Les jeunes enfants ne vivent pas au pays des Bisounours mais dans le même monde que nous : un monde où l'on peut être en colère, où l'on manifeste pour défendre ses droits, un monde où les adultes prennent l'apéro, font (parfois) la fête et sont (souvent) épuisés, un monde où les gens peuvent être tatoués et avoir les cheveux roses, où de mystérieux collages parsèment les murs de la ville, où l'on peut dîner d'une pizza vautrés sur un canapé, où les formes d'amour, de famille et de parentalité sont diverses.
C'est ce monde réel que l'on découvre au fil des pages de cet « imagier de la vraie vie », où se conjuguent la finesse, l'humour et le mordant des textes d'Émilie Chazerand et la beauté des illustrations d'Anna Wanda Gogusey.
L'imagier de la ville brûle est un imagier pas comme les autres, garanti sans doudou ni bavoir, mais fourmillant de détails tendres et cocasses. Il laisse la rumeur du monde pénétrer dans les chambres d'enfants afin qu'ensemble nous puissions échanger sur le monde dans lequel nous vivons toutes et tous.
C'est un imagier atypique et singulier que nous proposent Emilie Chazerand et Anna Wanda Gogusey. Il s'adresse à tous, enfant comme adulte (j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire).
De la conception à la mort, les deux femmes proposent une définition des événements, des moments, des sentiments, des rencontres, des lieux et des choses qui jalonnent notre vie. Parfois les doubles-pages se répondent ou s'opposent.
J'ai aimé le ton clairement engagé. Les auteures utilisent l'écriture inclusive. Le contenu, sans aucune lourdeur, n’est jamais moralisateur et aborde des concepts tels que l'altérité, la tolérance, le consentement. Elles mettent en avant les différences, le vivre ensemble, la solidarité et les luttes contre les discriminations.
Le texte se veut poétique (le sourire est défini comme le soleil du visage), mais aussi drôle et mordant (le smartphone remplace le cerveau des adultes) et doux (la maison est un nid de gens). J'ai beaucoup apprécié les propos positifs sans pour autant être naïfs : par exemple la vieillesse est considéré comme un gain d'expérience. Les illustrations d'Anne Wanda Gogusey, colorées et lumineuses, représentent à merveille la diversité, la liberté et la bienveillance.
Le petit format carré de l'album permet une prise en main facile pour le jeune enfant qui pourra le contempler et le manipuler à sa guise.
« L'imagier » favorise la compréhension du monde qui nous entoure avec beaucoup de justesse et d'originalité.
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