La nuit du 31 décembre, tout près des lumières de Broadway, mais à des années-lumière du confort et des richesses du quartier, huit adolescents vadrouillent dans les rues. La narratrice, Maybe, décrit la survie du groupe au jour le jour.
Le froid, le vent, la neige et les abris toujours plus sordides.
La faim permanente, dans une ville dont les poubelles regorgent de pizzas à peine entamées.
L'angoisse qui ne les quitte plus depuis l'agression ou l'humiliation qu'ils ont subies de la part des adultes (souvent des parents à la dérive eux aussi).
La peur des pervers qui rôdent la nuit.
La drogue, qui permet de tout oublier en un éclair, mais dont le manque les laisse hagards.
Et pour finir, la mort. Tomorrow sera retrouvée étranglée, et Rainbow se suicidera...
Bien sûr, quelques adultes tentent de sortir ces jeunes de là. Mais ces bénévoles qui tentent le tout pour le tout essuient de nombreux échecs : ainsi Maybe s'enfuit après une nuit passée au chaud dans un foyer ; elle préfère la "liberté" de la rue aux contraintes collectives, aux "règles débiles"... En revanche, un homme à force de patience parviendra à sauver Maybe et Tears.
"La rue n'est pas la liberté, c'est la mort", nous dit l'auteur de cet ouvrage, un certain "Mort-on Rhue"...
Voilà ma brève note à son égard à l'époque où je l'ai lu :
" C'est un livre que j'ai vraiment adoré, une fois dedans, on ne peut plus s'en défaire. Pour faire réfléchir sur notre société, et prendre conscience de choses que l'on ne voit pas vraiment, que l'on nous cache, que l'on ne veut pas nous faire voir, ou que l'on ne veut tout simplement pas voir. "
C'est vrai qu'avec du recul, j'ai un peu de mal à me souvenir de cette lecture. C'est un livre que j'avais trouvé fort, dur, à l'image de son titre. J'ai trouvé que le sujet, sérieux, d'enfants de la rue, mêlés à toutes sortes de problèmes et de divagations, est traité avec un réalisme assez fort et une très grande dureté. Néanmoins, il est accessible à tous et n'est pas réellement choquant.
Il permet par ailleurs de se poser de grandes questions et de remettre en cause sa propre existence. Chose que j'ai faite tout au long de ma lecture. Les questions du bonheur, du plaisir, des désirs et des besoins se bousculaient dans ma tête, et naviguaient entre d'autres concepts comme ceux des amis, de la famille, de la richesse et de la pauvreté. Il est très intéressant dans la mesure où toutes ces questions peuvent émerger dans un esprit d'adolescent et pas forcément dans celui d'un adulte. C'est pour cela que j'ai trouvé ce livre particulièrement réussi. Dans la mesure où n'importe qui peut le lire, où le public n'est pas défini directement, et que chacun peut se poser des questions et se faire sa propre opinion. Ce livre est une énorme prise de conscience de la société dans laquelle on vit, une prise de conscience de tout ce qui est sous nos yeux et que l'on ignore ou que l'on se cache pourtant. C'est une très belle œuvre.
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