"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nous sommes en France, l'eau est montée et il n'y aura pas de décrue. Face à ce nouveau phénomène, beaucoup de populations sont déplacées et survivent comme elles peuvent sur les terres émergées ou apprennent «à flotter». Les grandes villes, comme les grands pôles industriels, sont, quant à eux, systématiquement entourés de digues et soumis à des normes sanitaires.Face à l'insalubrité potentielle de ces modes de vie «hors des digues» et au danger qu'ils représentent, les autorités invitent ces populations à venir rejoindre au plus vite les centres d'hébergement d'urgence construits à la chaîne, sous peine de perdre certains de leurs droits citoyens.Une famille, qui a vu son habitat noyé par la montée des eaux, refuse d'obéir à l'injonction gouvernementale. Ils vivent sur une maison flottante. Jeanne, la mère, préfère cette liberté. Jeanne a deux fils, Hans et Groza, et un chien médium. Groza, un ancien CRS, traumatisé par son passé, ne parle plus que par onomatopées et a développé l'étrange manie de vouloir régler tous les problèmes. Hans vit une séparation douloureuse avec la mère de sa fille Vinee. Ils cherchent un lieu émergé où ils pourront vivre en paix, et sont prêts à lutter contre la nature déchaînée mais aussi contre les hommes, capables des pires bassesses pour survivre à ce monde en mutation.Un récit d'anticipation aux préoccupations très actuelles et personnelles, dont les deux tomes nous mènent dans des Pays de la Loire noyés par la montée des eaux.
La couverture de cette BD nous invite à l’admiration d’un paysage d’eau et de montagnes baigné par une coucher de soleil. Sur l’eau, un petit bateau sur lequel on devine deux êtres humains et un chien. Après ces couleurs orangées, en ouvrant la BD, on découvre d’autres paysages avec d’autres lumières. La nuit sombre précède la lumière du Pôle. Ensuite, un quartier très urbain. Un volcan en éruption dans la nuit. et là, on rentre dans rapidement dans la vie d’un homme. De grands dessins sur lesquels s’éparpillent des phrases. Il s’agit d’un monologue, une voix off. Celle du chien. Personnage étrange, réincarné ? Peut-être. Il nous guide – à sa manière – dans la vie de Hans et Groza, deux frères qui veulent trouver un endroit pour vivre dans ce nouveau monde.
La France de la BD a connu la montée des eaux. Alors les populations se sont déplacées, les lieux ont été endommagés et marqués par l’arrivée de l’eau et sa présence. Il n’y a pas de décrue. Les Hommes doivent vivre ainsi, sur ce monde d’eau. Mais ils ne peuvent pas voguer là où le courant pourrait les emporter. L’Etat veut les rassembler. Hans et Groza cherchent un lieu émergé et leur mère, Jeannes reste sur la maison flottante.
Quand Benjamin Flao s’immerge dans l’histoire de ses personnages, il appuie sur les traits, les caractéristiques et les sensations des lieux, des visages. Ainsi Groza a un visage sur lequel on voit surtout les yeux et cette énorme barbe. Sa bouche disparaît. Il s’exprime seulement par ses onomatopées. Les personnalités prennent corps et l’histoire de cette BD prend appui sur tous ces personnages très identifiés et incarnés. Parfois, l’auteur s’en éloigne pour proposer des paysages somptueux. On prend du recul face à la fiction et on y replonge ensuite rapidement.
En croquant des personnages si présents, Benjamin Flao peut travailler son rythme. Le fil rouge est la recherche menée par les deux frères. Mais sur l’eau, ce road movie ne peut pas vraiment accélérer. L’eau est capricieuse. On sent un monde qui a changé de règle et de temporalité. La rencontre entre les êtres révèle des surprises. IL peut y avoir de la chaleur, de l’amitié tout comme de l’incompréhension, de la peur et de la violence. Ce sont ces chocs qui apportent du dynamisme à l’histoire.
Qu'elle est belle cette couverture... Chaude, puissante.
J'ai mis plusieurs mois avant de commencer cet album (erreur). Par contre, bizarrement, il revenait toujours sur le haut de ma pile à lire, bien en évidence sur mon étagère. J'étais fasciné par ce paysage lumineux. Et assuré de trouver du plaisir à la lecture. Et ça s'est confirmé.
L'histoire s'appuie sur un contexte de déréglement climatique, dont on s'évertue plus à traiter les conséquences que les causes. La mer grignote sur les terres. Et accroît les inégalités sociales.
C'est vraiment bien senti, ça fait réfléchir.
Les trognes des personnages sont fantastiques, la palme à la grand-mère Jeanne qui sent le baroud et la joie de vivre.
On s'attache facilement, on a du mal à se détacher.
Vite, la suite ?
Voilà un album bien étrange qui m’a envouté du début à la fin… je n’avais pas envie que ça s’arrête et je suis déjà impatient d’avoir la suite en mains…
Un monde futuriste mais proche… l’eau a monté, la crue a tout balayé ou presque… les populations se sont déplacées, essayant de s’adapter tant bien que mal, surveillées par un état policier qui surfe sur les peurs… voilà qui résonne n’est-ce pas ?!
Hans et Groza sont frères, accompagnés de leur chien ils cherchent un lieu sûr pour installer leur mère Jeannes… 2 personnages forts aussi différents que peuvent l’être Astérix et Obélix ou George et Lennie, 2 personnages attachants et un chien étrange… ses réflexions viennent illuminer de pleines pages absolument magnifiques.
Graphiquement j’ai pensé à Baudoin et à Cosey aussi, c’est diversifié, parfois crayonné brut, parfois plus profond (cette couv !!)… c’est beau et expressif ! C’est aussi très bien écrit, la langue est belle, poétique et ça, ça fait du bien !
Au final, voilà un album essentiel de ce début d’année, une histoire puissante et des personnages qu’on a envie de suivre… moi je suis, et toi ?
La montée des eaux est inexorable. La population est parquée dans de grands territoires entourés de digues. Ceux qui vivent encore en dehors de ces zones s'adaptent en se déplaçant mais l'état cherche à les obliger à rejoindre des "centres d’hébergements". Hans et Groza, deux frères, préfèrent, quant à eux, se déplacer et s'adapter en vivant au milieu de la nature. Accompagnés d'un mystérieux chien bleu, ils recherchent un lieu "hors digues" où ils pourraient vivre en paix avec leur mère...
Il y a des auteurs qui vous marquent d'une manière ou d'une autre et Benjamin Flao en fait partie. Je l'ai découvert les yeux émerveillés avec le magnifique "Kililana song" puis dans "Essence" et enfin dans "Mauvais garçons". Son univers graphique me transporte inexorablement ailleurs à chaque lecture. Pour ce diptyque l'auteur nous plonge dans un futur qui nous semble si proche. Cette dystopie nous parle d'écologie, de montée des eaux, de pressions politiques et surtout de privation des droits fondamentaux qui entourent cette situation.
Une lecture engagée donc, mais pas seulement, une lecture avant tout humaine, belle, avec une grande poésie dans sa manière de construire le scénario. Comme toujours, l'auteur nous régale en jouant avec son graphisme. Il alterne entre de magnifiques tableaux poétiques et des bulles où se construit son histoire. Un nouveau coup de cœur en ce début d'année qui me réserve de bien belles surprises.
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