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C' est le grand coup de coeur de mon confinement. Dès la deuxième page ma gorge se noue, l’émotion m’étreint me submerge, Pierre est malade, un cancer. Pour rompre leurs rites de déjeuner semi hebdomadaire à Paris à la recherche de l’objet fou et obsédant Franck Maubert l’auteur de « Avec Bacon », et du « Dernier modèle » nous emmène à nouveau dans sa voiture, pour un voyage le long des côtes de l’Ouest en arrière saison. Il s’élance en solitaire à la poursuite de l’éternel infini .
Comme un prélude au deuil. Fuir le Ressac du spleen, une saison comme Rimbaud les semelles de vent et la poésie qui estampille tout sur son passage, avec pour seul témoin la mer, capricieuse, et pas si silencieuse. La mer un personnage à part entière. entre les pages sensibles et délicates, les plages au coeur de l’hiver propagent les émotions et nous giflent c’est le vent d’hiver. Dans son périple, Franck Maubert rencontre des autochtones bigarés, qui auraient pu s’échapper du « Petit prince ». Ils gravitent, antilopes au milieu de ces monuments historiques, immortels, châteaux... qu’il peint, décrit et, essaime délicieusement sa géographie historique, artistique et littéraire, l’irrigue de citations. C’est un récit passionnant et éblouissant au milieu de la brume: Une hôtesse décrite en modèle Russ Meyer me fait sourire en lisant. Toujours cet humour. Nous sommes en Janvier dans le Nord, Boulogne, une femme ravagée, abîmée par le départ de son mari égraine désormais son temps devant une machine à sous, et boit comme « le buveur lugubre ». On tourne la page et les vallées peintes par Nicolas de Staël apparaissent comme une réminiscence. Février aux Roches Noires un appel téléphonique ravive le souvenir de Duras omniprésente. Il esquisse la Normandie de Sagan, Baudelaire, et Monet.
A Biscarosse, il accoste le mythe de Sisyphe, illustré par cet homme qui construit chaque jour un nouveau château englouti par les flots. Un allumeur de réverbère. En Mars, Pierre est encore plus affaibli. En Avril la Côte Basque où repose Paul-Jean Toulet. A saint Jean-de-Luz c’est moi qui pense à mon amie, ma Jany Marin partit trop vite, elle qui me manque tant. L’écriture est iodée, délicate, gracieuse, bercée par ce vague à l’âme, larmes au goût de sel, et toute la nostalgie de l’écume qui caresse ses mots vertigineux. Volent des corbeaux blancs. L’encre marine encore humide est vibrante. Ce récit est une invitation au voyage. Paru en plein confinement il m’a fait voyager de mon appartement, et m’a tellement touchée. Pierre s’en est allé, il est parti. La couverture illustrée par Pierre Le Tan séduit comme un chant de sirène, un appel à le lire très vite!!!!
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