Les sept derniers titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Le roman noir sur l'épuration.
Une robe bleu roi roulée sous des branchages. Plus loin, une jeune femme sauvagement tondue gît sous un arbre.
Dans cette forêt du Vercors, Marie Valette a été violée et assassinée. Elle avait 24 ans.
Ce 10 septembre 1944, Georges Duroy, commissaire de police près le délégué général à l'épuration, et Judith Ashton, jeune photographe de guerre américaine, se trouvent sur la scène de crime.
En cette journée caniculaire, tous deux s'interrogent. Qui a pu s'en prendre si violemment à la fille d'une famille de résistants ?
Jeunes héros sortis de l'ombre, coupable idéal et villageois endeuillés s'affrontent dans les cendres encore fumantes de la Libération. Car au sortir de cinq années de guerre, ce sont les silences et les règlements de comptes qui résonnent sur les flancs arides des montagnes.
Avec force et intensité, François Médéline interroge la complexité des hommes et de leurs combats.
Les sept derniers titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Le jury, enthousiaste et passionné, a choisi 21 romans français
La sacrifiée du Vercors est un polar historique sombre de l'après guerre sur une période de l'épuration, esprit surchauffé, résistants cherchant a se venger et responsable de crime odieux. L'auteur cherche ici a interroger sur la représentation final de la figure des héros. Une fiction avec quelques inspiration réelle bien mené, une enquête difficile à mener pour le protagoniste au vu du contexte.
Avec l'épilogue nous découvrons plus sur le commissaire Duroy et sa famille.
En terminant ce livre on n'en ressort pas indemne, nous sommes tenu en haleine, l'atmosphère est particulière, pesante, cinématographique. On découvre des contradictions, l'esprits de ses femmes et de ses hommes à cette époque, justice aveugle et crimes parfois impunis.
"Après le froissement des tôles et le silence, le souffle de l’explosion remonte les déclivités de calcaire plus vite que les flammes. L’écho est assourdissant. Le bruit se lève comme une boule de billard entre ses bandes. Il cogne la pierre et s’éteint trois secondes après, dans le ciel. "
"Duroy remercie d'un mouvement de menton et tire une taffe sur sa cigarette. Il a acheté dix paquets de Raleigh au marché noir. Les dockers ont dû les voler à La Ciotat, mais il aime bien le tabac blond. Il trouve les cigarettes US meilleures que les Gauloises Caporal empaquetées dans du papier kraft. "
Un roman noir sur l’épuration, où Histoire et fiction sont intimement mêlées, tel peut être défini La sacrifiée du Vercors de François Médéline.
L’idée est originale de situer ce polar dans le Vercors, haut-lieu de la résistance française, juste à la fin de la guerre, après cet été 44 qui a ensanglanté le massif et ce, pendant la période de l’épuration.
L’histoire se déroule sur la seule journée du 10 septembre 1944 et commence par une découverte macabre dans une clairière, celle d’une jeune femme sauvagement tondue et violée. Il s’agit de Marie Valette, 24 ans, institutrice à Grenoble, fille et sœur de résistants, son frère André ayant été tué d’une balle dans la nuque par la milice.
Le commissaire Duroy, délégué général à l’épuration vient d’arriver à St Martin-en-Vercors. Il est là pour rencontrer Choranche, lieutenant-colonel FFI pour une signature car il doit récupérer une prisonnière, Sarah Ehrlich et la transférer à Lyon. Il remet sa mission en question à l’annonce de cette nouvelle et se rend sur les lieux de l’assassinat aussitôt. Sur les lieux du crime se trouve Judith Ashton, jeune photographe et correspondante de guerre américaine pour Life qui elle, a suivi les gendarmes.
La question va être de savoir qui a pu s’en prendre d’une façon aussi violente à la fille d’une famille de résistants ?
Sur le plateau, à cette date, les maquisards ne sont plus là, ne restent que des villageois endeuillés et quelques FFI très jeunes qui, rapidement vont trouver un coupable idéal en la personne d’un Italien Simeone Fucilla.
Sous une chaleur accablante Georges Duroy et Judith Ashton vont tenter d’y voir clair, mais il est difficile, au sortir de cinq années de guerre, et après cet été au cours duquel plus de 600 combattants pour la libération du Vercors et plus de 200 civils sont morts de soupçonner des résistants, véritables héros.
Il faut à la fois enquêter sur la vie de cette jeune femme, sur celle de cet Italien soupçonné, mais aussi sur ces jeunes qui semblent intouchables et qu’il est très difficile de mettre en cause.
On sent que Duroy n’apprécie guère ce droit que se donnent ces justiciers en tondant les femmes et cela renforce son désir de trouver qui a commis ce crime.
Ce roman pose aussi la question de savoir comment, dans cette période spéciale, la justice, peut faire son travail correctement ?
François Médéline réussit à dresser un portrait réaliste de ces hommes et de ces femmes avec leurs contradictions, leurs traumatismes, leur complexité, leurs motivations pas toujours nobles, de ces êtres pris dans la tourmente à une période où les cicatrices sont loin d’être refermées et où c’est l’heure des règlements de compte, de la chasse aux collabos et le temps de la rancœur.
J’ai particulièrement été marquée par cette haine vis-à-vis de l’Autre, en l’occurrence, ce réfugié Italien et tétanisée par cette chasse à l’homme puis ce lynchage initiés par les jeunes FFI soutenus par les villageois. La haine vis-à-vis des communistes est également présente même si elle l’est à moindre mesure.
La vision de mêmes événements racontée par des témoins différents est, je trouve, une initiative intéressante.
C’est un récit qui soulève beaucoup d’émotions et qui ne peut laisser impassible. J’ai aimé la rencontre entre ces deux êtres qui ont peu de temps pour se connaître et l’évolution de leur relation.
Impossible de reposer le bouquin avant de l’avoir fini tant j’ai été tenue en haleine par ce polar historique, un récit fictif certes, mais dont l’intrigue se situe dans un cadre historique bien réel et qui en restitue particulièrement bien l’atmosphère.
À noter que les titres de chapitre sont empruntés à des poèmes célèbres de résistants, pour exemple, le premier « Alors commença l’épreuve », à Fragments 128 de René Char.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
La guerre, ses règlements de compte, les secrets de famille….font un terreau fertile à un livre noir.
Qui a tué Marie Valette, dont la famille a résisté à l’ennemi ? un roman aride, sec. Une belle écriture, même si je n’ai pas réussi à complètement rentrer dans l’histoire.
La sacrifiée du Vercors de François Médeline
Une sublime photographie en noir et blanc, d'une jeune femme souriante coiffée époque des années 40 illustre la première page de couverture de ce livre La sacrifiée du Vercors de François Médeline.
Ce titre La sacrifiée du Vercors m'a attiré, lorsque la première fois je l'ai vu dans un rayonnage d'une librairie. Et voici que par le fait d'avoir complété mon profil sur lecteurs.com qu'un bon matin, en ouvrant l'enveloppe arrivée à l'entête d'orange je le découvre, merci à vous . La quatrième page de couverture, donne le ton : roman noir sur l'épuration. En dessous on lit : « une robe bleu roi roulée sous des branchages. Plus loin, une jeune femme sauvagement tondue gît sous un arbre. » Dans cette forêt du Vercors, Marie Valette 24 ans, a été violée puis assassinée. Nous sommes le 10 septembre 1944 Georges Duroy, commissaire délégué à l'épuration et Judith Ashton jeune photographe de guerre américaine se retrouvent sur les lieux du crime et tous les deux s'interrogent. Qui a pu s'en prendre à Marie Valette, institutrice à Grenoble, fille d'une famille de résistants. » Au sortir de ces cinq années de guerre, des jeunes héros et sortis de l'ombre s'affrontent en justice expéditive et règlements de compte.
J'aime beaucoup ces livres qui retracent les parcours de maquisards qui tous, comme le démontrent l'auteur ne furent pas des héros, loin s'en faut.
François Médeline en troisième page de ce livre nous informe que celui-ci est une œuvre de fiction, dans un cadre historique avec des personnages inventés ou purement fictifs et qu'il a pris de la liberté sur les choses, les lieux , le temps et les gens. Ce premier avertissement aurait m'avertir. Mais les chapitres de ce livre est empruntés à des poèmes célèbres de résistants répertoriés page 193 m'a donné l'envie d'en savoir un peu plus. Pourquoi Marie Valette a été tondue, violée et assassinée ? Pour être honnête avec vous, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce livre après avoir lu les premières 60 à 70 pages de ce roman. Peut-être est-ce le style de l'écriture mais un moment j'ai pensé que je n'allais pas aller plus loin. Mais contrairement à mes habitudes, quand un livre me tombe des mains, je ne le relève pas j'ai poursuivi cette lecture qui venait de changeait non pas de style, mais de rythme, lorsque les FFI partent en chasse sur un coupable tout désigné de nationalité Italienne réfugié avec bon nombre de ses coreligionnaires sur ce plateau.
Un nouveau signal, se met en place dans mon cerveau, dans l'interprétation de la scène de crime et la présentation des gendarmes qui une fois encore sont les benêts de service, merci François et les caricatures d'un officier à cheval, maniant son sabre, sans oublier un commissaire de police lui aussi bien servi si je peux dire par François Médeline. Mais revenons à notre histoire qui je le rappelle est pourquoi et comment Marie Valette a été assassinée. Rappelez-vous le commissaire Duroy, dont la mission principale est celle d'interpeller et de ramener seul, la baronne Erlich est arrivé sur les lieux avec la photographe de Guerre Ashton qui aura un rôle crucial dans ce livre. La traque est lancée,
l'auteur tout désigné est aux mains des maquisards qui le maltraite et veulent le pendre. Mais me direz-vous que fait la police, ou les gendarmes ? Je veux bien que l'auteur nous présente une justice expéditive, ils sont bien les seuls autorités habilités à ? Leur passivité pour le moins fait bondir le lecteur que je suis. Je ne suis pas le seul, car voici que Duroy et Ashton contre toutes ce déchaînement de violence se révoltent. C'est alors qu'intervient le grand chef des FFI dont je vous ai parlé tout à l'heure l'officier au sabre ! Je ne vous dévoilerai pas l'auteur de ces faits, mais vous n'aurez aucun mal à l'identifier si vous êtes un tant soit peu attentionné dans cette histoire qui paraît quand même cousue de fil blanc. Nonobstant tout cela, je suis allé jusqu'au bout de ces 194 pages.
Le constat est sévère, je n'ai pas aimé le style d'écriture, les caricatures des personnages, notamment ceux des gendarmes ou de l'officier au sabre, les expressions imagées de l'auteur, dont je n'ai pas décryptés les subtilités de langage, mais surtout les approximations et les certitudes affichées, combattues par la connaissance historique des faits. Je citerai seulement l'attaque du plateau du Vercors par les troupes Allemandes. Ce qui paraît étonnant d'imprécision, lorsque l'auteur en fin de ce livre donne la chronologie des faits de l'histoire du maquis du Vercors et qu'en page 185 nous aurons des précisions sur authenticité des personnages croisés dans ce récit : Georges Duroy a bien transféré la baronne Erlich, Il a fini sa vie en 1995. Judith Ashton a 103 ans. Roger Bazin dit Bornand a été directeur du SDECE . Le lieutenant-colonel FFI a reçu d'importantes distinctions, alors que l'auteur de ce le livre le présente sous un autre jour, peu glorieux. Je pense que plus de 70 ans plus tard, les archives peuvent être une très bonne source pour évoquer cette période de notre histoire et même le roman noir de l'épuration. D'autres auteurs l'on fait avec beaucoup plus de rigueur sans être historien. Je citerai les livres de Romain Scolombe et l'inspecteur Sadorski . Pour moi, ce livre La sacrifiée du Vercors de François Médeline navigue entre le polar et l'histoire, mais il ne m'a absolument pas convaincu, dans ces deux domaines. Mais ce n'est juste que mon avis. Bien à vous.
Voilà que François Médéline nous ramène soixante-quinze ans plus tôt, à la fin de la seconde guerre mondiale, dans des villages encore en état de choc, ou personne n'a eu le temps de faire le deuil de ses morts, où les projets d'avenirs ne sont encore que des projections irréelles, les ruines encore fumantes sous les impacts des obus, les soldats, les résistants, les civils, encore mentalement en pleine guerre, la paix peine à renaître.
Certains n'ont visiblement pas vu suffisamment de corps violentés en cette fin de guerre, la violence s'est visiblement creusée une place dans le quotidien de chacun, qu'elle n'est pas prête de quitter. le cadavre d'une institutrice de 24 ans est retrouvé, violé, égorgée, rasé. Plus la moindre trace d'allemand dans le coin, il faut bien trouver quels drames ont bien pu se nouer derrière tous ces combats. Et si les allemands sont partis, c'est donc qu'il va falloir enquêter sur ces français, qui ont déjà bien eu leur lot de souffrance. Ce très court roman policier se place dans un contexte particulier puisqu'il ne s'agit plus de traquer le voisin germain envahisseur, mais un assassin qui pourrait être bien un des leurs. Et il y a ces italiens, tout aussi dignes d'être soupçonnés puisqu'ils sont étrangers, qui deviennent bien vite suspects. En ce temps-là, on ne règle pas encore ses comptes devant les instances juridiques de son pays, qu'elles soient à Nuremberg ou à Lyon. On peut craindre le pire.
Le temps de s'imprégner de la temporalité, une fin de guerre, un pays chamboulé et totalement mis à sac, des personnages – un commissaire de police Georges Duroy, une photographe américaine Judith Ashton, des soldats de la FFI, les habitants – en gros une période troublée, c'est une enquête, certes rapide, mais très prenante qui nous attend. D'autant qu'elle touche une famille de résistants, qui a déjà dû concéder leur fils ainé à la guerre. La situation est sensible, et si Duroy arrive dans le Vercors pour une tout autre affaire, c'est sur une corde raide qu'il va devoir marcher pour enquêter sans trop piétiner les susceptibilités très affutées et irritabilités très vives des gens du coin, d'autant qu'il n'est pas sur son territoire. Outre le conflit entre autorités civiles et militaires, qui perdure le long du roman et qui démontre d'une France qui a du mal à reprendre cours, c'est aussi la défiance envers ces étrangers, pour le coup, ces « macaronis » transalpins, qui forcément endossent la culpabilité éventuelle. Parce que la dernière chose dont on ait envie et besoin, c'est d'une guerre fratricide.
Duroy et Ashton campe un bon duo d'enquêteurs, qui m'ont fait penser à celui des Petits Meurtres d'Agatha Christie pour celles et ceux qui connaissent en l'occurrence, Alice Avril et Swan Laurence, jeunesse et maturité, témérité et sagesse, extravagance et introversion, dont on aurait volontiers prolongé les aventures un peu plus loin encore. Mais l'auteur en a décidé autrement. Il explique en toute dernière partie, que si le dénouement est fictif, l'intrigue ne l'est pas et certaines figures encore moins. Georges Duroy, Judith Ashton, Bornan ou Roger Bazin, Choranche, Marie Valette, la victime elle-même. Je vous laisse découvrir par vous-même le lien que François Médéline, l'auteur lui-même, entretient avec l'un d'entre eux.
Même si l'enquête n'a rien de complexe, on s'emballe facilement pour cette quête de la vérité, d'autant qu'elle touche une jeune femme, institutrice, de bonne famille, et sans scandale. Et que l'on réalise précisément avec la venue de Duroy qui secoue ce petit entre-soi à quel point la guerre a pu avoir des retentissements invisibles, sur chacun d'entre eux, et dévastateurs, en créant et amplifiant une haine de l'étranger quasiment incontrôlable, si elle est tout du moins explicable. C'est une colère qui continue de brûler, inextinguible, d'ailleurs rien que le mot « épuration », même si dans le principe renvoie à la punition des collaborateurs les plus assidus, revêt tout de même de drôles de relents. Et il y a une bonne touche de mystère, quant au devenir du meurtrier – je me permets de vous révéler qu'il sera effectivement découvert, à vous la charge, si la curiosité vous en dit, d'en découvrir son identité et son motif – l'auteur brode sur une incertitude qui laisse, ma foi, à cet épisode comme un dernier gout de mystère.
La sacrifiée du Vercors renvoie à une fin de guerre pas glorieuse pour la France, entre lynchages et racisme, même si elle a eu l'honneur de compter un bon nombre de résistants qui se sont sacrifiés au nom de la liberté nationale. Marie Valette a été sacrifiée comme tant d'autres femmes ont eu le crane rasée par un ultime mouvement de haine, de vengeance et de lâcheté, il s'entend, évidemment qu'en ce qui concerne les français, aucun d'entre eux n'a eu la mauvaise idée de frétiller avec une femme allemande, c'est évident. Quoi qu'il en soit, c'est un roman, historique et policier, très efficace, sans aucune longueur, que j'ai lu quasiment d'une traite, merci les Editions 10/18.
Je ne vous en avais pas encore parlé car je souhaitais vous en réserver la surprise et la primeur : depuis très peu de temps, j’ai rejoint le groupe « 20 Minutes Books » qui comprend des lecteurs passionnés partageant leurs dernières lectures grâce au site Internet de 20 minutes, sous la forme originale d’une chronique en 2 minutes. Pour ceux qui ne connaissent pas, 20 minutes est un quotidien d’information générale, fondé en 1999 et distribué gratuitement en Espagne, en France et en Suisse.
Comme vous pourrez le constater en visitant le site, les chroniques ont un format tout à fait particulier. J’ai donc rédigé ma chronique sous cette dite forme.
Ma citation préférée du livre :
Evidemment, que la mémoire est une aubaine pour l’histoire mais, pour les hommes, c’est juste une saloperie.
La chance n’est qu’une consolation inventée par les naïfs.
Pourquoi ce livre ?
Parce que mêler la grande Histoire (avec une majuscule) au roman noir n’est pas chose courante. Même s’il s’agit d’une oeuvre de fiction, comme spécifiée dans la préface, la lecture jusqu’à la fin de ce bouquin apportera une saisissement émotionnel.
Parce que le Vercors est une région souvent omise dans la littérature et plus particulièrement dans la littérature noire. De nationalité belge et grandement en manque de voyage, c’était l’occasion de découvrir une région encore sauvage et farouche.
Parce que l’accroche du roman noir sur l’épuration a le don de questionner le potentiel lecteur. A part quelques exceptions, la plupart des livres de littérature noire se déroulent à l’époque contemporaine.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Une jeune femme est découverte violée et sauvagement assassinée dans la forêt des contreforts du Vercors. Qui pouvait bien en vouloir à cette fille issue d’une famille de résistants?
Les personnages. Georges Duroy, commissaire de police auprès du délégué général à l’épuration et Judith Ashton, photographe-reporter de guerre américaine.
Les lieux. Saint-Martin-en-Vercors et les forêts du Vercors.
L’époque. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, début septembre 1944, durant une journée caniculaire.
L’auteur. François Médéline (pseudonyme) est romancier et scénariste. Alternant d’abord avec une carrière de collaborateur politique jusqu’en 2017, il publie son premier livre en 2012 aux Editions de La Manufacture de Livres, sous le titre « La politique du tumulte », largement inspirée de l’Affaire Christian Ranucci et de l’Affaire Baudis-Allègre. Trouvant l’inspiration dans des faits réels, « La sacrifiée du Vercors » est son cinquième roman.
Ce livre a été lu avec une envie de visiter le Vercors, de parcourir ses paysages sauvages mais aussi de lire d’autres livres consacrés à cette période nébuleuse au sortir de la guerre qu’est celle de l’épuration.
J'ai retrouvé avec bonheur la plume de François Médéline, découverte il y a quelques mois avec son thriller sombre et furieux L'Ange rouge. Des mots qui claquent, secs, des phrases courtes, cinglantes qui composent un texte nerveux à la Ellroy, presque épileptique. Ce style très singulier est renforcé par un parti pris de narration toute en focalisation externe. Avec cette écriture behavioriste clairement assumée, jamais on ne rentre dans la tête des personnages, les phrases décomposent les gestes et actions, comme la caméra dans un western. Il faut quelques pages pour s'y habituer, après on aime ou on déteste ce type de procédé... pour ma part, j'ai trouvé que cela enrichissait le suspense et j'ai lu d'une traite.
J'applaudis le style, mais je reste malheureusement sur ma faim à cause d'un décalage entre mes attentes, visiblement disproportionnées, et la proposition de François Médéline. Pas tant concernant l'enquête en elle-même, bien que très basique et aisée à élucider. Mais par rapport à toute l'arrière-plan historique : Marie Valette, jeune institutrice, fille d'une famille de résistants patentés, a été retrouvée assassinée dans la forêt du Vercors, violée et tondue, le 10 septembre 1944.
Unité de temps, le récit se déroule sur cette seule journée d. Passionnant contexte, peu évoqué en littérature, que cette courte période de quelques mois qui court de la Libération du pays jusqu'à la restauration d'un régime politique démocratique par le biais du GPRF ( Gouvernement provisoire de la République française ) dirigé par le général De Gaulle, quelques semaines de désordre où les héros, ici adolescents mal dégrossis des FFI, dépassés par les événements, dispose d'un pouvoir éphémère sur de micro-territoires. La vengeance pousse en attendant l'installation des tribunaux d'épuration, entre lynchages et exactions.
L'auteur va à l'essentiel en restituant toute la confusion de cette période, les ressentiments, la nervosité qui saisit les habitants de la région martyre du Vercors, l'assaut donné par la Wehrmacht aidée de la Milice française est encore frais, plus de 600 résistants tués, des civils massacrés notamment à Vassieux et La-Chapelle. Les plaies sont béantes dans cet fin d'été caniculaire. Les esprits s'échauffent.
Mais il m'a sans doute manqué au moins le double de pages pour que la fin de cette lecture ne m'emplisse pas de frustration. J'avais envie d'autre chose que de lire cul sec, j'avais envie de perspectives ouvertes plutôt que de resserrer l'intrigue. L'épuration méritait d'être bien plus décrite pour approfondir la juste réflexion initiée en interrogeant sur l'héroïsme : la vérité doit-elle l'emporter, quitte à écorner des mythes ? Comment concilier justice et mémoire des martyrs ?
A noter une superbe idée, chaque titre de chapitre provient d'un poème écrit par un résistant, parmi eux : « Des imbéciles font justice de nos rêves » ( Maurice Hervent ), « Avec des parfums de vanille, de terre mouillée et de sang » ( Robert Desnos ), « Avec toute la vie derrière eux » ( René Guy Cadou )
François Médéline place son roman noir en 1944. C'est la fin de la guerre mais c'est aussi une période de l'histoire mouvementée et plutôt sombre sur fond de règlements de compte et "d'épuration". Le lecteur est invité à suivre le commissaire Duroy qui est chargé par le délégué général de l'épuration d'aller récupérer la baronne Erlich dans le fin fond du Vercors. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu et le commissaire Duroy va se retrouver à enquêter sur le meurtre d'une jeune femme. Au cours de son enquête, il fera également la connaissance d'une journaliste américaine.
Dans l'ensemble, j'ai plutôt apprécié cette lecture notamment en raison de plusieurs points forts. Le premier, c'est l'originalité. Je n'avais effectivement encore jamais lu un roman policier se déroulant pendant cette période si particulière. L'ambiance tendue et sombre est particulièrement bien dépeinte par l'auteur et on est plongé dedans dès les premières lignes. Le deuxième point fort, ce sont les personnages qui sont très charismatiques. On en découvre un peu plus sur chacun au fil de l'histoire et il était encore possible de creuser encore ce que n'a pas permis ce format condensé d'à peine 200 pages. En même temps, cela permet de maintenir une sorte d'aura mystérieuse qui va particulièrement bien au personnage principal.
Mon principal regret est surtout lié à l'enquête. L'auteur a particulièrement bien travaillé l'ambiance, les personnages, mais l'histoire m'a paru nettement en retrait. J'aurai aimé quelque chose d'un peu plus fouillé, un peu plus complexe parce que j'ai quand même eu un peu l'impression que cette enquête n'amenait finalement pas grand chose au récit ce qui est assez dommageable pour un roman policier. C'est d'autant plus dommageable que pour moi, si l'enquête tenait la route, c'était quasiment un sans faute. Après, l'auteur évite au moins de partir dans tous les sens et de gâcher l'ambiance avec une histoire peu crédible, disons qu'il y a un juste milieu à trouver.
Au-delà de ce point qui m'a un peu déçu, l'ensemble reste quand même très intéressant à découvrir et cela n'enlève rien à cette ambiance soignée qui permet une immersion dans cette période (même si le mot est un peu fort je le reconnais). Il y a un vrai talent de l'auteur, un style très intéressant.
Je recommande donc quand même ce roman malgré l'enquête un peu en dessous du reste. Si vous êtes amateur d'enquêtes complexes, passez votre chemin, si par contre vous appréciez les ambiances soignées, les personnages charismatiques et que vous souhaitez découvrir une période rarement abordée (enfin il y a sûrement beaucoup d'autres romans sur cette période mais je n'en avais encore jamais lu) alors vous pouvez vous procurer ce roman. Il se lit vite en raison de sa petite taille et c'est justement ce qui est un peu frustrant, je me suis dit que quelques pages supplémentaires n'étaient pas de trop pour avoir une enquête un peu plus complexe et découvrir encore un peu plus ces personnages. Après, peut-être que l'auteur souhaite faire du commissaire Duroy un personnage récurrent d'une série, à suivre...
Lecture dans le cadre du prix France bleu - L'histoire en polar 2021, merci pour leur confiance !
Ma note : 3,5/5
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