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« A la maison, comme largent courait toujours plus vite que nous, quand un film arrivait à la Compagnie et que mon père le trouvait à son goût juste daprès le nom de lactrice ou de lacteur principal on réunissait une à une les pièces de monnaie pour atteindre le prix du billet et on menvoyait le voir.
Ensuite, en revenant du cinéma, je devais le raconter à la famille, réunie au grand complet au milieu de la salle à manger. » María Margarita a dix ans quand on découvre quelle a un talent tout particulier pour raconter les films : détails, mimiques, costumes, la petite sait si bien y faire quelle devient très vite une star dans son village. Désormais, elle sera Morgane Féduciné, la raconteuse de films.
Laissez-moi vous raconter, non pas un film, mais un livre. Un tout petit livre par sa taille, 129 pages qui se lisent à toute vitesse, mais grand par le talent de son auteur et par la place qu’il a pris dans mon coeur et ma tête.
Il était donc une fois, dans les années 50, une petite fille de 10 ans, Maria Margarita, qui vivait avec ses 4 frères plus âgés et son père en fauteuil roulant, dans le campement d’une mine de salpêtre quelque part dans le désert d’Atacama, dans le nord du Chili. Au village, la seule distraction, c’est le cinéma. Mais la famille est pauvre, et le défi de chaque semaine consiste à rassembler assez d’argent pour qu’un des enfants puisse aller voir le film à l’affiche. Le voir, et puis revenir bien vite à la maison pour le raconter au reste de la famille. A ce jeu-là, c’est Maria Margarita qui est la meilleure, pourvue d’un don peu commun pour restituer les films, peu importe leur genre. Au point que son père la désigne officiellement « raconteuse de films » de la famille, puis du village entier qui se bouscule dans la petite maison, préférant « entendre » l’histoire plutôt que de la « voir » sur grand écran. Ce talent fera le bonheur et les beaux jours de la famille, pas toujours ceux de la jeune fille.
C’est Maria Margarita elle-même qui nous raconte son histoire, des années plus tard. Comment l’arrivée de la télévision a mis fin à sa célébrité en même temps qu’à ses séances de raconteuse, comment la mort de son père puis le départ de ses frères l’ont laissée seule au campement, comment elle y a vécu ou survécu jusqu’à aujourd’hui. Parce qu’elle y vit toujours, près de cette mine désaffectée, assurant les visites guidées pour les quelques touristes. L’air de rien, derrière ces aventures de pellicule, elle nous laisse voir la vie dure des mineurs du salpêtre, la promiscuité d’une réalité sordide dans « l’âpre néant du désert d’Atacama ». Néant duquel on se sauve grâce au cinéma et à l’imagination, et sans jamais se plaindre de son sort. Désert âpre mais magnifique, comme ce roman, tendre, joyeux, émouvant, terrible.
Comment faire quand on aime le cinéma mais que dans une famille de cinq enfants, on a tout juste de quoi acheter une seule entrée ? On vote pour celui des cinq enfants qui raconte le mieux un film : désormais c’est donc la seule fille, la cadette de la famille, qui a l’immense privilège d’aller au cinéma.
Son talent de raconteuse de films lui taille une si belle réputation qu’elle prend un nom d’artiste, Fée Ducinée, et que bientôt toute le voisinage vient payer son entrée pour aller la voir, elle, se donnant en spectacle avec force mimiques, jeux d’acteurs et accessoires.
L’auteur nous conte l’histoire d’une petite fille intelligente et attachante en nous plongeant dans le Chili des mines de salpêtre, du dénuement et de la misère sociale.
Ce qui m’a frappé dans ce trop court roman est la beauté et la précision de l’écriture. Rien d’inutile dans ces lignes, chaque mot est à sa place.
Les descriptions sont d’une telle minutie que j’ai eu moi aussi l’impression d’être au cinéma.
Une très belle découverte d’un auteur dont j’ignorais jusqu’au nom.
La belle histoire d'une petite fille raconteuse de films.
Au Mexique, une famille pauvre ne peut pas se permettre d'aller au cinéma. Alors, le père instaure un concours, dans lequel les enfants doivent raconter le film de la meilleure manière, afin de le faire revivre à tout le village...
Très beau récit, humain, drôle, qui se lit rapidement.
Dans ce petit roman (130 pages environ) qui se déroule dans les années 1950-1960, la jeune Margarita devient raconteuse de films sous le pseudonyme Morgane Feduciné.
Elle se rend compte à un moment donné à quel point sa passion pour raconter les films à un impact sur elle : "J'avais du mal à me rappeler si j'avais vécue une chose ou si je l'avais vue sur l'écran. Ou rêvée. Car je confondais même mes propres rêves avec des scènes de films."... et sur son public :"j’étais devenue pour eux une faiseuse d'illusions […] Mes récits leur permettaient d'imaginer ces mondes à leur fantaisie."
Cette histoire magnifique me rappelle "Cinéma Paradiso", un très beau film sorti en 1989 avec Philippe Noiret.
Le succès du livre en librairie a d'ailleurs engendré une adaptation au cinéma en 2012.
Ce livre est une petite merveille. À ne pas manquer !
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