Encore plus de découvertes, auteurs à suivre et lectures indispensables
Mai 2016. Dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : mariée depuis plus de vingt ans à un écrivain à succès sur le déclin, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays... Avec ce nouveau roman, Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au coeur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté.
Encore plus de découvertes, auteurs à suivre et lectures indispensables
Alma Revel est juge d’instruction du pôle antiterroriste de Paris. C’est à dire que cette femme, mère de 3 enfants, auditionne des « revenants » de Syrie, conseille ou non de les maintenir en détention, propose ou non qu’une seconde chance leur soit accordée. Alma encaisse toute la douleur du monde dans son bureau : la haine des djihadistes, la rancœur des familles de victimes, la lâcheté des politiques, la méfiance des policiers, elle doit tout intérioriser et prendre, au cas par cas, dans le secret de sa conscience, des décisions. Elle a pour amant depuis quelques mois Emmanuel, un flamboyant avocat qui défend un de ces revenants. Evidemment, c’(était inévitable, vient le moment où elle doit décider si elle peut recommander la libération du client d’Emmanuel.
Le roman de Karine Tuil est une plongée dans le monde de la justice anti-terroriste. Elle raconte l‘histoire d’une décision, celle d’Alma, à la première personne. C’est une décision qu’Alma doit prendre : libérer ou maintenir en détention un jeune père de famille qui revient de Syrie. Elle prend sa décision d’abord à partir des auditions, longues et nombreuses qu’elle mène (toute la première partie du roman) mais pas seulement. Sa vie personnelle est en vrac, son couple est en perdition, elle a succombé au charme d’un avocat charismatique qui, quoi qu’il en dise, consciemment ou pas, cherche à l’influencer. Cette décision est une sorte de point de convergence entre le concret, le factuel /l’impalpable, le ressenti. Toute cette première partie est très réussie, certes on peut trouver que la part laissée dans le récit à la vie personnelle d’Alma sembleparfois trop importante mais ce n’est qu’une apparence : tout concoure à la Décision, même son passé familial. Une fois la décision prise, au milieu du roman, le livre bascule dans une sorte de spirale cauchemardesque, impossible d’en dire plus ans trop en dire. Mais quand même, le premier chapitre du livre est une sorte de flash forward qui ne laisse quand même pas beaucoup de doute sur la tournure que va prendre l’histoire d’Alma et de sa « Décision ». Parce que tout est raconté à la première personne, parce qu’apparemment le roman est ultra documenté, on ressent presque physiquement la pression, la tension qui est celle d’Alma. Ce travail, ô combien indispensable aujourd’hui en France, apparaît presque comme inhumain : Alma est agressée de toute part, la moindre erreur de sa part met des vies en jeu, il faudrait qu’elle soit une machine et pourtant il n’y a rien de plus humain d’une décision. Elle apparaît comme une sorte de victime expiatoire au terrorisme : elle incarne l’ennemi quel que soit celui qui lui parle, elle personnalise l’État comme si elle était comptable de tout (le nombre de place de prison, la Diplomatie Française, la qualité du travail de la Police, de celle du Renseignement…), elle est menacée en permanence, doit vivre sous protection, personne ne peut supporter une pression pareille H24 ! Pourtant, tout apparaît douloureusement crédible dans ce roman. C’est difficile de ne pas être happée par le récit et étouffé par la pression inouïe qui se déploie, page après page, sur Alma. Toute la seconde partie est lourde (même un peu plombante) mais difficile de lâcher ce roman. L’impression d’ensemble est que la vérité du terrorisme est une vérité que nous, en occident et malgré les attentats de 2015, ne parvenons pas encore bien à cerner. La psychologie des islamistes nous est encore inaccessible. On a beau faire des études sur le sujet, consacrer des thèses, des rapports, des expertises, il y a entre eux et nous un gouffre abyssal. C’est un roman assez pessimiste, qui ne respire pas l’espoir en l’avenir, certains pourraient même le trouver politiquement tendancieux. Mais sur un sujet pareil, difficile de faire consensuel. Je recommande chaudement, mais tout en prévenant : certains passages sont choquants.
Une plongé au coeur de la justice avec une juge d'instruction de l'antiterrorisme, l'héroïne de ce livre devra faire des choix dans sa vie privé et professionnel pouvant avoir de lourde conséquence. Récit captivant, une analyse méticuleuse et documenté, on ressent la tension, la douleur et les peur. Un livre qui ne nous laisse pas indemne. Psychologie humaine, Justice, Tragédie, Procès, Coulisse et Décision.
Un sujet difficile pour beaucoup d'entre nous, que ce soit d'un point de vue social, religieux, politique ou éthique et j'en attendais beaucoup. Trop sans doute.
Le parti-pris d'une narration à deux niveaux, l'un professionnel avec les auditions par la juge et l'autre personnel avec les doutes et les émois sentimentaux de la femme, m'a très vite lassé.
Jusqu'au bout, je me suis dit qu'il y aurait un sens à tout ça, mais non en fait. Ou alors avec des ficelles qui s'apparentent plus à des cordes qu'à un délicat fil de soie.
Déstabilisée par le délitement de son couple, Alma noue une relation avec l'avocat de la défense, qui est riche et beau, coureur mais amoureux, et c'est merveilleux mais pas que, parce qu'il a sa face cachée (Barbara C., es tu là ?). Mais il défend avec fougue, ce jeune homme, égaré en Syrie par une sentiment d'échec, issu d'une famille difficile, enfance malheureuse, et qui mérite une seconde chance avec sa femme et son enfant.
Quand à Alma, elle pense beaucoup à son amant, un peu à ses enfants et à son mari, dont la foi et la pratique religieuse sont en plein essor et ça a toujours été compliqué de concilier leurs éducations, ...
Et de temps en temps, elle pense aussi à l'affaire, mais juste sous l'angle "Et si je me trompais ?". Je comprends que c'est le cœur de l'intrigue, le titre est très clair sur ce point, mais pourquoi tant de caricature sociale et religieuse sur ces 4 personnages et pourquoi aller jusqu'à mêler sa fille, qui apparait soudain (polytechnicienne bientôt dans une université américaine) à tout ça à la fin ?
Bref, des passages d'auditions intéressants, mais sans plus et trop peu de réflexions sociales et étiques à mon goût. Je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec L'Intérêt de l'enfant de Ian McEwan, qui m'est apparu bien plus profond psychologiquement et socialement parlant.
Être juge est un métier difficile ; chacune de vos décisions impacte une personne, une famille ou bien une victime ou la société.
Alors quand on est juge anti-terroriste et que pèse sur vos épaules le choix de libérer ou non un jeune homme qui revient de Syrie en prenant le risque qu'il commette un attentat...
Voici ce que raconte ce roman, la décision que doit prendre Alma.
Et puis, comment cet engagement professionnel impacte sa vie, son couple, ses enfants ; là aussi il faut prendre une décision.
L'écriture est ciselée et percutante.
L'alternance entre les interrogatoires, les pensées de la juge, les pressions de son mari ou son amant font monter la tension crescendo.
Un roman très bien construit, sombre, qui ne tergiverse pas avec les manipulations religieuses mais dont la fin m'a paru "too much" (exactement comme dans son roman "Les choses humaines").
Il n'en reste pas moins que j'ai retenu mon souffle tout au long du récit en sachant que tout cela est très, trop proche d'une réalité qui peut nous toucher à chaque instant.
Alma Revel est juge. Mais pas n’importe quelle juge : elle exerce ses fonctions au sein du pôle antiterroriste. Un poste clé où la pression est permanente, surtout en ce mois de mai 2016 où elle doit prendre la décision de remettre en liberté, ou non, Abdeljalil Kacem, un jeune homme de retour de Syrie où il avait rejoint l’Etat Islamique. A cela s’ajoute une vie personnelle compliquée, entre un mari dont elle s’est éloignée et un amant, avocat de Kacem. Alma va prendre la décision de libérer Abdeljalil, un choix lourd de conséquences.
Il n’y a pas de grand mystère dans ce roman, on sait assez vite que le jeune homme qu’Alma décide de remettre en liberté va commettre un attentat. Quand, comment, avec quelles répercussions, c’est plutôt cela que le lecteur va découvrir au fil du récit.
L'ensemble de la lecture a été compliquée. Peut-être parce qu’il s’agit d’un sujet extrêmement contemporain, que les attentats de 2015 notamment ont largement été documentés par des personnes ayant vécu ces événements terrifiants, qu’il s’agit d’une émotion assez récente, il a été difficile d’entrer dans l’histoire par le prisme du roman et d’un personnage fictif.
Petit à petit, grâce au travail de documentation sur l’action du pôle antiterroriste qui rend l’histoire assez crédible et au personnage d’Alma, très fouillé, on entre un peu dans l’histoire. Mais jamais complètement, certaines pages d’explications restent assez didactiques, comme si Karine Tuil ressortait simplement et froidement ce qu’elle a appris au cours de son travail de recherche sans y mettre l'émotion nécessaire au passage au romanesque.
Le jeu du chat et de la souris qui s’installe entre Abdeljalil et la juge est assez intéressant et les transcriptions des interrogatoires sont peut-être les moments les plus intenses du récit. La complexité du métier d’Alma est alors clairement exposée. Car en effet, ce n’est jamais qu’un être humain qui juge un autre être humain, avec toute la subjectivité que cela implique. Sauf que les décisions qui sont prises peuvent être lourdes de conséquences.
En parallèle de cette décision professionnelle, Alma doit aussi en prendre une personnelle, à savoir divorcer ou non de l’homme avec qui elle est mariée depuis vingt ans et avec qui elle a eu trois enfants. Très franchement, ce n’est pas la partie la plus intéressante, et les atermoiements d’Alma sur sa relation matrimoniale et avec son amant ne sont pas très palpitants. Même si cela peut éventuellement avoir une incidence sur sa décision, mais cela ne reste pas claire. Et puis, il semble que Karine Tuil en rajoute une couche avec ce mari, juif, qui se découvre des envies de pratiquer et de revendiquer sa religion. Comme s’il avait fallu faire contrepoids au personnage d’Abdeljalil. Un curieux parti-pris.
Quant à l’événement de la seconde partie (et presque fin du roman) qui touche intimement Alma, s’il est prévisible, fallait-il néanmoins à ce point tomber dans le pathos ? Prendre la contre-pied de ce qui était attendu aurait sans doute été plus pertinent. Et la mauvaise conscience d’Alma aurait pu s’exercer tout autant.
Une lecture en demi-teinte donc sur un sujet sans doute encore trop sensible pour être traité de cette manière.
Quel roman!
Il est des décisions pour lesquelles les conséquences peuvent être plus ou moins impactantes.
Alma Revel est juge antiterroriste, tous les jours, elle doit statuer sur la possible dangerosité d'hommes et de femmes.
L'histoire commence alors qu'elle est appelée à comparaître dans une affaire terroriste. Afin de comprendre ce qui l'a amenée là, Karine Tuil nous révèle le poids de son quotidien du point de vue professionnel mais également l'impact de celui-ci sur sa vie personnelle.
C'est donc à travers le cas d'un jeune homme soupçonné d'avoir rejoint l'Etat islamique en Syrie et d'être revenu en France pour "agir" que l'auteure nous expose les différents facteurs qui poussent les jeunes à se radicaliser. Les passages d'interrogatoires m'ont particulièrement glacé.
On prend conscience tout au long de cette histoire de la difficulté du métier, du danger auquel s'expose les juges, les inspecteurs, les avocats. Ainsi ils doivent composer avec les menaces quotidiennes à leur encontre ainsi qu'à l'encontre de leur famille... La décision de laisser en liberté des individus potentiellement dangereux n'est pas simple, il faut trouver le bon équilibre car en détention beaucoup se radicalisent également. Ensuite il faut vivre avec en espérant que leur intuition ne les a pas trompés et qu'il ne se passera rien.
Et parfois malheureusement ce n'est pas le cas... Et là, c'est avec la culpabilité qu'il faut composer...
Ce roman est remarquable car il nous emporte complètement. J'avais déjà une profonde admiration pour ces personnes qui se dévouent pour notre sécurité mais je n'avais pas conscience du poids que cela pouvait avoir sur leur vie. Karine Tuil a fait un travail d'investigation titanesque pour être au plus près de la réalité et c'est une belle réussite!
J'ai découvert ce roman dans sa version audio et j'en suis ravie car la lecture qu'en fait Florence Loiret Caille est très immersive : le ton de sa voix, le rythme, tout est parfait. Habituellement il me faut 2-3 chapitres pour rentrer vraiment dans un roman audio mais cette fois-ci j'ai été happée dès les premiers mots.
Ama Revel est juge antiterroriste. En mai 2016, elle doit se prononcer sur le statut d'un jeune homme, parti en Syrie rejoindre l'Etat islamique, de retour en France. Elle est marié à un écrivain en mal d'écriture qui se tourne de plus en plus vers le judaïsme orthodoxe. Leur couple traverse une crise, ils ne comprennent plus. Ama va entamer une relation avec l'avocat en charge de la défense du prévenu dont elle instruit l'affaire.
La décision qu'elle va devoir prendre est difficile : libérer un homme repenti ou libérer un potentiel terroriste ? tout est question de d'instruction et d'analyse du dossier.
Dans ce roman, on va assister aux entretiens entre le prévenu et la juge. On suit le cheminement de la réflexion et analyse de la juge avec ses questionnements. On assiste, on subit la pression au même titre qu'elle et on se demande où cela va nous amener et va t-elle arriver à déjouer la méthode de manipulation de Daesch ?
Avec ce roman, l'auteur a tenter de revenir sur les motivations de ce jeunes qui partent rejoindre l'EI, qui se radicalisent sans se rendre compte qu'ils sont manipulés, que l'on profite de leur situation de faiblesse pour leur faire miroiter un avenir meilleur. Mais cela monte aussi la difficulté de notre société à apporter des réponses à ces jeunes perdus et à endiguer cette violence sociale qui se meut en violence idéologique.
Le rythme du roman est lié à la tension de l'histoire et on a du mal à le lâcher tant que la décision n'est pas prise. Et là on se rend compte de la responsabilité qui pèse sur ces membres de l'appareil judiciaire.
J'ai beaucoup aimé ce roman mais petit bémol pour la fin qui me semble trop convenue même si bien amenée. J'aurai aimé quelque chose de plus subtil, de moins évident.
https://quandsylit.over-blog.com/2023/07/la-decision-karine-tuil.html
« La décision » de Karine Tuil est un livre coup de poing.
Je ne suis pas sortie indemne de cette lecture, elle m’a remuée ; qu’aurais-je pris comme décision ?
Peut-on prévoir toutes les conséquences de nos décisions ? surtout lorsque l’on est juge antiterroriste…
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J'ai découvert Karine Tuil avec son roman Les choses humaines. Un superbe pavé qu'elle jetait dans la mare de la course aux succès, aux pouvoirs et aux dégringolades qui naissent de toute rumeur au parfum de scandale. Une juste facette du reflet de notre société. D'après Emilie 77400, ce nouveau roman est dans la même veine. Explorer l'âme humaine et comprendre de l'intérieur d'une vie, ici une vie consacrée au service de la sécurité de nos pays. Mais à quel prix! Merci Emilie 77400 de m'avoir donné envie de suivre cette plume déjà appréciée par le passé.