"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tom, psychiatre israélien à l'hôpital de Hod Hasharon près de Tel Aviv, soigne plusieurs patients, parmi lesquels Hephraïm Steiner, musicien octogénaire, et Roshan, jeune Palestinienne enceinte mais enfermée dans le déni de sa grossesse. Deux cas passionnants pour ce médecin dont les recherches portent sur l'inaudible, sur la communication intra-utérine - et qu'obsède ce qu'il a vécu et croit avoir entendu, le 11 septembre 1995, depuis le ventre de sa mère, alors que se jouait dans l'espace un drame : Soyouz ne répondait plus.
la narration est guidée par la voix de Tom, psychiatre israélien. Il écoute ses patients et leurs mots pour mieux combler ses propres questionnements. Ce narrateur, seul et obsessionnel, a dès les premières pages, un grand sens de l'écoute et de l'observation. Tout ce que ses sens perçoivent nous approchent autant de ses patients que de sa propre recherche. La pensée de Tom est entièrement consacrée aux non dits et au silence. Il projette beaucoup et sort facilement de la réserve de son statut de psyhiatre. Il se veut protecteur de Roshan, la jeune palestienne. Elle semble être la clé pour la vie de Tom, en tout cas lui en est persuadé. Tout comme il se réconforte en plongeant dans ses premiers souvenirs, on pourrait même dire ses souvenirs avant même la mémoire. Tom est convaincu que le monde est audible, même par des bébés dans le ventre de leur mère. C'est ainsi qu'il revient sur la grossesse de sa mère, le décès de sa tante et l'histoire d'un amour inachevé avec un astronaute. Ce retour dans le passé est particulièrement marquant par la description de l'amour décu dans un monde sorti de la Guerre froide et qui regarde vers les étoiles. La magie de cette époque, amplifiée par une nostalgie décalée du narrateur, transforme le roman et son fil très ancré dans le présent en une rêverie.
Le roman alterne donc le présent des séances avec le travail de recherche mémorielle mené par Tom. Ce jeu d'écho nous fait entrer dans l'esprit de Tom. Comme lui, on devient sensible aux paroles et au silence des patients. Certaines de leurs phrases, signes de clairvoyance et de vérité, sont alors des moments de libération. Tom avance peu à peu dans les méandres de ses pensées, se rapprochant parfois de son but.
Cécile Ladjali rend hommage à la puissance des mots, au poids de la parole et l'écoute des silences. Les personnages deviennent des ports d'attache et leur histoire, au coeur du conflit israélo-palestinien, prend une autre tonalité. En lisant ce roman, tous nos sens sont en éveil, et en brouillant, comme le titre l'indique, les frontières entre jour et nuit, la romancière nous embarque dans une balade instinctive.
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