"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Une nuit, Annie a disparu de son lit. Il y a eu des recherches. Tout le monde imaginait le pire. Finalement, au bout de quarante-huit heures, ma petite soeur est revenue. Mais elle ne voulait pas - ou ne souhaitait pas - dire ce qui s'était passé.Quelque chose lui est arrivé. Je ne peux pas expliquer quoi. Je sais juste que, quand elle est rentrée à la maison, elle n'était plus la même. Elle n'était plus ma Annie. Je ne voulais pas avouer aux autres et encore moins à moi-même que, parfois, j'avais peur d'elle.Et puis, il y a deux mois, j'ai reçu un e-mail : Je sais ce qui est arrivé à votre soeur. Ça recommence...»
"Personne n’est le bienvenu à Arnhill. C’est un endroit glacial, sombre, aigre, renfermé sur lui-même, qui voit les visiteurs d’un mauvais oeil. A la fois stoïque, inébranlable et fatigué. C’est le genre de village qui vous accueille d’un regard de biais et salue votre départ d’un crachat dégoûté."
Avec un style simple C.J Tudor met dans le mille avec justesse et simplicité, les habitués de l’autrice retrouverons des effets que Stephen King emploi. On aborde le thème de la famille, le remord la quête de la vérité et une forme de vengeance. Des flashbacks vont ponctuer l’histoire. Mon bémol est que le roman manque d’homogénéité suivants les passages.
Joseph Thorne est de retour dans la petite ville minière sinistrée d’Angleterre dans laquelle il a grandit. Il est criblé de dettes de jeu, sans femme ni enfant, il postule pour devenir professeur dans le lycée où il a été élève il y a longtemps. Il emménage dans la seule petite bicoque à louer disponible, et si elle est à louer c’est que personne n’en veut puisque c’est le théâtre d’un double meurtre récent. Il y a presque 30 ans, la petite sœur de Joe, âgée de 8 ans, a disparu pendant 24h avant de revenir sans rien dire de ce qui lui était arrivé. Peu de temps après, elle est morte dans un accident de voiture avec leur père. Joe, lui, sait bien que la petite fille qui a réapparu n’était pas tout à fait sa sœur, et il sait bien pourquoi, et qu’il en est directement responsable. Revenir dans cette ville oubliée de tous est peut-être l’occasion d’exorciser enfin cette histoire qui le ronge comme de l’acide. Pas évident de résumer l’intrigue de « La Disparition d’Annie Thorne », l’intrigue est assez dense et il ne faut pas trop en dire. Après « L’Homme Craie », C.J. Tudor opte pour la même technique de narration, le présent avec un adulte qui se souvient dans des chapitres de flash back de son enfance où un drame à eu lieu, et qui compte bien aujourd’hui solder les comptes. Stephen King ne renierait pas ce roman, tant il peut parfois faire penser à « Cà ». Je me doutais que le surnaturel ne mettrait pas longtemps à pointer le bout de son nez et je n’ai pas été déçue ! On devine assez vite ce qui se joue ici, on est entre « Cà » et une célèbre série de film d’horreur hollywoodiens (que je ne citerais pas car ça en dirait trop sur l’intrigue). Ce n’est pas follement original, le roman à un petit arrière gout de déjà vu mais malgré tout, le livre est efficace et on décroche difficilement. Peut-importe qu’on devine assez vite vers quoi on se dirige, l’intrigue fonctionne, les personnages sont plutôt bien croqués, pas trop caricaturaux. Il y a de temps à autre une pointe d’humour, c’est écrit avec une certaine fluidité et C.J. Tudor n’abuse pas des artifices de genre type suspens de fin de chapitres. On a même droit à une petite fin ouverte, comme dans les films d’horreurs américains. Là encore, rien d’ébouriffant mais je le répète, le tout fonctionne bien et si on est amateur du genre, on passe un bon moment d’angoisse en compagnie de Joe Throne, de ses souvenirs, de ses angoisses et de cette petite sœur qu’il aimait tendrement, qui le suivait partout et qui un jour, à disparu pendant 24h avant de revenir sans explication.
La Disparition d'Annie Thorne, The Taking of Annie Thorne ou The Hiding Place en version originale parue en 2019, dont la traduction française a été publiée par les éditions Pygmalion en 2019 et par les éditions J'ai Lu en avril 2020.. Le style est simple, privilégiant le mot juste dans des descriptions soignées, démontrant un réel talent pour la mise en scène, donnant vie en quelques mots seulement: "Une élégante Fiat blanche dans l'allée; un vélo appuyé contre la façade; des bottes en caoutchouc abandonnées juste derrière la porte. Une maison familiale. Le genre d'endroit qui d'ordinaire, même vide, bourdonne de vie." (Page 9). Tout le récit, mis à part le prologue, est raconté à la première personne par le narrateur, Joseph Thorne, restreignant la vision du lecteur à son seul point de vue.
Construction: prologue: description détaillée d'une scène épouvantable, plongeant d'emblée le lecteur dans l'horreur. Ensuite, le narrateur raconte l'histoire illustrée de ses souvenirs personnels et de flash-backs de 1992.
Fil rouge: les tragédies qui se sont déroulées au collège Christophe Manning, notamment celle de Julia et Ben Norton.
Après de nombreuses années d'absence, Joseph Thorne revient s'installer à Arnhill suite à la réception d'un mail énigmatique, faisant référence à une tragédie qui a endeuillé la vie de sa famille, vingt-cinq ans plus tôt: "Je sais ce qui est arrivé à votre sœur. Ca recommence." Qui est l'expéditeur de ce mail? Que sait-il exactement? Et pourquoi lui envoyer précisément maintenant?
Joseph parvient à se faire embaucher comme professeur dans son ancien collège. Il s'installe dans le cottage où Julia et son fils Ben ont vécu et sont morts, ce qui semble déplaire aux habitants du village, dont certains lui font comprendre leur désapprobation de manière bien peu courtoise...
Lorsque Joseph était âgé de quinze ans, sa jeune sœur Annie, alors âgée de huit ans, a disparu sans laisser aucune trace, puis elle est revenue. Mais plus rien n'a été comme avant. Tout comme le jeune Ben qui avait lui aussi disparu pendant 24 heures, deux mois avant son brutal décès. Simple coincidence? Même histoire que celle d'Annie?
Joseph se lance dans une quête dans le passé, tentant d'apporter des réponses aux questions laissées en suspens pendant toutes ces années. Mais pourquoi s'invente-t-il une biographie? Pour quelle raison ment-il à propose de sa sœur? Quels secrets cache-t-il et dans quel but?
Des décors peu accueillants, aussi lugubres et inquiétants que cette sombre histoire de disparition d'enfants et de meurtres sordides, dont la noirceur est sublimée par un vocabulaire "choisi", propre à donner un aperçu précis de l'état d'esprit des habitants et de l'enfant prodigue:
Région du Nottinghamshire: "Endroit incolore, plat, dépourvu de la vitalité qu'on est en droit d'attendre de la campagne. Comme si les mines qui ont jadis prospéré ici avaient aspiré toute vie de l'intérieur." Comme si les événements tragiques qui s'y étaient déroulé y avaient définitivement apposé leur marque.
Arnhill: à l'image de la région, Arnhill est un "endroit glacial, sombre, aigre, renfermé sur lui-même, qui voit les visiteurs d'un mauvais œil. A la fois stoïque, inébranlable, fatigué. C'est le genre de village qui vous accueille d'un regard de biais et salue votre départ d'un crachas dégoûté." ..."En dehors d'une ou deux fermes et de quelques cottages anciens en pierre en périphérie, Arnhill n'a rien de charmant ou de pittoresque...Des rangées de maisons mitoyennes en briques couvertes de suie s'alignent le long de la grand-rue, ainsi qu'un pub miteux, le Running Fox...Le Wandering Dragon voisin, guère plus qu'une baraque à frites, est lui aussi demeuré hermétique au progrès, à toute trace de peinture fraîche ou à un quelconque changement de menu." (Pages 19-20).
=> Que peut-on attendre d'un lieu aussi sinistre et désolé sinon drames et événements tragiques?
Arnhill Academy: "La première chose qui me frappe est l'odeur. Tout établissement scolaire possède la sienne. Dans les lycées modernes, c'est celle du désinfectant et du nettoyant pour écran. Dans les écoles privées, de la craie, du parquet en bois et de l'argent. Arnhill Academy sent le vieux burger, les toilettes et les hormones." (Page 22).
La Houillère: le sentiment de triste désolation qui nous a suivi tout au long de notre progression dans les arcanes de cette histoire nous prend ici à la gorge, comme si la Houillère concentrait toutes les noirceurs d'Arnhill: "J'observe autour de moi les ondulations des lignes brunes et vertes. De l'herbe éparse et des buissons épineux, des pentes caillouteuses glissantes et de profondes cavités remplies d'eau marécageuse d'où émergent des roseaux." (Page 222).
En conclusion:
C.J. Tudor, nouvelle figure du thriller britannique, sait distiller le suspense avec maestria, faisant monter l'angoisse peu à peu: "Le palier est glacé. Il n'ay a pas de radiateur à l'étage. Mais ce n'est pas ça. Ce n'est pas un froid naturel. Pas le genre de température qui m'a accueilli à mon arrivée dans le cottage. Ce froid-là est différent. Un froid insidieux...Le genre de froid qui s'insinue dans les os et s'installe, comme un gros glaçon, dans les entrailles." (Page 81). Joseph raconte l'histoire de sa soeur au compte-gouttes, sans rien dévoiler vraiment: "Elle avait souri...Et c'est alors que j'avais compris ce qui avait mal tourné. Ce qui avait terriblement, horriblement mal tourné..." (Page 211).
Le +: les pensées du narrateur en aparté, comme s'il entretenait avec le lecteur un dialogue intérieur au fil de ses réflexions, de ses questionnements, de ses avancées aussi, faisant de lui une sorte de confident.
Un second opus à la hauteur des espérances formées après la lecture de L'homme craie: suspense habilement sécrété, des personnages tourmentés, à la psychologie fouillée, dont aucun n'est franchement tout bon tout méchant, des décors en adéquation avec l'histoire, une intrigue habilement mise en scène...Bref, tous les ingrédients pour vous faire frissonner...
J'ai passé un très bon moment de lecture. Certes l'idée n'est pas originale (Stephen King entre autre l'a déjà exploitée) mais le ton et les personnages rendent la lecture très prenante. J'ai particulièrement apprécié les flash-backs et l'histoire du village d'Arnhill. Ce roman mêle savamment suspens, fantastique et angoisse mais j'avoue qu'il m'a manqué les frissons de terreur qu'auraient dû provoquer les scènes les plus sombres du livre.
Bref une lecture sympathique qui ne me donnera pas de cauchemars
Ce thriller, qui ne manquera pas de plaire aux fans d’histoires semi horrifiques, n’a hélas pas du tout fonctionné avec moi.
Comme bien souvent avec les lectures, le moment choisi et l’état d’esprit comptent beaucoup.
Mais parlons d’abord du livre.
Alors qu’il était adolescent, la petite sœur de Joe Thorne a brutalement disparu. Pour mystérieusement réapparaître deux jours plus tard…
Si Joe remarque rapidement que sa sœur n’a plus l’air d’être elle-même, il n’aura malheureusement pas le temps de comprendre pourquoi. En effet, quelques jours plus tard, un autre tragique événement lui arrache de nouveau sa sœur et son père.
Devenu adulte, il reçoit un étrange message d’un inconnu, l’avertissant que « ça recommence ».
Joe décide alors d’accepter un poste d’enseignant dans sa petite ville natale afin d’essayer de résoudre cette énigme. Et, par la même occasion, met de la distance entre lui et un dangereux usurier à qui il doit une grosse somme d’argent.
Si réponse il y a, elle doit se trouver dans la mine abandonnée où il allait jouer avec ses amis à l’époque…
L’auteure de « L’Homme Craie » (que j’avais beaucoup aimé) nous offre donc ici une sombre histoire aux multiples facettes, qui ravira les amoureux du genre.
Pour ma part, je n’ai, cette fois, adhéré ni à la trame de fond, ni à son rythme.
Pour la trame, la raison est simple : j’ai lu ce roman juste après avoir perdu mon frère. Lire un thriller parlant de deuil fraternel n’était évidemment pas une bonne idée, et même en le reprenant quelques semaines plus tard, je n’ai jamais pu m’immerger dans l’histoire.
Mais c’est là un ressenti purement personnel, et beaucoup de lecteurs y parviendront sûrement sans peine.
Pour ce qui est du rythme, la mise en place des différentes intrigues et des nombreux personnages m’ont longtemps fait attendre que l’histoire démarre.
C’est un choix parfaitement logique, vu le nombre d’informations que l’auteure nous fournit, mais qui, dans ce thriller, n’a pas du tout fonctionné avec moi.
C’est donc un avis mitigé, mais très largement influencé par une difficile période personnelle.
Une opinion étant par définition forcément partiale, n’hésitez pas à vous faire la vôtre !
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