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"Qui connaît mieux la plainte que moi ?" demande Avital Ronell. Son expérience et sa connaissance des doléances l'ont conduite à tenir un registre des plaintes, les plus banales comme les plus métaphysiques. Doléances, lamentations, griefs... les plaintes expriment une souffrance durable, au-delà de leur mobile. Elles contaminent nos discours et nous paralysent, au lieu d'éliminer ce qui nous cause de la peine. À la différence de l'indignation, forte et rebelle, la plainte révèle plutôt une protestation impuissante. Avital Ronell cible les geignards et les râleurs sempiternels, mais elle s'étonne aussi de ceux qui affirment, par élégance, "je n'ai pas de quoi me plaindre". Car il y a bien lieu de se plaindre de la vie. La philosophe ouvre de nombreux dossiers de plaignants : la plainte des femmes et des mères, ou celle des êtres perdus qui ne trouvent pas de dieu à qui se plaindre. Elle dialogue avec Hamlet, Werther, Arendt, Derrida, l'Allemagne et construit un théâtre philosophique où les personnages, elle-même dans le premier rôle, entendent plusieurs plaintes dans chaque complainte.
Comme un effet pervers de ce Bureau des plaintes, Avital Ronell fait aujourd'hui l'objet d'une plainte qui attise sur elle une récrimination internationale, depuis la publication d'un article à charge du New York Times. Pour la première fois, dans un avant-propos inédit, elle réagit à cette affaire.
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