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C'est une histoire vraie que la poe´sie de´compose. Un livre du nord. Un livre d'amour. L'histoire d'une poe`te anthropologue que´be´coise qui parcourt l'Europe a` la recherche des lumie`res casse´es et de sa place dans le monde. Elle y vit un hiver noir, un hiver blanc, un printemps blanc, un printemps noir. Elle y tombe amoureuse trois fois, y compris d'un homme entre la vie et la mort qui perd la me´moire. Au fond des eaux des lacs noirs ou` elle se baigne dans ces pays de fjords et de fleuves - la Finlande, le Monte´ne´gro, l'Albanie - l'accompagne la voix de sa grand-me`re, qui remonte d'un sie`cle de perse´ve´rance. Une voix de re´confort, une voix qui enseigne l'art de tricoter les mots et de ne pas perdre les couleurs.
Que, du noir et du blanc, sorte le feu sous les lumie`res polaires.
« Lac noir », ses fécondités glacées, échappées du temps.
Ici, les forces purifiées par le froid, les couleurs pâles, les marches-aubes et les arrêts somment l’émancipation d’un paysage intérieur.
« Il ne voit pas comment obscure j’attrape / son poème avec ma main gelée / même si on n’a pas assez de jours pour éclore. »
« La trame prend le billet à la gare file loin
des eaux stagnantes inspire la lueur. »
Les latitudes et les coordonnées, relier l’espace à la considération de l’instant.
Les points communs des silences inachevés dans l’intensité des sensations.
L’enracinement de l’écriture : « Il nous veille ce soleil ancré / deux fentes sur le lac s’ouvrent on traverse / et les couleurs tombent du ciel. »
Quête de l’autre, le tu et le il, voix pâle et boréale, il est dit qu’ici, c’est la magie d’un lac noir qui sort de son sommeil.
Tout est dans l’ordonnance, dans l’instant-même de l’aiguille arrêtée en plein nord.
Écrire pour encenser le jour de pleine vie.
« Tu bouges tu cours tu vis vivant partout autour / dans toutes les étendues je te trouve partout / mais où es-tu. »
« Je dis à ma grand-mère que je veux une tempête / rouge des jours d’oiseaux et toute la couleur / qui survit avant la neige. »
Rassembler l’épars de sa propre mémoire. Déambuler dans un hiver noir, un hiver blanc, un printemps blanc, un printemps noir.
Roseline Lambert est au cœur même des traductions intimes. Sa grand-mère, voix et regard, l’amour comme une écharpe autour du cou dont les couleurs changeront et apaisent d’emblée le givre des nostalgies.
Elle est dans cette posture de lumière et de couleur. Ici, rayonne l’acuité vivifiante. Une poète en quête. Relier l’hémisphère des pensées entre les fjords et les fleuves, les interpellations, les pays boucles spéculatives, qui de La Finlande, le Monténégro, l’Albanie, Le Québec …, sucre dans sa poche pour apaiser la faim et stimuler la vie.
Les armoires du Nord et les trésors enfouis, les vastes couleurs raisonnables.
L’Anthropologue si proche de l’humain et de ses palpitations vitales.
Lire à voix haute cette poésie polaire.
Solstice et étreinte, les battements d’elle (ailes), les correspondances hivernales entre l’ombre et la lumière, les présences humaines et les ombres sur un lac noir .
L’étymologie du vivant.
La transmission, à l’instar de l’étoile polaire, Roseline Lambert collecte la neige et les traces, le recueillement des paysages, le feu des couleurs signifiantes, la généalogie qui dévoile l’invisible dans le visible. La poésie souveraine et altière comme un don qui ne fond pas entre nos mains.
Publié par les majeures Éditions La Peuplade.
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