"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au départ de ce beau roman, écrit dans la langue même de la mélancolie, mais corrigée par le sens de l'absurde, il y a une voix qui apostrophe le sosie de l'auteur, M. Milianoff : « On se connaît depuis longtemps. Vous fréquentiez le café-hôtel de La Bélugue. Ma mère vous réservait toujours sa meilleure chambre ». La voix, c'est celle de Silvio, gardien d'un camping au bord de la mer en Camargue, entre ses caravanes vides et ses bungalows clos, un rêveur, un doux perdu, l'un de ces personnages hésitants que l'auteur affectionne. Silvio n'a pas connu son père et croit le retrouver en Milianoff. Mais sommes-nous certains de nos désirs de fils ? Commence alors une enquête sentimentale qui nous mène à la fois dans le passé, sur une plage venteuse de Camargue, décor d'un hôtel au charme fragile, mais aussi au présent des protagonistes retrouvés. Ressuscitent les figures d'un passé englouti, comme submergé par les inondations qui finiront par l'emporter : la mère de Silvio, belle femme de 38 ans à la solitude tendre, Johnny Wood, vrai-faux guitariste à l'accent de l'Alabama mais en fait un plus banal fils de famille du Languedoc au coeur volage, le Yachtman, un skipper à terre qui attend indéfiniment qu'on répare le gouvernail de son voilier et sirote son vin blanc, et Silvio bien sûr, enfermé dans sa chambre à écouter de la musique, si peu réaliste qu'il deviendra le gardien des ruines.
J'ai une tendresse toute particulière pour les livres de Jean-Pierre Milovanoff et pour son talent à raconter de vraies histoires dans lesquelles la nostalgie et le regret sont des constantes incontournables. Il sait, comme à nul autre pareil, laisser courir les mots sur le papier où leur beauté se suffit presque à elle-même, pour le plaisir égoïste du lecteur.
A chaque nouvelle parution, de cet auteur, je me réjouis car je sais que je serai comblée émotionnellement et intellectuellement.
Pari tenu avec "L'amour est un fleuve de Sibérie" ! Mais d'où sort-il tous ces détails qui donnent à l'ensemble une ambiance si palpable et frissonnante?
J'aimerais me permettre une dernière remarque au sujet du style, de cette façon si magnifique qu'a Jean Pierre Milovanoff d'assembler les mots, d'aligner les phrases, d'emboiter les paragraphes et d'enchainer les chapitres. Sa langue est belle et porteuse de tellement de sensibilité, qu'à chaque fois, je ne peux m'empêcher de lire quelques passages, pour moi toute seule, à haute voix, rien que pour le plaisir de les entendre sonner.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !