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Nukuhiva, archipel des Marquises, 1842. Hina et Heetai, fi lle et fi ls d'un marin français déserteur et d'une indigène, sont témoins de l'arrivée d'une escadre de guerre française dans leur île. Une épidémie transmise par un équipage étranger vient d'emporter leur mère. Leur père Alban sombre dans la mélancolie. Faut-il fuir les arrivants ou au contraire prendre part aux profonds changements qu'annonce leur présence ? Inspiré de faits réels, La Part du requin évoque l'appropriation française des îles Marquises et l'ultime rébellion indigène. Il redonne vie à l'étrangeté et à la poésie d'un monde disparu. Le lecteur y croisera un personnage majeur, déserteur, qui devint par la suite l'un des plus grands écrivains américains : Herman Melville.
Les îles lointaines, lorsqu’elles sont décrites dans des romans, récits de voyage, sont associées à des stéréotypes faciles : l’exotisme, l’étrangeté des mœurs décrites, l’incompréhension apparente de la conduite des autochtones, le mépris aussi.
Dans son roman « La part du requin » Serge Legrand-Vall prend soin de décrire la vie d’Hina et Heetai, respectivement fille et fils d’un marin français déserteur, Alban établi depuis plusieurs années aux Marquises, et d’une indigène .Leur mère a succombé à une épidémie .Ils voient arriver une escadre de guerre dans leur île, en 1842 .Cette arrivée est en fait le prélude à l’implantation française dans les îles Marquises à partir des années 40.
Les mœurs et usages aux Marquises sont très différents de ceux de l’Occident ; ainsi pour l’éducation sexuelle : « Ici, les jeunes gens devenaient à leur adolescence des kai’oi. Ils apprenaient les danses et les chants, récitaient les exploits des anciens et les légendes des dieux. (…) Ils vivaient ainsi hors des tapu, dans une grande maison où ils découvraient aussi les joies qu’apportaient les rencontres des corps. »
Les rapports de pouvoir y sont éventuellement cruels, implacables, et contredisent l’impression d’un observateur superficiel des usages de ces îles : « Contrairement à ce que pouvait croire un visiteur blanc lors d’une brève escale, les Marquisiens ne vivaient pas dans un éden où régnait l’égalité .Un petit groupe de chefs, prêtres et guerriers, détenait terres et pouvoirs .Le petit peuple était à son service. »
Le rapport au temps semble y obéir à des critères bien différents de ceux en vigueur en Occident : « Ici, le temps n’était pas de même nature qu’ailleurs. Il s’étirait et se contractait suivant les lunes et les vents, se fondait dans la nuit des ancêtres, dans l’immensité du ciel et de l’océan. »
Pourtant, les conflits décrits par l’auteur entre les différentes tribus (tribus Tai’oa, Puhi’oho, Tei’i, Hapa’a) et les Français récemment arrivés, vont provoquer, au moins en partie, la signature d’un accord qui entérine la présence des Français aux Marquises. Heetai parvient à échapper aux Français à la fin du roman, prolongeant ainsi sa liberté, sa volonté de sauvegarder son identité de Marquisien.
Le roman de Serge Legrand-Vall est librement inspiré de faits réels, notamment de la prise de possession des îles par l’amiral Dupetit-Thouars en 1842 ; il restitue aussi certains traits des mœurs des îliens, illustrant en cela leur intérêt quant à leur redécouverte et leur reconnaissance. Il éclaire d’un jour nouveau cette confrontation, qui a abouti, par l’introduction de maladies diverses et de l’alcoolisme, à la décimation de la population, puis, plus tard, à sa renaissance partielle.
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