Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Tchernobyl, 1988. Deux ans après l'accident nucléaire, Gouri le poète revient dans la région du drame. Sur sa moto, il traverse les zones irradiées, interdites, ravagées. Il retrouve des amis, des souvenirs. Son ami Iakov est à l'agonie : liquidateur, il a nettoyé les zones radioactives et a été contaminé.
Mais Gouri ne peut rester. Il a une mission. Témoin de l'existence de sa fille tuée par la catastrophe, une porte marquée de notes et de graffitis l'attend chez lui, à Pripiat, ville fantôme.
Crépusculaire
1988 : deux ans après « l’incident », Gouri, sa femme et sa fille Ksenia, vivent à Kiev. En 1986, ils habitaient à Pripiat et lorsque le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl est entré en fusion provoquant la catastrophe que l’on connait (« Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril. Voir un peu. Le bleu étrange de l'incendie. Les irisations. Cette féerie. Ils avaient même hésité à s'approcher encore. ») … Pourtant, ce matin là, deux ans après, Gouri se prépare à retourner à Pripiat, chez lui. A moto. Il veut récupérer quelque chose dans son appartement, quelque chose d’insignifiant mais si précieux pour lui… Il s’approche de la zone interdite et s’arrête chez de vieux amis, Vera et Iakov. Iakov se meurt, comme tant d’autres, il faisait partie des équipes qui sont intervenues sur le toit de la centrale… Après une soirée passée à discuter, à se souvenir, à chanter, à boire de la vodka, Gouri enfourche sa moto et part pour Pripiat, accompagné de Kouzma, qui sera son guide. Ce court roman est un véritable coup de cœur. Ce n’est pas le premier roman que je lis sur Tchernobyl (j’avais beaucoup aimé « De bonnes raisons de mourir » et « Tout ce qui est solide se dissout dans l’air ») mais cette histoire est poignante à l’extrême, sans jamais verser dans le mélo. Avec peu de mots, dans un espace temps réduit, l’auteur réussit un véritable tour de force en nous immergeant dans cette nuit à la beauté magnifiée par des personnages sublimes.
"Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter à ceux qui reviendront
Les enfants enlaçaient les arbres
Et les femmes de grands paniers de fruits
On marchait sur les routes
On avait à faire
Au soir
Les liqueurs gonflaient les sangs
Et les colères insignifiantes
On moquait les torses bombés
Et l'oreille rouge des amoureux
On trouvait du bonheur au coin des cabanes
Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter
Et s'en souvenir nous autres en allés"
Jusqu’à présent, je ne connaissais aucun roman d’Antoine Choplin. Cette erreur est heureusement réparée. J’ai découvert "La nuit tombée" dans le cadre de ma formation de bibliothécaire bénévole, en préparant une fiche d’analyse comparative roman court/nouvelle.
"La nuit tombée" donc ! Gouri, le personnage principal, traverse de nuit la campagne ukrainienne sur sa moto. A celle-ci est accrochée une remorque… car il revient, il revient sur une vie ancienne, dans des lieux désertés, une zone sinistrée après le 26 avril 1986, il revient pour accomplir une mission… surtout ne pas aller plus loin pour dire, dire le choc d’une telle lecture, dire l’admiration d’une telle écriture.
L’auteur a l’art de raconter, de transmettre en peu de mots. Les phrases sont courtes, simples, elles percutent. Aucune ostentation pour dire les sentiments, les anciens amis restés sur place, la maladie latente ou profondément installée, tout ce qui suinte de la catastrophe. Pas de plaintes, pas de larmes, pas de cris. Tout est narré avec économie et pudeur : les lieux, les sentiments, les amis. Tout est narré à coups de vodka comme s’ils buvaient pour "faire passer", faire passer la douleur, faire passer les souvenirs, faire passer l’horreur, tout oublier.
J’ai pourtant envie de dire qu’Antoine Choplin fait de cette horreur un roman lumineux, empreint d’humanité, de tendresse, de solidarité. Il parle d’elle, de cette horreur, par suggestion : "Mais, tu vois, ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est ça. Du menton, il désigne son bras couvert de pansements. Cette peau qui part en lambeaux…. Et les médecins, qu’est-ce qu’ils en disent ? demande Gouri. La main de Iakov se soulève de quelques centimètres et retombe sur le drap." Le silence plutôt que les pleurs.
La narration est linéaire même si les souvenirs se mêlent au présent. Les silences succèdent aux dialogues comme pour au lecteur le temps de s’imprégner, de comprendre, de partager. Et à la fin "Gouri retrouve sa moto… Il met le moteur en marche."
Tout en retenue, ce roman est un véritable bijou de dignité.
www.memo-emoi.fr
Après "Le héron de Guernica", un livre étonnant plein de sensibilité et de justesse à propos d’un drame absolu, Antoine Choplin prouve une nouvelle fois tout son talent dans un autre petit bijou : "La nuit tombée".
Cette fois-ci, l’auteur nous emmène loin, à l’est, en Ukraine, pas très loin de Kiev, tout près de Tchernobyl, dont le nom, sauf erreur, n’est jamais cité. Avec sa délicatesse habituelle, Antoine Choplin, nous plonge tout doucement dans l’horreur d’après catastrophe, avec Gouri qui, sur sa moto attelée d’une remorque, se rapproche de « la zone ».
Au fil des pages, les éléments s’accumulent. On apprend qu’il ne faut pas boire le lait des vaches. À Bober, les maisons sont désertées, les fenêtres brisées, les portes défoncées, d’autres barricadées.
Enfin, le voici à Chevtchenko où il retrouve Vera qui lui confirme : « Tout le monde est parti. » Les souvenirs de cet été 1986 reviennent, se mélangent avec ce qu’était la vie avant puis ce qu’il a fallu faire ensuite. Son mari, Iakov, est très malade. Avec Gouri, ils se souviennent de leur travail sur le toit du réacteur où il ne fallait pas rester plus de 40 secondes…
« Certaines nuits, les arbres se mettaient à rougeoyer », des équipes devaient « enterrer la terre. Autrement dit, enlever la couche supérieure du champ et l’enfouir profondément… et après, répandre partout, à la place, du sable de dolomie, un truc d’un blanc tel qu’on se serait cru sur la lune. »
Avec ces détails d’un réalisme glaçant, l’auteur mène tous ses dialogues sans tirets mais cela ne gêne pas la lecture, lui donnant même une fluidité naturelle assez agréable. Au cours d’un repas, Kouzma raconte la destruction de sa maison, séquence impressionnante, très émouvante. Vera chante, s’accompagne à l’accordéon et Iakov dit des poèmes. Cela évoque les musiciens du Titanic continuant à jouer alors que le bateau coule…
Gouri veut revenir à Pripiat, dans son appartement pour récupérer la porte de la chambre de sa fille, Ksenia, morte depuis. Dessus, elle avait peint et la progression de sa taille est restée gravée. Kouzma l’accompagne et lui permet d’échapper à la surveillance interdisant l’accès à « la zone ».
Les souvenirs d’un monde disparu se bousculent. Avec un seul bagage par personne, ils avaient été évacués le troisième jour : « Ce n’était pas la guerre, ni un tremblement de terre. Nul effondrement, nul cratère d’obus. N’empêche, il fallait partir. » Ainsi, une ville animée est devenue catacombe, une tombe où il faut prendre garde de ne pas trop remuer la poussière et mettre des gants.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Présenté comme un coup de cœur par mon libraire, mais je dirai un coup au cœur !!!
La quatrième de couverture laissait présager une lecture légère, or c’est un thème grave, et les sujets abordés peu réjouissants ! Mais ce fut une pure merveille !
« Il a roulé longtemps sur sa moto à travers la campagne ukrainienne, Gouri. Il revient sur ses pas, dans la vie d’autrefois, là où il a aimé. En ce lieu qui n’est plus qu’une zone sinistrée. Dans le village voisin, il croise ceux qui sont restés. La nuit tombe, les verres de vodka se vident et on se parle d’avant. Demain Gouri verra son passé délabré, demain seulement. »
En définitive, le vrai thème de ce roman, c’est la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, mot qui n’est jamais prononcé dans le livre, ses conséquences sur les hommes, la nature… Pêle-mêle, on est confronté à la désolation, la souffrance, la maladie, la folie, la poésie, l’acceptation, l’humanité, l’amitié, la vodka…
C’est un livre qui est tout sauf pleurnichard, il ne nous laisse pas indifférents. On traverse la désolation d’une Ukraine méconnaissable, transportés derrière le narrateur sur sa moto –remorque bricolée, qui souhaite récupérer la porte de la chambre de sa fille, aujourd’hui disparue !
On partage ses émotions, on comprend ce qu’est la dignité et la solidarité. On comprend aussi ce qu’est « l’inhumanité », quand on découvre ceux qui ont été abusés par les autorités et enrôlés de force pour nettoyer la centrale.
« La ruine est une chose. Le vide infect installé désormais au revers de ces murs, une autre chose. C'est ce que Gouri tâche de se répéter au pied de ces immeubles. Car, de retour chez lui, il cherche une fois de plus à se convaincre des nécessités de l'exil; flairer le réalité de ces puissances cruelles, imperceptibles et assassines, et préservant si étrangement l'apparence du monde. En découdre avec elles, comme il l'avait fait, d'une autre manière, à coups de pelletées brûlantes sur le toit du réacteur n°4. »
A l’instar du roman,-(124 pages)-, les dialogues sont courts, les descriptions vont droit au but, sans fioritures ou expressions alambiquées qui en jettent plein la vue. Non, juste, un sujet-verbe-complément, et l’émotion nous prend et nous pend à la gorge.
Un roman pudique et bouleversant !
Gouri sur sa moto, avec une petite remorque accrochée, file sur une route russe en direction de Pripiat, ville fantôme par la « grâce » de l’accident nucléaire de Tchernobyl. Il veut absolument récupérer la porte de la chambre où sa fille Ksenia a fait des dessins.
Tous ces risques pour ça me direz-vous ! Et bien oui et non. Les souvenirs sont accrochés à cette porte. Et puis, il va s’arrêter en chemin, juste avant la zone interdite, chez ses amis Vera et Iakov. Iakov, comme lui était un liquidateur et il en a payé le prix fort. Autour d’un repas, ils feront remonter le temps, se rappelleront les bons moments. A la nuit tombée, Gouri repartira pour Pripiat avec pour protection un simple mouchoir noué sur la bouche. Cette zone est gardée par les soldats et fréquentée par des bandes de voleurs, une zone de violence. Arrivé sur la place devant son ancien appartement, il se souvient de l’époque heureuse où la grande roue, les autos tamponneuses animaient la fête du 1er mai.
Maintenant, il est écrivain public à Kiev, il a eu de la chance de dégoter cet emploi, sa fille Ksenia est très gravement malade, ses amis meurent des suites d’irradiation. Alors, il aidera Iakov à écrire sa lettre d’amour, sa lettre d’adieu à Vera.
Ce livre, très court, est empli d’une belle humanité sur un décor d’apocalypse. Pas de bavardage inutile, pas de phrases grandiloquentes, on sent les silences dont celui de la forêt percé par les chants d’oiseaux. Antoine Choplin m’a séduite. Je vais oser un de mes mauvais jeux de mots : Ce livre irradie d’humanité et de tendresse.
Histoire terrifiante, mais je n'ai pas vraiment accroché
Gouri vivait à Pripiat en 1986. Pripiat est à quelques kilomètres de Tchernobyl.
Deux après la sinistre catastrophe nucléaire, Gouri a décidé de revenir sur les lieux du désastre pour y rechercher quelque chose. Il s’arrête avec sa moto chez ses amis Vera et Iakov, à quelques kilomètres de la zone interdite. Iakov, comme Ksenia, la fille de Gouri, a été contaminés par le nuage. Le temps d’un dîner abondamment arrosé de vodka, Gouri, Iakov, Vera, Ksouma et d’autres convives convoquent le passé heureux, les parties de pêches et les journées insouciantes, une façon d’oublier un instant la mort qui plane, impalpable.
Antoine Choplin évoque le cataclysme à demi-mot : les dizaines milliers de vies humaines anéanties, la région dévastée, les appartements pillés, les vies au futur amputé, ces hommes qui survivent avec le spectre de la maladie, et qui, tout en pudeur et en retenue, pleins de dignité, énoncent doucement l’indicible le temps d’un dîner nostalgique arrosé et d’une virée à moto dans un no man's land radioactif à la nuit tombée.
Un court texte très visuel, plein de simplicité , d'humanité et de fraternité.
émouvant par rapport aux petites vies brisées de Tchernobyl
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