"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après L'Été des quatre rois, couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie française, Camille Pascal nous fait entrer cette fois de plain-pied dans le Versailles de Louis XV pour y surprendre ses amours passionnés avec la duchesse de Châteauroux. Subjugué par cette femme qui se refuse pour mieux le séduire, le jeune roi lui cède tout jusqu'à offrir à sa maîtresse une place qu'aucune favorite n'avait encore occupée sous son règne. Leur histoire d'amour ne serait qu'une sorte de perpétuel conte de fées si Louis XV, parti à la guerre, ne tombait gravement malade à Metz...
La belle Marie-Anne - adorée du roi, jalousée par la Cour, crainte des ministres et haïe par le peuple - devra-t-elle plier brusquement le genou face à l'Église et se soumettre à la raison d'État ?
Dans ce roman de la Cour, Camille Pascal plonge le lecteur dans les intrigues amoureuses, les cabales d'étiquette et les complots politiques d'un monde qui vacille.
Venez, accourez, je vous invite pendant quelques heures à observer les coulisses d’une histoire française au temps de Louis XV. Une histoire de quelques années entre Versailles, Paris, Choisy, Fontainebleau et Metz dans les flots du libertinage royal et des dessous d’une coterie prête à tourner casaquin ou gilet selon l’orientation des dentelles des favorites et des souffles du monarque.
Le jeune roi Louis XV est effondré. Sa maîtresse, la marquise Pauline de Vintimille se meurt après avoir accouché de Louis. Issue d’une très vieille noblesse française, la Maison de Mailly, elle avait d’autres sœurs : Louise qui fut la maîtresse du roi avant de rencontrer Pauline et Marie-Anne, marquise de la Tournelle qui deviendra la duchesse de Châteauroux, protagoniste de ce roman foisonnant, errant d’alcôves en alcôves dans une véracité historique exemplaire.
Rapidement, Louis XV tombe éperdument amoureux de Marie-Anne et n’hésite pas à user de tous les stratagèmes pour réussir à satisfaire les frémissements de son épée anatomique. Mais il doit s’armer de patience car la belle Marie-Anne n’est pas disposée à révéler ses charmes cachés et va s’assurer de recevoir moult avantages et garanties avant de dévoiler ses talents d’amante. Dans un royaume où les incursions intimes sont affaires d’Etat, l’un et l’autre s’appuieront sur deux êtres de confiance, l’un chaste, l’autre beaucoup moins : le cardinal de Fleury et le duc de Richelieu, ce dernier étant un personnage de roman à lui tout seul. Le roi de France et la future duchesse jouissent ensemble d’une volupté retrouvée jusqu’au jour où Louis XV tombe gravement malade, ses jours semblent comptés surtout avec l’aide d’un Diafoirus plus vrai que nature. L’Eglise, les rivales, les courtisans, la Reine et sa suite, tous orchestrent une sarabande vertigineuse devant l’imminence d’une danse royale macabre. Mais, entre deux saillies, le Duc de Richelieu veille…
Camille Pascal signe un roman époustouflant. Drôle et acrobatique, voluptueux dans la forme et rigoriste dans le fond, agitant la plume sur des personnages aussi historiques que modernes car, curieusement, peut-être bien férocement actuels. Cabrioles de mots au royaume des fantaisies de l’amour, de ses divins mensonges et trahisons qui ravissent l’esprit et font jaillir l’élégance de la langue française quand elle s’habille avec subtilité. « La chambre des dupes » s’est délicatement couchée dans la verve d’un Georges Feydeau mais veillée par l’éruditon d’un Alain Decaux.
Royalement orgasmique, « orgamisquement » royal !
Blog Le domaine de Squirelito => https://squirelito.blogspot.com/2020/12/une-noisette-un-livre-la-chambre-des.html
Les amours de la duchesse de Châteauroux avec Louis XV, racontées d'une plume allègre et informée. On regrette un peu que la littérature du temps ne soit pas plus présente, notamment Beaumarchais ou Laclos. Voltaire n'y fait que passer. L'Histoire apparaît dans les alcôves, sur les chaises percées, dans les lits des malades, sans omettre les détails désagréables : odeurs nauséabondes, visions écoeurantes, saignées etc. Les refrains populaires à la mode et la correspondance sont aussi exploités. Si l'érudition est parfaitement maîtrisée, on n'échappe pas à une trivialité lassante, par moments. Enfin l'image donnée du roi n'est guère flatteuse ; quant à la duchesse de Châteauroux, elle paraît plus ambitieuse qu'amoureuse. L'Histoire par le petit bout de la lorgnette.
Après deux de ses sœurs aînées, la belle et ambitieuse Marie-Anne de Mailly-Nesle devient à son tour l’objet de la passion amoureuse de Louis XV. Avec le soutien du maréchal de Richelieu, elle se hisse bientôt à la position de toute puissante favorite en titre, suscitant craintes et jalousies à la Cour de Versailles et s’attirant la haine du peuple français. Ayant poussé le Roi dans la guerre de succession d’Autriche, elle le rejoint à Metz où l’adultère royal publiquement exposé fait scandale. Mais Louis XV y tombe gravement malade, occasionnant un subit renversement de situation. Face à la pression de l’Église et des ministres sur un souverain affaibli, la maîtresse royale risque bien de choir brutalement de sa position…
Camille Pascal s’est imprégné d’une volumineuse documentation pour nous restituer, avec naturel et intelligence, les intrigues de Cour et les manœuvres politiques autour d’un Louis XV trentenaire qui commence à imposer sa propre manière de gouverner. On y perçoit un roi peu intéressé par la vie politique, plutôt casanier et sans beaucoup de charisme. Déjà transparaissent les grands traits qui altéreront l’image royale tout au long de son règne : l’inconduite de sa vie privée et les intrigues incessantes autour de ses favorites, ses velléités à gouverner seul alliées à un manque de fermeté qui l’amènent à contourner secrètement ses ministres plutôt que d’imposer clairement ses décisions, le mécontentement de son entourage qui multiplie les cabales et contribue à son impopularité croissante. A Metz se joue bien plus que la chute d’une favorite : c’est l’image-même de la monarchie qui en ressort écornée, tandis que l’humiliation publique de Louis XV exigée par le parti dévot motivera pour longtemps la haine du souverain envers les Jésuites.
Historiquement érudit, l’auteur réussit aussi à merveille à recréer l’atmosphère de cette Cour et la psychologie de ses personnages, prolongeant la restitution de leurs lettres authentiques de sa propre rédaction ironique et acérée parfaitement dans le ton. Il nous livre un tableau réaliste et vivant, dont les mille détails éclairent avec humour les failles et les ambitions d’un microcosme bien plus préoccupé par ses luttes intestines pour le pouvoir, la richesse et le plaisir, que par l’exercice de ses devoirs d’état.
Elégant et brillant, ce roman impressionne autant par la clarté de son analyse historique que par le brio de sa plume qui sait si bien rendre l’esprit et la langue de l’époque. Entre les combats sans merci pour s’y faire une place et la conserver, les fièvres que le charlatanisme médical rend encore plus terrassantes, et la peur de l’au-delà entretenue par un clergé avide de sa part du pouvoir, la Cour de Versailles n’y a jamais autant pris les allures d’un éblouissant, mais dangereux et fétide marigot.
La maîtresse du roi Louis XV vient de mourir. A la cour, les jeunes femmes sur les rangs pour lui succéder sont légion mais c’est sur Marie-Anne de la Tournelle, sœur de la défunte, que le souverain a jeté son dévolu. La belle n’hésite pourtant pas à le faire languir, se refusant à lui pour en obtenir encore plus d’avantages. Elle finit pourtant par céder, succédant ainsi à deux de ses sœurs dans le lit du roi et devenant au passage duchesse de Châteauroux.
L’histoire d’amour est donc lancée et la carrière de la duchesse aussi, jusqu’à ce que Louis XV parte en campagne et tombe gravement malade à Metz. La disgrâce semble proche pour la favorite et ses partisans, dont son oncle, le duc de Richelieu qui a largement œuvré pour qu’elle occupe cette place.
Ce roman traite d’une période assez courte, entre 1741 et 1744 durant laquelle Marie-Anne connaîtra les plus grandes faveurs ainsi que les plus grandes infortunes. Camille Pascal décrit avec précision et toujours autant d’humour les intrigues de cour, les alliances et les trahisons qui sont le quotidien de Versailles. Il dresse le portrait d’un Louis XV guidé par ses sentiments, prompt à renier ses amours lorsque la mort et l’Eglise frappent à sa porte. C’est en effet une époque où la foi et la peur de la damnation restent fortes et où les hommes d’église exercent un véritable pouvoir sur les âmes, fussent-elles royales.
L’auteur nous conduit avec sa verve habituelle à travers les méandres d’une cour où les alliances ont vite fait de se modifier, de se faire et de se défaire et où le favori d’aujourd’hui peut rapidement devenir l’exilé de demain.
C’est riche et passionnant. L’écriture de Camille Pascal nous plonge totalement dans l’histoire et nous apprend beaucoup de choses sans en avoir l’air.
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