"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Enfant, je n'ai jamais su d'où venait ma mère.» Arrivé à l'âge adulte, James McBride interroge celle qui l'a élevé et dont la peau est tellement plus claire que la sienne.
Il découvre l'histoire cachée de Ruth, fille d'un rabbin polonais qui a bravé tous les interdits pour épouser un Noir protestant en 1942. Reniée par sa famille, elle élève James et ses onze frères et soeurs dans la précarité, le chaos et la joie. Pour elle, peu importe la couleur de peau. Seul compte l'avenir de ses enfants. Ils feront des études, et ainsi choisiront leur vie. Tressant leurs souvenirs, James McBride raconte, plein d'amour et de fierté, une femme forte et secrète, lucide et naïve, imperméable aux préjugés : sa mère.
James McBride raconte sa mère Ruchel, puis Rachel puis Ruth, blanche avec un grand nez et qui parlait yiddish, dans un monde de Noirs, avec douze enfants métis, plus ou moins foncés.
En maternelle, il se rend compte que sa mère n'est pas Noire comme lui ou comme les mères de ses copains. Il en ressent un certain malaise. Pourtant elle refuse de dire qu'elle est blanche. Elle dit qu'elle a la peau claire.
On passe alternativement du récit de l'auteur qui raconte son enfance métisse dans un quartier noir avec une mère blanche, à celui de sa mère, qui elle, parle de son enfance juive, arrivée aux États-Unis en 1923, reniée un jour par sa famille quand elle a épousé un Noir, car son père les détestait tous. Elle en revanche n'aimait pas le judaïsme : "Peut-être est-ce pour ça que je ne suis pas juive à présent. Il y a trop de règles à suivre, trop d'interdits."
J'ai beaucoup aimé le parallèle entre ces deux enfances, ces deux vies. D'un côté la famille d'immigrants juifs, très stricte, sévère, un père cupide, raciste et même pire que ca. de l'autre cette famille très nombreuse, métissée, élevée dans deux quartiers de New York, Harlem puis Brooklyn, très modeste et bordélique dans son organisation mais avec des principes d'éducation strictes, où l'argent est secondaire car seuls comptent les résultats scolaires. Car pour Ruth, l'école est la clé de tout.
On se rend compte à quel point, en plus d'être raciste, l'Amérique était antisémite mais aussi combien certains Noirs détestaient les Blancs et le manifestaient au moment du Black Power. Ce qui d'ailleurs faisait trembler James McBride tant il craignait pour la sécurité de sa mère, qui elle, s'en foutait royalement. Reste que pour un métis c'était la double peine. Méprisé par les Blancs, et par un certain nombre de Noirs. La question raciale est le coeur de ce récit. Comment se construire quand on ne connaît pas la branche juive et blanche de sa mère, et quand on trouve très étrange de ne pas être de la même couleur qu'elle.
J'ai aimé cette histoire d'une famille atypique, de cette mère qui ne se préoccupait pas le moins du monde du qu'en dira-t-on et osait aimer des hommes noirs à une époque où ça ne se faisait pas, dans les années 40-50-60, qui n'avait jamais un sou mais a poussé ses douze enfants à faire des études. Cette femme qui aimait ses enfants sans jamais leur dire ni le montrer et les punissait à coups de ceinture. Sans doute parce qu'elle pensait que le monde est dur et qu'il fallait les endurcir.
Donc je résume : une mère née en Pologne en 1920, dans une famille juive dont le père, rabbin, méprise les goys et les Noirs, qui a émigré aux États-Unis pour s'installer dans un état du sud, qui occidentalise son prénom de Ruchel en Ruth, devient chrétienne, a douze enfants métis de deux maris noirs, qu'elle élève à New-York. Ça donne une histoire un peu folle et tellement vivante ! J'ai aimé le côté anarchique de la famille nombreuse, où on s'aime et se jalouse forcément. J'ai aimé le côté zéro tabou genre "c'est quoi une couleur ? Ça n'existe pas nous sommes tous des humains". Mais surtout j'ai trouvé étrange cette femme absolument pas matérialiste, généreuse mais brutale, très secrète, dont les enfants ne connaissaient pas le passé. C'est que son passé, elle aurait voulu pouvoir l'effacer, "l'enfer, le territoire interdit : son enfance juive". Elle finit cependant par raconter et on comprend qu'elle ait eu envie d'oublier tout cela. Mais c'était compter sans James, son huitième enfant, qui a eu le désir et sûrement le besoin d'aller à la recherche d'une partie de ses origines.
Cerise sur le gâteau, j'ai adoré la fin !!! Elle m'a émue, très fort. Car ce qu'il y a de plus beau, c'est que tout cela est vrai !
C 'est un livre étonnant d'une femmes blanche qui malgré la misère , a réussi à élever ses douze enfants noirs et à leur donner un avenir .Ils feront de hautes études et ainsi auront une belle vie .
j'ai adoré ce roman , cette famille peu commune , qui malgré le racisme les préjugés , et parfois certaines violences à réussi à sans sortir grâce à cette mère forte , très secrète et imperméable aux préjugés
Très bon récit, à deux voix, sur une famille mixte américaine pauvre, au XXème siècle.
Un chapitre porte sur la vie de l'auteur ; l'autre nous présente sa mère si volontaire mais pour qui, notamment, les études permettent de s'élever.
Les parcours de chacun ne sont pas faciles : famille pouvant être toxique ou aimante et protectrice, misère, racisme, drogue, religion.
Franchement bonne lecture où ressort l'amour d'un fils (qui n'a pas eu une jeunesse facile) pour sa mère (qui n'a pas eu une vie facile).
Très beau roman autobiographique de James Mc Bride, révélant deux histoires très différentes et pourtant sur plusieurs points similaires :
Celle de James tout d’abord, huitième enfant d’une famille nombreuse, pauvre et plutôt originale pour l'époque puisque mixte. Il grandit dans les années 50-60, effrayé de perdre sa mère, seule Blanche vivant dans un quartier habité presque exclusivement par des Noirs dans une période où le mouvement Black Power et les Black Panthers font parler d’eux. Déjà enfant, il s’interroge sur qui il est : est-il noir ou blanc ? Pourquoi sa mère n’est pas de la même couleur de peau que lui ? Est-ce que Dieu est blanc ou noir ?
Puis le chapitre suivant retrace le parcours de Ruth, sa mère. Issue d’une famille juive orthodoxe, dont le père est autoritaire et la mère effacée et soumise à son rôle d’épouse, elle grandit dans le Sud, où le racisme est omniprésent et où les communautés vivent dans un entre-soi. Longtemps, James et ses frères et sœurs n’ont rien su du passé de leur mère. Ils ne connaissent pas leurs ancêtres maternels et c’est ce silence qui pousse James à s’interroger sur sa mère : est-elle réellement sa mère ? D’où vient-elle ? Qui est-elle ? Pourquoi est-elle blanche et pourquoi prétend t-elle ne pas l’être ?
En résumé, ce roman est une quête identitaire et un hommage à une vraie force de la nature, Ruth, qui élève 12 enfants avec brio, en répétant inlassablement que l’éducation est la solution. Il retrace également deux périodes historiques charnières, indispensables pour comprendre les Etats-Unis d’aujourd’hui, pays gangréné par le racisme et le séparatisme.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !