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Et si tout souvenir de famille n'e?tait que fiction ? Une femme de?couvre une fois devenue adulte qu'elle est ne?e de pe`re inconnu. Une double enque^te commence, a` la fois sur l'identite? de son pe`re mais aussi sur les raisons du mensonge de sa me`re. Chaque parcelle de la vie de cette mère excessive et trouble, professeure de collège libertaire, cache une ombre lourde de sens. Un re?cit pudique et sobre, ou` la force des souvenirs d'enfance emporte le lecteur dans un rire noir omnipre?sent.
Dans un récit qui s’adresse à sa mère morte, l’auteur raconte au temps présent leur impossible et chaotique relation, au fur et à mesure que cette femme excessive et bipolaire s’enfonce de plus en plus nettement dans la folie.
L’anormalité de cette relation mère-fille est posée dès le désarçonnant incipit. « Une dame me propose un yaourt. Elle a l’air gentille. Je plonge la petite cuillère dans le pot. La dame m’arrête : on dit merci maman. » L’auteur a trois ans, ne connaît du mari de sa mère que ses torgnoles, puis sa disparition prématurée. Lui reste les extravagances et les contradictions d’une mère qui la néglige, absorbée qu’elle est par son mode de vie féministe et libertaire, marqué par l’instabilité et par l’exaltation de l’utopie. Tantôt trimballée comme un paquet au fil d’incessants va-et-vient entre Paris et Strasbourg, tantôt remisée chez des parents, l’enfant grandit en marge d’un tourbillon où elle ne trouve pas sa place, au rythme d’une relation maternelle inadaptée, cyclothymique et terriblement dénuée d’écoute, qui fait des ravages sur sa jeune personnalité.
Démarrée à hauteur d’enfant, la narration épouse l’évolution du regard de l’adolescente, puis de la femme qui, à l’âge adulte, aura encore à prendre toute la mesure des mensonges qui auront jusqu’alors présidé à son existence. Dans ses efforts désespérés pour comprendre cette mère de plus en plus insaisissable, dont, par-dessus tout, elle continue à rechercher l’amour, elle ne pourra que se heurter à son impuissance à rejoindre cette femme dont les troubles psychiques et dépressifs ne cessent de croître, l’entraînant inexorablement sur la terrible pente de la folie. Ne resteront bientôt plus à la narratrice que les mots de ce récit, adressé à une ombre définitivement hors d’atteinte, pour exprimer enfin toute sa souffrance, ses interrogations, et son amour manqué.
Le résultat est un livre d’une grande beauté, qui, sans rancune ni pathos, explore dans un élan de compassion douloureuse le gouffre qui n’a finalement avalé que l’une de ces deux femmes maladroitement accrochées l’une à l’autre. Sauvée par les livres et l’écriture, c’est par ce biais que l'auteur trouve ici le moyen d’enfin jeter un pont entre elles deux, dans une bouleversante déclaration d’amour.
Je ne lis pas (ou alors en travers) les 4ème de couv des livres que je choisis. « La folie de ma mère » était simplement pour moi le dernier roman d'Isabelle Flaten, une autrice que je suis depuis la lecture de son bel « Adelphe », je n'avais pas besoin d'en connaitre le sujet. Mais bien sûr avec ce titre j'avais déjà imaginé différents scénarios possibles. Je me suis bien évidemment trompée…. Car s'il y est bien question de folie, ce roman est avant tout le récit d'un impossible dialogue entre une fille et sa mère.
Ecrit à la première personne et grandement autobiographique, Isabelle Flaten délivre sans doute ici son roman le plus intime dans lequel par un jeu de miroir elle se raconte et raconte cette mère atypique.
Une mère absente jusqu'au 3 ans de la narratrice.
Une mère libertaire, pur produit de mai 68, à l'adolescence de sa fille.
Une mère schizophrène quand viendra l'âge adulte de l'autrice.
On traverse les années de cette relation bancale, de cet amour inconfortable marqué par l'absence d'un homme pour l'une et d'un père pour l'autre.
Si l'une n'aura de cesse de chercher des hommes pour être aimé, l'autre cherchera à savoir qui était son père et se confrontera au mutisme, aux mensonges puis aux délires de sa mère enfermée dans sa prison mentale.
Dans un style très différent de ce que j'ai déjà lu d'elle, mais toujours aussi vif, Isabelle Flaten nous offre un très pudique et très beau récit, une histoire de femmes avant tout, une histoire de secret - avec ce qu'il engendre de nocif sur la construction d'un enfant - , une histoire d'impuissance face à la folie, face à une personne hors d'atteinte.
Je reconnais que ce type de livre n'est en général pas ma tasse de thé – plus c'est personnel, plus je reste à distance - mais Isabelle Flaten à un don pour me parler. Sans doute parce que son écriture est toujours mâtinée d'humour et de tendresse, parce qu'elle ne cherche jamais l'esbroufe et le remplissage de pages. Chez elle pas de digressions, elle y va direct, plein phares et moi lectrice je suis toujours un peu ébloui.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/03/la-folie-de-ma-mere-disabelle-flaten.html
La narratrice s'adresse à sa mère morte. Elle raconte sa relation impossible avec une mère bipolaire " il y a longtemps désormais qu'alternent les saisons dans ta tête", une mère qu'elle "veut tout à la fois, sauver et fuir."
Elle raconte d'abord son enfance chaotique ballotée de Paris à Strasbourg au gré des fluctuations de sa mère après le décès de son père, un homme autoritaire et violent. Sa mère, professeure de collège, est une femme aux humeurs imprévisibles, aux comportements excessifs avec qui elle partage cependant l'amour des livres. "J'ai un refuge depuis toute petite, une forteresse, j'habite dans les livres." Les livres, leur seul langage commun... "Les portes des librairies se confondent avec celles du paradis."
L'auteure raconte, dans une deuxième partie de son texte, sa relation d'adulte avec sa mère en introduisant cette partie par la mort annoncée de cette femme "Tu as mis longtemps à réussir ta mort mais un jour tu y es parvenue.... tu flirtais avec le crépuscule depuis des années." Au fil des années l'état psychique de sa mère s'était en effet fortement dégradé... La narratrice nous raconte leur relation polluée non seulement par l'état mental de sa mère mais également par un mensonge dans laquelle sa mère s'est enfermée... Il s'agit d'un secret de famille connu de tout leur entourage mais ignoré de la narratrice qui avait toujours préférer rester "sourde au bruissement du secret".
Je découvre Isabelle Flaten avec ce roman autobiographique qui relève de l'intime. Un texte qui résonne comme une déclaration d'amour d'une fille à sa mère. L'auteure n'a jamais pu établir une relation normale avec sa mère enfermée dans sa folie. Elle décortique ses sentiments de fille qui aurait tout donné pour "déloger le diable" qui empêchait sa mère d'être elle-même et de révéler sa vraie nature.
Ce texte centré sur sa mère et elle, Isabelle Flaten a choisi de l'écrire à la première personne en s'adressant à sa mère à travers ses souvenirs d'enfant, puis d'adolescente et d'adulte. En à peine plus que 120 pages, elle nous offre un texte très émouvant, écrit juste à la bonne distance, sobre et pudique sans aucun pathos, aucun misérabilisme mais parsemé de jolies touches d'humour. Nous sommes bien loin d'un simple témoignage ici mais dans de la vraie belle littérature. Isabelle Flaten nous livre un récit qui ne vire jamais au règlement de comptes et qui, bien que sombre, laisse transparaitre de l'espoir, "le petit miracle de renaissance" qui lui a permis de se relever d'années très difficiles.
A noter qu'il vaut mieux, comme souvent, éviter de lire la quatrième de couverture qui dévoile un élément que j'ai préféré avoir la surprise de découvrir dans la dernière partie du roman...
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