"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Deux copains à la ramasse : Victor et Picot. Le premier passe ses journées vautré dans un sofa à écouter Bach ; le second enchaîne les petits boulots. Ils se retrouvent vigiles de nuit à Lagny-sur-Marne, chargés de veiller sur un parc de camping- cars avec deux chiens récupérés en hâte à la SPA.
Mais les deux bras cassés s'endorment dans l'un des véhicules et celui-ci est volé.
Ils se réveillent près de la frontière allemande et décident alors de fuir. Les deux compères s'installent dans un camping isolé d'une vallée alsacienne où ils font la rencontre d'une jeune fille et de son père, qui avec quelques amis du coin se préparent à la fin du monde.
Les deux copains partagent la vie de la vallée et sont initiés à la chasse et au maniement des armes. Et voilà que le « progrès » pointe le bout de son nez dans la vallée : une décharge industrielle et un Center Parc de 200 hectares menacent de s'implanter sur la lande.
La petite bande organise la résistance au coeur de la montagne.
La Fête est finie est une comédie à la fois loufoque et grinçante, une belle satire de notre époque : on rit pour ne pas pleurer, parce que franchement, il y aurait de quoi se taper la tête contre les murs…
Victor, dit Totor, physiquement, « ressemblait à Georges le solitaire, la dernière tortue des Galápagos ». Moralement, « il était à mi-chemin entre le flan et le potiron. »
Sa passion ? Bach et reBach : « La grande activité de sa journée, pour ne pas dire la seule, c’était la préparation de son petit-déjeuner. Allumer la machine à café, changer le filtre, beurrer les tartines… c’est là qu’il dépensait ses calories. Ensuite, la journée était pour ainsi dire finie ; il se collait sur son sofa et en avant pour le marathon : cantates, motets, oratorios, fugues, concertos, suites, partitas, préludes, sonates, tout y passait ! » Et, à la fin de la journée, fourbu, il s’exclamait : « Putain, c’est trop beau, Bach » : « C’était sa contribution à la critique musicale. »
L’autre, le narrateur, c’est Picot et il a perdu son boulot ! Il se voit proposer un job : garder des camping-cars (tiens, c’est de saison !) à Lagny-sur-Marne. Très bien ! Il a un chien ? Non mais on peut compter sur lui, il va en trouver un, même deux à la SPA du coin et il va même réussir à faire embaucher le Totor. Génial, hein ?
Et là, tenez-vous bien, ça démarre sur les chapeaux de roue… Parce que, je ne sais pas si vous êtes passionné par l’univers du camping-car (allez, avouez !) mais quand on doit surveiller « l’Hymer ML-I sur Mercedes, la star du dernier salon de Stuttgart, le premier intégral léger…Truma Combi 6 pour le chauffage et l’eau chaude, frigo de 142 litres, marchepied électrique, porte-cellule avec baie, éclairage intérieur 100% leds, réservoir d’eau propre de 200 litres, panneaux solaires intégrés… », quand on doit surveiller, disais-je ce genre de véhicule, on peut dire que l’on a des responsabilités. Oui, c’est le mot !
Alors, quand nos deux compères, profondément endormis dans les lits ultra confortables de ce petit bijou sentent que ledit véhicule roule à vive allure vers une destination inconnue, il y a de quoi paniquer… Heureusement, leur yorkshire-chien-de-garde, répondant au nom de Bébé-Chips et Dark Vador, le très très vieux berger allemand noir, sont de la partie !
Vous n’en saurez pas plus, cher lecteur, sinon que nos Laurel et Hardy vont faire du camping en Alsace, rencontrer une fille qui chasse le chevreuil (parce que l’avenir de l’humanité n’est pas dans les petits pois surgelés de chez Picard) et un nain habillé en mousquetaire, ils vont devoir se battre contre les multiples dérives de notre société : l’implantation d’une décharge industrielle de cinquante hectares dans une zone de marais où vivent « des dizaines d’espèces de reptiles, d’amphibiens et d’oiseaux tels le troglodyte mignon et le roitelet huppé, le plus petit oiseau d’Europe » et d’un Center Parc de deux cents hectares sur des terres sauvages d’une beauté incroyable.
Bref, la lutte va être serrée et sans concessions contre les serial-bétonneurs « qui détruisent tout, les forêts, le passé, la beauté, le sens de la vie, la dignité des hommes, mais pleurnichent sur Palmyre plastiqué par les islamistes », les vrais malades qui « veulent continuer à danser, à boire, à bouffer, à consommer, à se balader dans les airs, à faire un aller-retour à Londres pour acheter une paire de chaussettes Primark, à skier à Gonesse sur une piste indoor en plein été, à se baigner sous les tropiques dans les Vosges ! », alors que « deux cents ans de croissance ont épuisé la planète, ses ressources, son équilibre, son climat, sa biodiversité, sa flotte, tout. »
Vous l’aurez compris, derrière la comédie, le propos est bien sérieux ! On a assez rigolé comme ça, il va falloir se calmer, arrêter « la grande fête de la croissance, la fête du tourisme, des écrans plats et de la tour Eiffel illuminée » car oui, la fête est finie et bien finie !
Pas si léger que ça, finalement, le dernier livre d’Olivier Maulin !
Retrouvez Marie-Lare sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !