"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tout commence par les méandres de la Garonne.
Automne 2005, pendant que Malik de la cité du Grand-Parc ronge son frein dans son HLM, que Zora désespère de le tirer de là, que Momo se prépare pour les bastons, que Dany rêve de belles caisses, que Chloé traîne son mal de vivre d'adolescente des beaux quartiers, Helena, arrachée à son Ukraine natale, vendue et revendue à des trafiquants de chair fraîche, arpente les quais en minijupe en rêvant de se jeter dans les eaux du port de la Lune et un clochard humaniste dispense sa philosophie à qui veut bien l'entendre.
Ces existences vont s'entrecroiser et tisser une toile autour du drame qui finit par éclater : Le jour où le corps d'une jeune fille est repêché dans la Garonne.
Simon, un flic en proie au vague à l'âme conduit l'enquête de façon irrationnelle, l'imbroglio est impénétrable, mais tous les fils le ramènent à Malik.
Malik, Zora, Momo et Dany sont issus de la cité HLM du Grand-Parc. Chloé, lycéenne comme Malik et Zora, vit dans les quartiers bourgeois de Bordeaux. Helena, jeune ukrainienne vendue à des trafiquants d'esclaves, se prostitue sur les quais de la Garonne. Pierre est un SDF philosophe, à qui un menu larcin permettra de retrouver la trace de son premier amour. Simon est un jeune flic hanté par la mort accidentelle de son épouse, un an plus tôt. La découverte du cadavre d'une jeune femme dans les eaux du fleuve va le mettre au centre de ce réseau de personnages...
Comme dans tous ses romans noirs que j'ai lus, Simone Gélin ne se contente pas de raconter une histoire, elle défend une cause. Ici, dans ce qui est un de ses premiers romans, elle met en avant la jeunesse : les lycéens qu'elle a côtoyés en tant qu'enseignante, avec leur questions, leurs doutes et leurs vraies ou fausses certitudes ; des adultes, tous profondément marqués par des épisodes de leur jeunesse.
Certes, il y a beaucoup trop de coïncidences dans l'intrigue qui réunit les protagonistes pour qu'on y croie réellement, mais elle est parfaitement mise en scène pour nous faire partager leurs bonheurs, leurs plaisirs, leurs doutes, leurs interrogations, leurs malheurs... On suit les personnages avec plaisir et peut-être un brin de nostalgie en repensant à sa propre jeunesse.
La narration est conduite avec beaucoup de rythme : nombreux changements de points de vue ; surprises qui s'enchaînent jusqu'aux dernières pages. Ajoutons que le style et la qualité d'écriture que j'ai appréciés dans les lectures précédentes sont déjà bien affirmés. Tous les ingrédients sont alors réunis pour donner naissance à un excellent roman noir.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/03/27/la-fille-du-port-de-la-lune-simone-gelin-cairn-excellent-roman-noir/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !