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Si Yvonnick a un prénom et des bras d'homme, c'est grâce à sa mère qui lui a appris à se défendre des coups. Et ces bras d'homme, Yvonnick en a bien besoin depuis que son mari, qui travaillait à J.J. Carnaud et forges de Basse-Indre, l'ancêtre d'Usinor puis d'Arcelor, n'est plus là. En acceptant de prendre sa relève à la forge, la jeune veuve et mère d'un enfant fragile, élevée dans le marais salant breton, devient métallo. Une vie ouvrière de lutte qui ne l'empêche pas de se faire respecter des hommes ni de gagner son indépendance, et surtout, d'être fière de son travail à l'usine et de sa communauté solidaire. Mais cette fierté, menacée dès 1968, se rompt au fil du temps, les notions de rentabilité, de courbes et de tableaux de chiffres chassant l'idée d'un combat pour une vie meilleure.
Inspiré d'un authentique témoignage, le destin d'Yvonnick fait revivre un monde aujourd'hui disparu. De l'apogée de l'industrie française dans les années 50 à son déclin en 1980, Catherine Ecole-Boivin trace, dans ce roman d'une vie peuplée d'étincelles, le portrait empreint d'humanité du monde ouvrier.
Certains livres sont particulièrement utiles pour rappeler à nos bons souvenirs que nous sommes l'humanité !
Catherine Ecole-Boivin nous propose d'entrer dans la vie d'une femme, Yvonnick. C'est une femme ordinaire à qui le destin va jouer un drôle de tour. Elle va affronter des événements aussi terribles que durs tout en gardant toujours son incroyable féminité.
Yvonnick va devoir aller à l'usine remplacer son mari qui vient de décéder. Elle est un peu une pionnière en la matière puisqu'il s'agit d'un monde en majorité masculin. Elle va avoir pour objectif de se faire une place, d'arriver à percer dans ce milieu un peu hostile au début. Et puis au fil du récit nous la verrons évoluer que ce soit dans sa carrière professionnelle mais aussi dans sa vie personnelle. C'est une femme qui n'a jamais été épargnée par les drames mais elle a su les affronter.
L'histoire ne se déroule pas à notre époque, où on peut penser que la femme a gagné une place plus respectée dans notre société, non ! Le récit est situé des années 60 à 80 et la femme avait encore un vaste chantier devant elle pour gagner en égalité.
J'ai parfois du mal à lire les récits de vie jusqu'au bout parce que parfois je perds l'intérêt, soit c'est lié à la personne dont il est question soit parce que l'écriture n'arrive pas à me happer.
Si j'ai choisi de lire Catherine Ecole-Boivin c'est parce que je connais la texture de ses écrits. Ils sont brillants et passionnants.
J'ai été surprise de me voir accrocher autant à Yvonnick. C'est une femme qui n'est pas féministe spécialement, elle a juste su comment faire naturellement pour montrer qu'elle valait autant qu'un homme et qu'elle pouvait assurer dans la vie.
Je suis admirative de son parcours car il démontre que souvent les limites que nous nous fixons sont parfois guidées par nos peurs et Yvonnick nous prouve qu'elles sont toutes franchissables.
La lecture de ce roman est un moment très agréable que vous pouvez prévoir à n'importe quel moment. Il est percutant et particulièrement bien écrit pour vous donner l'impression d'être face à Yvonnick et que sa vie déroule sous vos yeux sans efforts à fournir. Au travers des yeux de son auteure, Yvonnick passionnera par sa spontanéité, son courage, son optimisme, son naturel.
C'est une héroïne du quotidien qui prouve que ce qui compte dans la vie c'est d'avoir du cœur, tout le reste est somme toute futile !
Certains livres marquent car ils sont ancrés dans le réel et qu'ils rendent compte de ce qu'est la vie.
J'ai besoin de lire pour me détendre et pour rêver mais j'ai aussi besoin qu'on me dise, qu'on me transmette, une culture, une histoire, l'amour de notre prochain, la connaissance de mon pays et surtout de ceux qui le façonne. C'est tout ce que je retrouve dans les ouvrages de Catherine et c'est pour cela que je m'y attache particulièrement.
C'est surement pour toutes ces qualités, entre autres, que Catherine Ecole-Boivin a reçu le Prix Ouest lors du Printemps du livre à Montaigu en avril 2019 !
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