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En supplément au rêve de d'Alembert.
À travers les Monts Noirs d'une Russie en tempête, un train brise-glace convoie des ornithologues vers une réserve où doit se tenir un symposium d'ornithologie. Parmi les voyageurs, un spécialiste des oiseaux migrateurs et sa jeune collaboratrice attirent la curiosité d'un mystérieux français. Bien que sachant le russe, ce témoin singulier le dissimule à ceux qu'il espionne, s'appropriant ce qui s'avouera devant lui au cours de cette rude traversée ainsi que pendant son séjour dans la Réserve.
Au centre de cette Réserve: le Planétarium - reproduction miniature du cosmos. Son ciel aux constellations artificielles permet d'abuser les fauvettes prisonnières et d'observer les pulsions d'envol qui les entraînent depuis vers Israël...
Alors que se développent des séries de dialogues entre les scientifiques participant à ce symposium, le narrateur français, omniprésent et muet, sera le lecteur d'une prolifération de récits entrecroisés ainsi que des interrogations que se posent ceux qui - comme jadis dans Le Rêve de D'Alembert - s'efforcent aujourd'hui encore de trouver un sens au non-sens du monde.
Voici un roman qui sort de l'ordinaire.
Faisant voler en éclats le cours narratif linéaire du roman traditionnel, l'auteur choisit une structure polyphonique dans laquelle le personnage narrateur, intradiégétique dirait Genette, quasiment immobile dans un espace clos, isolé, fantastique (les Monts Noirs), et dans un temps défini a priori (le temps d'un étrange symposium d'ornithologues), se trouve être le récepteur-réceptacle muet des fragments narratifs que lui livrent une demi-douzaine de protagonistes d'une histoire qu'ils ont vécue ensemble totalement ou par intermittences.
Le lecteur est invité à reconstituer ainsi peu à peu la linéarité du récit par la mise en relation des éléments que chacun lui confie tour à tour dans un désordre apparent, avec, inévitablement puisque chacun ignore ce que l'autre a révélé, des redites, des contradictions, des omissions, voire des mensonges.
A l'étrangeté de ce roman à plusieurs voix, dont le procédé rappelle Jacques le Fataliste (les références à Diderot étant d'ailleurs récurrentes ici) s'ajoute celle de la circularité thématique, exprimée par une incessante mise en parallèle des migrations régulières des oiseaux avec les voyages obsessionnels sur le thème de la fatalité du retour que racontent les personnages: itinéraires géographiques de la Pologne à Israël, d'Israël à la Russie; itinéraires historiques des pogroms de Pologne au massacre des Palestiniens; itinéraires passionnels par les retrouvailles répétées des uns et des autres dans des cercles fermés dont le centre est Fauvette, la femme du roman, en divers lieux du globes...
Retrouver son chemin au travers de ce kaléidoscope n'est pas chose aisée. L'aventure ici est à la fois dans le texte et dans le cours de la lecture. Le lecteur est contraint de construire l'histoire, de lui donner un sens. C'est un défi que j'ai eu un plaisir immense à relever.
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