"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Cet hier qui ne m'appartient pas me manque parfois comme s'il était le mien. Il est vrai que je suis une nostalgique de la nostalgie. C'est un spleen qui me vient depuis la nuit des temps, peut-être inscrit dans mes gènes.Ma gorge se noue et les larmes affleurent quand j'entends de la musique arabe, du flamenco, du fado, du rebetiko, du kletzmer. Je regrette les lieux où je n'ai pas vécu, les époques où je n'étais pas née, les pays que je ne verrais pas, ceux où je ne reviendrai plus, les bons moments qui s'enfuient, tous ces mondes révolus que je ne connais que par le cinéma, par mes lectures ou par les souvenirs que j'emprunte.Toutes ces villes aussi d'où les Juifs ont presque disparu, Alexandrie, Berlin, Istanbul, Cracovie, Odessa, Bagdad, Saint-Pétersbourg, Vienne...Et Tunis avant notre départ. » Dans ce récit puissant et mélancolique, Michèle Fitoussi dresse un portrait magnifique de ceux qu'elle appelle sa « famille de Pantin ». Oncle Pap, Tante Pim, Sarah, Albert et les autres, parents, cousins ou grands-parents de l'autrice, revivent leurs destins d'exilés sous sa plume tendre. À travers eux, c'est l'histoire de tous les Juifs de Tunisie qui est convoquée, afin que demeure, toujours, une trace de leur passage.
Hasard de mes lectures du moment, je viens de lire deux textes sur les grands parents d'écrivaines, qui ont vécu en Tunisie. "Fille de Tunis" d'Olivia Elkaim et "La famille de Pantin" nous parlent des grands parents, parents des auteures, qui ont quitté la Tunisie lors de son indépendance et la fin du protectorat français.
Ces deux textes m'ont permis de découvrir des épisodes de l'histoire de la Tunisie, la relation entre ce pays et la France, l'Italie. Les deux auteures nous parlent de l'histoire avec un grand H mais aussi des histoires personnelles des leurs.
Elles se questionnent aussi sur les racines familiales, sur les histoires familiales, sur les non dits dans les familles.
Michèle Fitoussi a décidé de raconter ses ancêtres, en partant de la famille de Pantin, ou plutôt sur les tombes de sa famille. Et c'est une sorte de pèlerinage, qu'elle fait avec ses parents et elle retrouve des oncles, tantes, cousin(e)s.
L'auteure va alors "enquêter" sur certains membres de sa famille, et elle va se questionner sur elle, sur sa vie, sur ses choix.. Elle va même faire un test ADN qui va lui dévoiler les pourcentages de ses origines : juive tunisienne à 85 %, asiatique, grecque et italienne à 2 %, il lui a également révélé sa part ashkénaze à hauteur de 13 %. Ce résultat d'ADN va alors lui permettre de nous raconter l'histoire de la Tunisie, région de passage, de métissage, de convoitise..
Elle nous parle des racines familiales, des traumatismes et de l'identité.
De beaux portraits de membres de sa famille, de réunions de famille et de l'importance de la nourriture, ce texte est imprégné des effluves de beignets au sucre, de bricks à l’œuf « dégoulinants de jaune », de fricassés au thon, de couscous, de poisson grillé arrosé d’huile d’olive et de citron, des mininas, des makouds, du osban, de l’akoud, des tajines, sans oublier les bombolonis, . Les « prières expédiées entre deux éclats de rire » lui donnent une occasion supplémentaire d’évoquer, avec gourmandise, la pkaïla de Rosh HaShana, le msoki de Pessah, la glace au sabayon, le boulou ou encore les boules au miel…
Elle va alors réfléchir à sa judéité, même si elle n'est pas pratiquante.
"Il y a tant de façons de se sentir juif, les miennes tiennent en deux mots, fierté et fidélité. La fierté d'appartenir au peuple du Livre, des textes, de l'interprétation, du questionnement et de l'intelligence. La fidélité à une histoire, une cellule des valeurs, des traditions que je me sens libre de ne pas respecter et qui pourtant m'émeuvent;"
"Comme la mienne, leur judéité passe par la famille et par la nourriture. Ce qui est encore une énième façon d'être juif" (p86)
J'ai aimé rencontrer cette famille de Pantin et déambuler dans les pages historiques, sur la Tunisie, sur l'histoire des juifs errants, mais aussi sur l'histoire plus personnelle de l'auteure et certaines références, qui m'ont donné envie de (re)lire "Belle du seigneur" d'Albert Cohen (Moi aussi, comme Solal, j'ai voulu me retirer et, comme lui, je suis revenue", lire Albert Memmi, Nina Moati, Gisèle Halimi (en particulier "Kahina"). Mais aussi partir en Tunisie, parcourir les rues de Tunis, de Livourne,
#LafamilledePantin #NetGalleyFrance
Quel parisien n'a pas de famille à Pantin? On lui rend visite les jours anniversaire, les veilles de fête pour les uns, à la Toussaint pour les autres. Et oui cette famille, ce sont nos morts, ceux dont la dernière demeure est au cimetière de Pantin.
Pour Michèle Fitoussi, cette visite se fait toujours en famille, c'est l'occasion de revoir les tantes, les oncles, les cousins mais aussi et surtout c'est l'occasion de faire revivre cette famille de Pantin.
Les voyages à Tunis en sont une autre, les souvenirs d'enfance remontent en même temps que les odeurs, les goûts.
Ce livre est les récit de ce retour aux sources de Michèle Fitoussi. Elle part à la recherche de ses ancêtres, découverts grâce à la généalogie. Qui étaient-ils? Où vivaient-ils? Que faisaient-ils?
L'auteure se redécouvre dans ce voyage dans le passé. Ce livre est aussi l'occasion de nous faire découvrir la vie des juifs tunisiens au fil du temps et plus largement l'histoire des séfarades.
Elle se questionne sur ce qu'est qu'être juif, surtout pour une non pratiquante.
Cette biographie est très bien écrite. Toutefois, elle n'est pas évidente à lire par celui qui cherche un roman, il n'accrochera pas. Le récit se situe entre introspection et cours d'histoire.
J'ai appris beaucoup en le lisant mais j'avoue ne pas l'avoir lu d'un seul tenant. J'ai eu besoin d'un roman plus fluide au milieu.
En conclusion, un livre à lire si l'histoire des juifs tunisiens vous intéresse.
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