"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Elle est la plus blonde, la plus belle, la plus myope, la plus sentimentale, la plus menteuse, la plus vraie, la plus déroutante, la plus obstinée, la plus inquiétante des héroïnes. La dame dans l'auto n'a jamais vu la mer, elle fuit la police et se répète sans cesse qu'elle n'est pas folle... Pourtant... Ce qui lui arrive est à n'y rien comprendre. On lui a cassé la main, dans une station-service. Juste la main, sans lui prendre l'argent. Comme pour lui dire que partout, où qu'elle soit, on pourra lui faire mal, par petits bouts, jusqu'à la fin, que jamais, quelle que soit la fuite, elle ne pourra être seule, libérée de ce qu'elle sait, du passé et de ce qu'elle cache...
La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil : un titre bien original pour un roman pour le moins original. Les 4 chapitres du roman ? la dame, l’auto, les lunettes, le fusil, ce dernier chapitre étant la révélation finale.
Dès les premières pages, on découvre une femme pour le moins perdue. Elle est par terre, dans des toilettes d’une station-service. Elle a été agressée. Par qui, pourquoi ? On ne le sait pas encore. En tout cas, c’est le point de départ de la narration de cette dame. Elle semble avoir oublié d’être venue le matin même dans cette station-service, d’avoir déposé son manteau chez une femme, voisine de cette station-service, d’avoir passé une nuit dans un hôtel,…
La veille, son patron lui a laissé sa voiture, une superbe Thunderbird, une marque américaine. Elle devait la ramener au domicile de son patron après l’avoir amené à l’aéroport. Seulement voilà, la dame dans l’auto rêve de voir la mer. Alors, elle finit par dévier et s’offrir un week-end, en allant voir la mer. Mais rien ne se passe comme prévu.
La dame dans l’auto n’a pas confiance en elle, elle est un peu mytho sur les bords et s’invente une vie personnelle pour impressionner ses collègues, elle est myope et donc porte des lunettes. Elle est belle et les hommes semblent tomber sur son charme facilement.
Ses rencontres vont la conduire à douter d’elle-même, d’autant plus quand elle va s’apercevoir qu’un cadavre est planqué dans le coffre de la voiture…
Cette lecture était particulièrement étonnante. Au départ, j’étais perplexe sur la narration et puis au fil de l’eau, le mystère s’épaissit. Rien ne semble logique. Mes prédictions sur la fin du roman ne se sont pas révélées vraies, c’est le moins que l’on puisse dire. L’auteur prend un risque avec cette fin, qui me semble un peu (beaucoup) tirée par les cheveux. Malgré tout, c’est bien le suspense grandissant au fil des pages qui fait la qualité de ce roman.
Dans la foulée, j’ai regardé le film avec Benjamin Biolay. J’ai trouvé que comme pas mal de films adaptés d’un roman, le film passe beaucoup sur des « détails » qui semblent pourtant important pour donner de la consistance aux personnages. Il y a beaucoup de paramètres qui sont survolés et la fin est d’autant plus tirée par les cheveux. Bref, une fois encore, pour la plupart des cas en tout cas, il vaut mieux lire le roman que de voir le film.
"Elle traversait, pleins phares, un rêve ni bon ni mauvais. Un rêve comme il y en a tant. Comme elle en faisait parfois, et ensuite on ne se rappelle plus."
Bon roman de Sébastien Japrisot qui a inspiré le film de Joann Sfar en 2015 et celui de Anatole Litvak en 1970.
Franchement, un très très bon roman
J'étais pressée de découvrir la plume de Sébastien Japrisot dont je connaissais l'oeuvre à travers le film Un long dimanche de fiançailles adapté du roman du même nom, et surtout du fabuleux L'été meurtrier avec la sublime Isabelle Adjani.
Son écriture m'a happée très rapidement. Très cinématographique, mais pour autant ciselé car il ne s'agit pas non plus d'un script, j'ai trouvé le travail narratif très recherché, se mettant au service des personnages.
Au bout de quelques pages, j'ai ri alors que Sébastien Japrisot ne parlait vraiment pas d'un thème marrant. J'ai su alors que tous les deux deviendrions très copains. Et ce sentiment ne m'a pas lâché jusqu'à la fin.
L'histoire débute pourtant banalement. Dany, secrétaire dans une boîte de publicité, est invitée à passer la nuit chez son patron afin de lui taper un manuscrit dont il a besoin pour le lendemain. Monneyant finance, Dany accepte. Le lendemain, son patron, qui doit prendre l'avion avec femme et enfant, lui demande de les conduire à l'aéroport. Elle n'aura qu'à redéposer leur voiture chez eux en rentrant. Oui, mais, Dany, qui n'a jamais vu la mer, décide de garder la voiture pour ce long week-end (pont du 14 juillet) et de ne la remettre à sa place qu'au retour de son patron. Cette escapade anodine se révélera profondément perturbante...
Tout le long, et c'est l'une des forces de ce roman, on se tient au côté de Dany, n'ayant ni plus ni moins les mêmes indices qu'elle. Quand elle pense devenir folle, on se dit "ben oui tiens, elle est folle" ; quand elle se dit que ses hypothèses, finalement, se tiennent, on se dit "ben oui, finalement, ça se tient" . Et le dernier chapitre réunit toutes les pièces du puzzle. Grandiose...
Ce roman écrit en 1966 est une merveille du genre. Plus qu'un policier, il s'apparente à un thriller psychologique; j'ai tremblé auprès de Dany. Je le verrais parfaitement adapté au cinéma, même aujourd'hui, car il reste très moderne. A moins que Claude Chabrol, dont l'atmosphère des films s'y serait bien prêtée, en ait déjà fait une adaptation.
En résumé, un roman que j'ai eu du mal à lâcher une fois commencé, en un mot, fabuleux.
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