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Que peut-on dire, que peut-on faire sous la tyrannie ? Il est sénateur et avocat, il s'appelle Publius Cornelius, il a pour surnom Tacite. Autour de lui les gens tombent. Il n'est pas encore écrivain mais seule la littérature pourrait être à la hauteur des événements qu'il traverse. Sa femme, Lucretia, décide de se rendre au palais impérial pour plaider la clémence auprès d'un souverain qui tue comme on éternue. La scène est à Rome, au premier siècle, sous le règne de Domitien.
Publius Cornelius, pour avoir relu le réquisitoire de Senecio contre Massa est en danger. Celui-ci est un protégé de Domitien qui s'imagine un complot, ce qu'il redoute le plus. Voilà le prétexte de ce roman qui oscille sans arrêt entre narration et essai sur les dérives d'un pouvoir. La première partie laisse une grande place à la narration mais certains points abordés n'ont pas de suite ce qui est dérangeant et les digressions historiques parfois trop longues finissent par faire perdre le fil de la narration. C'est dommage. Par contre l'ambiance antique est bien restituée et pour les passionné(e)s de la Rome antique cela reste une lecture plaisante
Lucrèce, la femme de l'écrivain Tacite, qui n'est pas encore l'historien des Annales qu'on connaît, a une nuit pour intercéder auprès de l'empereur Domitien pour sauver son mari. C'est ce que laisse entendre la quatrième de couverture et le bandeau rouge publicitaire « la femme de Tacite » : en effet, comment attirer le lecteur qui ne se pique pas d'histoire antique ?
Pourtant, l'intrigue ou plutôt le propos, va au-delà. Si effectivement un chapitre est consacré à Lucrèce qui traverse le quartier de Subure au péril de sa vie pour atteindre l'antre du « maître dieu » qu'est l'empereur, le livre évoque davantage les manoeuvres de palais, se présentant comme un manuel de survie dans un milieu où règne la tyrannie et la paranoïa. Dans l'entourage impérial, tout ce que vous pourrez dire, évoquer, penser, la moindre allusion, le moindre choix ou avis (avoir le malheur de dire qu'on apprécie les auteurs Lucain ou Sénèque par exemple), tout pourra être retenu contre vous et constituer un crime de lèse-majesté. Les chapitres alternent et différentes voix se font entendre : outre Lucrétia, il y les affranchis, qui ont gagné en influence et assistent le maître tout puissant dans son administration de l'empire, le sénateur Senecio, qui a eu le malheur de défendre la province de Bétique (l'Andalousie antique) contre un gouverneur proche de Domitien, le préfet du prétoire Norbanus, qui cherche à avoir la peau de Tacite et Pline le Jeune… Tous sont en pleine réflexion, réfléchissent à la stratégie à adopter, à dire ou ne pas dire, à savoir quelle bouteille lancer à la mer pour un résultat bien hypothétique : car passer pour flatteur et flagorneur n'est pas non plus souhaitable face à Domitien.
Hédi Kaddour, que je ne connaissais pas, a une vraie connaissance du IIe siècle et la professeur de latin et de grec que je suis n'a pu qu'apprécier les allusions, les citations et l'usage des termes latins pour rendre compte de la pensée de façon encore plus juste, les surprises comme cette lecture publique du « Satiricon » de Pétrone qui ne dit jamais son nom. le style est ciselé, hypnotique parfois, c'est une lecture exigeante et il faut parfois reprendre une phrase pour revenir sur sa construction de départ : la construction alambiquée mime à mon avis les circonvolutions des pensées qui cherchent à être formulées sans risquer d'être mis à mort, en pesant tous les tenants et aboutissants.
A présent, je n'ai plus qu'à compléter ma lecture avec les pages que Lucien Jerphagnon consacre à Domitien.
Au final, un livre à lire en prenant le temps !
A Rome, au 1er siècle de notre ère, sous le règne de l'empereur Domitien, l'auteur nous décrit de façon très détaillée et très bien incarnée, les relations conflictuelles entre les différentes sphères du pouvoir et de ses dépositaires. Publius Cornelius, futur Tacite est avec Pline, dans le collimateur de l'empereur et craint pour sa vie. Lucrecia, son épouse consciente du danger quitte le domicile pour rencontrer Domitien avec un mince espoir de médiation. de nombreux personnages historiques participent à l'intrigue, et il n'est pas inutile de consulter en parallèle des sources documentaires pour en suivre utilement le fil. L'auteur nous livre une belle analyse de situations, où, entre pouvoir et prestige, rien n'est jamais acquis de façon perenne et où l'incertitude de la soumission au fait du prince fait trembler tout le monde.
Herennius Selecio. Philosophe sous le soleil de Rome au Ier siècle, il plaide la cause de Baebius Massa pour attaquer le pouvoir impérial. Pour enfoncer le clou dans le cercueil, il publie l’éloge d’un autre philosophe stoïcien : Gaius Helvidius, exilé puis mis à mort sous Vespasien. Il cherche des soutiens prestigieux et les trouve avec Pline le Jeune et un certain Publius Cornelius, sénateur avec d’autres fonctions glorieuses à son actif, et, plus connu sous le nom de Tacite. Mais ces trois têtes risquent de tomber bien que Tacite soit proche de l’empereur. Nous sommes sous le règne de Domitien. Et si Le Tibre s’écoule majestueusement à Rome il est témoin de flots de sang provoqués par cet homme impitoyable, cruel, qui aime encore plus faire assassiner ses amis que ses ennemis, qui « tue comme il éternue » et aime offrir un sourire carnassier devant sa prochaine victime. Entre deux condamnations, il aime torturer les mouches avec un poinçon. Pourtant, une femme va oser l’affronter. Elle le connait, sait qu’il aimerait avoir ses faveurs, elle, la superbe romaine qui fait enrager la prostituée Flavie, la maîtresse de son mari. Oui, son mari, qui se nomme Tacite. C’est le début de l’histoire, de cette histoire d’orateurs dans les ténèbres des effluves romains, Lucretia dans une longue nuit qui s’annonce dans des combats de l’esprit où la poésie trouve une place au milieu d’un cirque de haine et de jalousie.
Loin d’être des vacances romaines, ce nouveau roman de Hédi Kaddour est un récit au vitriol sur l’emprise politique, sur un Domitien sans foi ni loi – sûrement en s’inspirant des carnets de Pline le Jeune – et sur cette cour prête à également torturer amis ou ennemis pour obtenir le droit de vivre. Un droit précaire. Courtisans, affranchis, esclaves… quel que soit le rang auquel on accède on peut terminer du jour au lendemain dans les caves de l’enfer, fouetté à coups de verges et brûlé à petit feu pour faire durer le plaisir. Les rumeurs se réjouissent, les complots frétillent. Et même quand ils n’existent pas, du haut du Mont Palatin on les invente. Un jeu comme un autre dans un labyrinthe machiavélique.
Mais l’histoire ne s’arrête pas aux faits. Elle s’habille de toges, de drapés, de tuniques, elle se mélange aux couleurs, aux parfums doucereux, au miel, aux fleurs. Elle rampe dans la boue, dans l’immondice, les odeurs de cadavres et de pourriture. Elle se cogne aux félins, surveille les flambeaux, rencontre les dieux, de Jupiter à Minerve en passant par Priape car tous les appétits charnels sont légion. Avec parfois une étrange modernité….
Impérial !
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