80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
«Si l'on jugeait utile de ressaisir en peu de traits la force du poème tel qu'il s'éclaire dans l'oeuvre de René Char, l'on pourrait se contenter de dire qu'il est cette parole future, impersonnelle et toujours à venir où, dans la décision d'un langage commençant, il nous est cependant parlé intimement de ce qui se joue dans le destin qui nous est le plus proche et le plus immédiat. C'est, par excellence, le chant du pressentiment, de la promesse et de l'éveil, - non pas qu'il chante ce qui sera demain, ni qu'en lui un avenir, heureux ou malheureux, nous soit précisément révélé -, mais il lie fermement, dans l'espace que retient le pressentiment, la parole à l'essor et, par l'essor de la parole, II retient fermement l'avènement d'un horizon plus large, l'affirmation d'un jour premier. L'avenir est rare, et chaque jour qui vient n'est pas un jour qui commence. Plus rare encore est la parole qui, dans son silence, est réserve d'une parole à venir et nous tourne, fût-ce au plus près de notre fin, vers la force du commencement. Dans chacune des oeuvres de René Char, nous entendons la poésie prononcer le serment qui, dans l'anxiété et l'incertitude, l'unit à l'avenir d'elle-même, l'oblige à ne parler qu'à partir de cet avenir, pour donner, par avance, à cette venue, la fermeté et la promesse de sa parole.» Maurice Blanchot.
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