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La Mort à Venise et Tristan comptent parmi les meilleurs récits de Thomas Mann. Malgré leur brièveté, ces deux chefs-d'oeuvre d'inspiration très romantique contiennent l'essentiel de la pensée du grand écrivain allemand. On y retrouve le pessimisme foncier hérité de Schopenhauer, la clairvoyance, la perspicacité et l'extraordinaire raffinement psychologique que Thomas Mann admirait chez Nietzsche, ainsi que les quatre notions fondamentales qui, à travers la littérature, ont pendant des siècles défini l'âme allemande: culture, musique, protestantisme et sens du devoir.La fascination mortelle que peut exercer la beauté physique, tel est le sujet de la Mort à Venise: justement parce qu'il n'est plus jeune, et qu'il a une sensibilité d'artiste, le romancier Gustav Aschenbach sera plus qu'un autre sujet à ces brusques déraillements qui conduisent à la mort.Univers glacé de la montagne, gaieté factice du sanatorium, Tristan est en quelque sorte un prélude à la Montagne magique. Dans ce monde qui déjà échappe aux vivants s'affrontent l'artiste, voué aux rêves morbides et à la métaphysique, et le bourgeois, l'homme d'action à la santé et aux affaires florissantes.Nouvelle brève, infiniment poignante, le Chemin du cimetière clôt sur un point d'orgue la réédition de ces deux joyaux de la littérature allemande.
Un romancier, fier de son oeuvre, prend quelques jours de repos à Venise. Il ne s'y sent pas vraiment bien, jusqu'au jour où une famille polonaise s'installe dans le même hôtel que lui. Parmi elle, une jeune adolescent d'une beauté époustouflante qui retourne l'esprit de notre romancier. Il se met à le suivre, s'arrange pour se trouver aux mêmes endroits que lui. Pourtant, il ne lui adressera jamais la parole. Quand il apprend qu'une méchante épidémie vient de se déclarer à Venise, plutôt que de tout quitter et de prévenir la famille, il préfère tenir jusqu'au bout ... J'ai exécré ce personnage abject et l'histoire est très lente à se mettre en place. Les références à la mythologie grecque m'ennuient. Par contre, il est vrai que Thomas Mann écrit bien.
Seconde nouvelle : Tristan. Sanatorium. Une femme se meurt. Un écrivain s'éprend d'elle et souhaite pour elle ce qu'il y a de plus beau. Elle n'a pas droit de faire le moindre effort mais il lui demande de se faire plaisir en jouant quelques pages de musique au piano. Il écrit ensuite ses quatre vérités au mari de cette dame, qui lui est un être répugnant et qui n'avait rien à faire avec elle ... Une histoire agréable à lire.
Dernière nouvelle : le chemin du cimetière. Un homme qui a tout perdu se met dans une rage folle quand il voit un cycliste traverser le cimetière.
Relire Thomas Mann, ou Robert Musil, permet de renouer avec des textes pas très faciles certes, mais avec la littérature , et de mesurer le chemin parcouru en un siècle , et sur les facilités d'écriture , déconcertantes parfois de certains auteurs encensés aujourd'hui. Cela semble vertigineux.
Ceci dit, T.Mann offre un recueil de 3 nouvelles , genre inhabituel chez lui, et donc intéressant.
La trame de « La Mort à Venise » n'est pas très originale : Un romancier munichois célèbre, et même anobli à la cinquantaine , un « vieux beau sur le retour » V.Aschenbach découvre soudain qu'il est atteint de pulsions pédérastiques. Il se rend à Venise, ville qui l'a pourtant déjà mis mal à l'aise, croise dans l'hôtel qu'il s'est choisi, une famille polonaise qui comporte hormis 3 filles ; un jeune adolescent, Tadzio, beau comme un dieu. Leurs regards se croiseront parfois.
Cet adolescent le rend fou, et devient pour lui une obsession ; Il va même rester à Venise alors que sévit le choléra pour ne pas quitter des yeux ce bel éphèbe , et ce jusqu'à la mort qui le surprendra sur la plage du Lido où joue une dernière fois Tadzio.
Ce pourrait être le récit affligeant de la dérive d'un homme , mais sous la plume de T.Mann, sont convoqués le ban et l'arrière -ban des poètes et divinités grecs ; et les grandes thèses sur le beau et l'amour.
Cette nouvelle a quand même été le thème d'un opéra, d'un ballet , et le film de Visconti est un grand classique du cinéma.
« Tristan », la seconde nouvelle , est d'un ton plus ironique, moins éthéré, quant à la troisième « le chemin du cimetière « , T.Mann rompt avec son milieu bourgeois habituel et traite de de la misère et de l'alcoolisme.
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