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Coup de cœur !
En ces temps troublés, je ne peux que conseiller cette bd très bien documentée qui raconte avec beaucoup d’émotion et de pédagogie la rafle qui, il y a 40 ans, décimait la colonie pour enfants juifs d’Izieu.
1942 Izieu petite commune de l’Ain une colonie havre de paix pour 44 enfants.
1944 après dénociation Klaus Barbie apprend que les enfants réfugiés sont juifs et ordonne la rafle par la Gestapo.
Pascal Besson offre ici émouvant travail de mémoire mais il présente le sujet sous un angle différent que le triste fait historique. Il évoque l’impact de cette rafle et ses conséquences sur tous ceux qui ont partagé le quotidien de la colonie entremêlant le temps des événements, de l’enquête menée par un gendarme (pour essayer de comprendre comment la Wehrmacht est arrivée jusqu’à cette colonie) et le temps du procès de Klaus Barbie.
Le code couleur utilisé par Giulio Salvadori permet au lecteur de se situer par rapport à ces différents temps.
A conseiller assurément.
Le 6 avril 1944, un détachement de la Wehrmacht mené par la Gestapo arrête les 45 enfants de la colonie d’Izieu et les sept adultes présents sur les lieux. Seul un enfant et un adulte survivront à cette rafle et ses suites…
Après "Simone Veil et ses sœurs et "Beate et Serge Klarsfeld, un combat contre l'oubli" (La Boîte à Bulles, 2023 et 2020), Pascal Bresson poursuit son travail autour de la mémoire en racontant la rafle d'Izieu. En partant de l'enquête menée par la gendarmerie locale pour tenter de comprendre ce qui a mené les allemands à cette colonie d'enfants juifs, il emmène le lecteur dans un récit polar et distille les allers-retours entre le passé, les témoignages, le temps du procès de Klaus Barbie et le présent...
Ce récit très bien mené est dessiné par Giulio Salvadori qui réalise ici sa première bande dessinée. Un challenge difficile qu'il relève grâce à une visite sur place et des apports documentaires indispensables (voir dossier photo final). Son dessin semi-réaliste met à distance sans jamais refuser l'émotion, omniprésente...
Cet album rend un bel hommage à ces 44 enfants juifs et leurs éducateurs. Il est aussi un atout accessible à la jeunesse pour renforcer la mémoire en racontant, expliquant. Le 6 avril 2024, cela fera 80 ans, une semaine de commémoration et de transmission autour de la culture a lieu à Izieu dans cette maison devenue lieu de mémoire et d'éducation.
Miron et Sabine Zlatin créent, officiellement, en mai 1943, à Izieu, en Savoie, une colonie qui accueillent des enfants juifs de toute l'Europe, de 4 à 17 ans; elle se trouve en zone d'occupation italienne où les Juifs n'étaient pas inquiétés mais tout change le 9 septembre 1943 quand les Italiens se retirent et sont remplacés par les Allemands. Le jeudi 6 avril 1944, à 8h30, 44 enfants et 7 adultes sont raflés (seul Léon Reifman, venu rendre visite à sa famille pourra fuir) et envoyés à la prison de Montluc, d'où 34 d'entre eux et 4 éducateurs seront déportés à Drancy et de là, à Auschwitz le 13 avril; les autres enfants et les adultes partiront par des convois ultérieurs; ils seront tous exterminés sauf une éducatrice, Léa Feldblum, qui survivra aux expériences médicales. Sabine était absente, à Montpellier, car consciente du danger, elle essayait de trouver des solutions pour trouver un point de chute sûr aux enfants de la colonie. Elle en avait déjà placé 61, dont une seule sera arrêtée et déportée.
A la fin de la guerre, Sabine portera plainte pour que soit ouverte une enquête car elle est persuadée qu'un collabo a conduit les allemands à la colonie, qui bien qu'officielle, était perdue dans la nature, à plus de quatre heures de Lyon. De forts soupçons ont pesé sur un réfugié lorrain mais rien n'a pu être prouvé. Sabine se battra, également, pour racheter la maison d'Izieu et en faire un un lieu de mémoire; elle sera inaugurée le 24 avril 1994 par François Mitterrand.
Cette BD poignante, qui sort 3 jours avant les commémorations du 80ème anniversaire de la rafle d'Izieu est un hommage vibrant aux enfants juifs qui ont été exterminés et à leurs éducateurs et c'est une pierre importante à l'édifice mémoriel. La rafle en elle-même n'est que rapidement évoquée; les auteurs se concentrent sur les témoins (maire, gendarme, institutrice, voisins, témoins...) à jamais marqués par ce drame puis sur le destin tragique des enfants et de leurs éducateurs. Ils alternent 1944 et 1987, l'année où Klaus Barbie, qui avait ordonné, entre autres, cette rafle , est jugé aux Assises à Lyon et où la France commence à entendre parler d'Izieu; y témoignent Sabine Zlatin, Julien, ouvrier agricole qui a vu un français avec les Allemands pendant la rafle, l'institutrice, Léon Reifman et Lea Feldblum face à un Klaus Barbie, indifférent et narquois.
C'est la deuxième BD que je lis de Pascal Bresson après "Simone Veil et ses sœurs; Les inséparables". Le dessinateur est différent mais on retrouve le même respect pour le courage, pour la souffrance, pour la dignité, toute l'empathie et le besoin, à travers leur art, de rendre justice. Le graphisme est sobre, soigné. L'ouvrage se termine avec un dossier photos qui rappelle, de façon émouvante, que les enfants ne sont pas des personnages de BD mais étaient des êtres humains, massacrés par la barbarie. Ils étaient joyeux comme les enfants de leur âge.
Certains moments sont déchirants : lorsque Suzanne Reifman qui aurait pu se trouver dans les kommandos de travail, rejoint son fils qui l'appelle et on les voit partir tous les deux aux fours crématoires, lorsque la mère de Samuel Pintel le répudie et lui dit de donner la main à une inconnue française pour qu'il échappe à la rafle ou lorsque Léa Feldblum qui a de faux papiers français, n'en profite pas et se déclare juive pour rester avec les enfants.
La BD est un medium qui touche un large public de tout âge; espérons que celle-ci remplira son rôle de passeur de mémoire. Sa lecture pourra être utilement complétée, entre autres, par celle des Mémoires de Sabine Zlatin, "La dame d'Izieu" et par "L'Enfant d'Izieu" de Samuel Pintel dont il est question à la fin de la BD et qui avait quitté la colonie quelques mois avant la rafle.
#LaRafledIzieuBD #NetGalleyFrance
Une BD en hommage aux enfants d’Izieu. En commémoration aussi car la BD sort le 3 avril 2024, 80 ans après le drame.
Première page : un paysage bucolique, apaisant, des vignes et des collines, Izieu, près de Chambéry.
Pages suivantes : des soldats allemands brutalisent deux hommes et embarquent avec une violence inouïe, 44 enfants et 7 adultes de la colonie d’Izieu. Une maison d’accueil pour les enfants juifs, de 4 à 17 ans, où jusque là, ils étaient en sécurité.
C’était sans compter le gouvernement de Vichy, « Depuis l’été 1942, la France de Vichy livre les juifs de la zone sud aux nazis et obtient même des allemands l’autorisation de déporter les enfants juifs, jusqu’alors exclus des convois. », sans compter la fin de l’occupation italienne qui laisse le champ libre aux allemands, et sans compter Klaus Barbie…
« Le 13 avril 1944, 34 premiers enfants et 4 de leurs éducateurs sont déportés de Drancy vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n°74. Les enfants ne parlaient pas, ne criaient pas. Ils étaient murés dans le silence. »
Grâce au dessin, la souffrance et la sidération des enfants sont perceptibles et particulièrement émouvantes. L’arrivée au camp de concentration, où les enfants sont arrachés à leurs éducateurs pour être conduits dans les chambres à gaz, est même difficile à supporter tant elle est réaliste.
Aucun enfant ne survivra.
Les auteurs alternent avec beaucoup de fluidité, le présent et « l’après ».
Léa Feldblum accompagnera les enfants jusqu’au bout. C’est la seule rescapée d’Auschwitz. Elle raconte leur parcours inéluctable vers la mort, l’impuissance des adultes. Son récit simple nous prend aux tripes.
En 1987, Quatre témoins seront présents au procès de Klaus Barbie défendu par Serge Klarsfeld : Léa Feldblum, Gabrielle Perrier, l’institutrice, absente lors de la rafle, Léon Reifman, qui a échappé aux Allemands, Sabine Zlatin, la créatrice et directrice de la maison d’accueil. Elle avait pourtant bien mesuré le risque d’arrestation, recherchait une solution plus préservée. Trop tard…
Lors de ce procès, Ils n’obtiennent aucune réponse, rien que le mépris à la question : pourquoi les enfants ? Comment peut-on s’attaquer à des innocents ? Plus de 40 ans plus tard, c’est toujours la même incompréhension des témoins rescapés face au responsable sourd, aveugle et dépourvu d’humanité.
« Lyon, palais de justice, 17 mai 1987.
Nous étions une petite colonie heureuse et ne demandant qu’à le rester.
Puis un jour, des êtres qui n’étaient pas des hommes sont venus nous éclabousser d’une tâche de sang. »
Une BD passionnante, car elle interroge la barbarie et souligne aussi la réaction des proches de la colonie, tous ceux, qui pour des raisons affectives ou humanitaires, y étaient attachés.
Qui a dénoncé les enfants juifs d’Izieu ? Comment peut-on rester insensible à la souffrance d’enfants et les mener sciemment vers la mort ?
Comment se débarrasser de la culpabilité d’être vivant alors que ses élèves sont tous morts ?
Des émotions qui nous touchent.
Le graphisme accompagne parfaitement le récit : alternance de scènes douces et apaisantes dans la campagne, et celles du cauchemar des enfants. Couleurs claires et plus sombres. Éclairage sur les expressions tout en restant juste et retenu.
Impossible de ne pas être touchée par cette BD parfaitement maîtrisée, en hommage aux innocents.
A lire et à faire lire, pour ne pas oublier.
Merci à Netgalley et aux éditions La boite à bulle
https://commelaplume.blogspot.com/
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