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José, retraité solitaire et endurci, vit devant la télé. Ferdinand, dont la vie sonne aussi mal au bureau que dans son univers familial, subit une femme volage et une fille ado, véritable tête à claques qui le déteste. Auguste, la cinquantaine, est pris en tenaille entre une mère tyrannique et un père plutôt faible. Et Agnès, la quarantaine, toujours amoureuse d'hommes mariés, doit se rendre au chevet de sa mère qui agonise. Ses trois frères, des fardeaux qu'elle redoute, la supplient de venir à l'hôpital...
Pascal Gautier exploite l'un de ses thèmes de prédilection, ancien comme l'histoire de l'humanité : la relation parents / enfants, souvent ingérable, mais qui fournit à l'écrivain une source d'inspiration inaltérable, caustique et tendre. Après l'immense succès du roman Les vieilles, La clef sous la porte est, au vu du titre, une suite logique ou plutôt une sorte de retour sur le passé. Les personnages, doués d'une certaine espérance, se débattent afin de ne pas perdre pied. Aussi arriveront-ils, chacun à sa façon, à mettre la clef sous la porte et à choisir la liberté.
Auguste, Agnès, José, Ferdinand se laissent peu à peu couler dans des vies étriquées que leurs familles respectives semblent avoir à coeur de contrarier. Parents envahissants et acariâtres, épouse et enfants méprisants, mère à l'agonie interminable, solitude habitée uniquement par la télévision et le reflet démoralisant qu'elle donne du monde, rien n'est très jubilatoire dans ces histoires qui se construisent en alternance sans se croiser autrement que par l'évocation du Docteur Jacob. Les rêves de vie autre et ailleurs, les petites lâchetés, les résignations forcées enferment et enchaînent les personnages dans leur quotidien désespérant jusqu'à ce qu'un vague sursaut les incite à mettre "la clef sous la porte" et à reprendre les rênes de leurs existences.
Je ne suis pas parvenue à m'insérer dans ces histoires, ni à éprouver une quelconque empathie pour ces personnages et leurs vies pathétiques. Il me semble que le fil narratif est trop étiré, trop répétitif pour que je m'y accroche vraiment. Je crois que je suis hermétique à ce style grinçant et à cette construction éclatée.
Ils sont quatre, quatre à en avoir leur claque. De quoi? De tout!
Auguste, prof, la cinquantaine, est attendu par ses parents qui quittent à la belle saison leur appart douillet de Cogolin pour leur maison de Laragne. Alors, Auguste y va. C'est comme ça. Ça fait des années que ça dure, mais bon... il n'est pas marié, n'a pas d'enfant. Il est disponible donc.
Ferdinand vit avec Martine qui retrouve une seconde jeunesse dans les bras de Jean-Pierre Robert, le patron du Super U à la gourmette d'or, et avec Carla son ado-ado qui fait la gueule en ne quittant pas des yeux son portable. Et c'est dur!
Agnès, perchée dans son 6e sans ascenseur, subit les nuits agitées de son voisin et les appels téléphoniques de ses frères:" Bonjour soeurette" par ci, "Bonjour soeurette" par là. Sa mère se meurt, Agnès doit les rejoindre.
Enfin, José vit derrière sa télé: "Pas de femme. Pas d'ami. Et très peu d'objets." Bien sûr, il repense parfois à Gisèle qu'il avait rencontrée quand il était jeune mais il n'avait pas été capable de décrocher un mot pour la séduire. Alors, elle était partie.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui parle des gens, comme vous et moi (ah bon, chez vous, c'est mieux, tant mieux!) Je me suis attachée à ces personnages si humains, si désespérés et qui, un jour...
J'ai beaucoup ri aussi, je me suis amusée de toutes ces citations cachées dans le texte, de cette librairie Polycarpe "déserte comme il se doit", des lauriers qui ornent la maison du bon Dieu, des tourtons au clodo, des cadenas du Pont des Arts, des Noces harmoniques de l'Oasis de Cucuron, de la chorale des seniors de Montfavet invitée à chanter gratuitement pour les clients du Super U...
De l'humain, toujours de l'humain, encore de l'humain... alors j'aime!
http://lireaulit.blogspot.fr/
Chronique de la vie ordinaire en province, ce roman porte un regard amer sur les vies des petites gens. Loin de grands rêves de gloire, d’ambitions démesurées ou d’un destin fabuleux, le quotidien de José, Ferdinand, Auguste et les autres se limite surtout à se plaindre. Toute la litanie des petits soucis et des grands débats y passe : les impôts, les étrangers, la sécurité, les coût de la vie, la hiérarchie, la vie de couple, l’éducation ou encore la difficulté qu’il y a à communiquer avec les adolescents. Carla, la fille de Ferdinand, en est du reste l’illustration, presque jusqu’à la caricature. Elle est déjà sans illusions et presque sans avenir. C’est du moins l’impression de son géniteur : « C’est toujours facile de critiquer. Il sait qu’elle le prend pour un vieux débris. Depuis des siècles, la majorité des gens râle parce qu’elle n’a pas les mêmes avantages que ceux qu’elle envie. Ce n’est pas par conviction, idéal et tout le bazar. Il n’est quand même pas né de la dernière pluie, Ferdinand ! »
Seulement voilà, il arrive un jour où l’envie de se débarrasser de ses chaînes l’emporte sur la peur de l’avenir. Le jour où on se dit qu’après tout, on n’a plus rien à perdre, que quitte à mourir au moins on aura vécu quelque chose d’intéressant. Faut-il vraiment prendre son ticket dans la salle d’attente ? Faut-il vraiment accourir dès que sa mère annonce qu’elle est à l’article de la mort ? Faut-il continuer à vivre avec une épouse qui vous trompe allègrement ?
En répondant par la négative, l’auteur nous donne à goûter le parfum de l’évasion, (même s’il ne s’agit que d’une escapade au volant d’une camionnette) et nous offre une salutaire bouffée d’air du large. Vivifiant !
https://collectiondelivres.wordpress.com/2015/12/08/la-clef-sous-la-porte/
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