans le polar et le moins que je puisse dire c'est que ça lui réussit bien. Alors, évidemment, la première référence qui vienne en tête, c'est San-Antonio. J'imagine que c'est assumé, mais de toutes façons Frédéric Dard a tellement marqué le genre qu'à chaque fois qu'un romancier voudra écrire un polar avec de l'argot, des personnages hauts en couleurs et du sexe, il en passera sûrement par là. Maintenant qu'elle est évacuée, passons au roman lui-même. Lorna est belle, intelligente efficace et pas avare de ses charmes, mais bon, pas avec n'importe qui quand même... quoique... Imaginez-la au Vatican dans ce lieu où les femmes ne sont pas les plus représentées, très portée sur la chose surtout lorsqu'elle rencontre des hommes auxquels cette chose est normalement interdite. Ah, l'interdit ! Que ne ferait un ecclésiastique -ou un autre- pour le braver, surtout lorsqu'il prend la jolie tournure et les jolies cambrures de Lorna ! Elle va mettre le feu aux caleçons des prêtres et au sein de la cité papale. Adjoignez-lui un flic un peu bas de plafond, mais opiniâtre et finalement moins con qu'il n'y paraît et le pape lui-même devra faire une apparition contrainte -et chaste- dans cette histoire.
Un pur bonheur que de lire les aventures de Lorna et Pierre-Paul. Drôles, enlevées, peu vêtues -mais je rassure les plus puritains d'entre vous, enfin ceux qui n'ont pas encore fui ce blog, il n'y en a pas à toutes les pages, l'enquête prime. Dialogues savoureux -merci Lorna de traduire Glossu, difficile de saisir son sabir-, enquête flirtant avec le mystique -je ne suis pas fan de ce genre, mais si c'est Lorna, je veux bien- menée jusqu'au bout de main de maîtresse si je puis m'exprimer ainsi, scènes chaudes, ... Comment ? Vous voudriez passer à côté ? Mais pourquoi diable ? Etienne Liebig m'a même redonné l'envie de relire San-Antonio.
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