La revue de Presse littéraire du mois de mars
Pas facile d'accepter son âge quand on a soixante ans, qu'on vit seule et que votre amant vous quitte pour faire un enfant avec sa jeune épouse. Soledad engage donc un gigolo de trente ans pour l'accompagner à l'opéra et rendre jaloux le futur père. Mais à la sortie, un événement inattendu et violent bouleverse la situation et marque le début d'une relation trouble, volcanique et peut-être dangereuse.
Soledad se rebelle contre le destin avec rage et désespoir, avec humour aussi, et le récit de son aventure se mêle aux histoires des écrivains maudits de l'exposition qu'elle prépare pour la Bibliothèque nationale.
La Chair est un roman audacieux et plein de surprises, l'un des plus subtils et personnels de l'auteur. Son intrigue touchante nous parle du passage du temps, de la peur de la mort, de l'échec et de l'espoir, du besoin d'aimer et de l'heureuse tyrannie du sexe, de la vie comme un épisode fugace au cours duquel il faut dévorer ou être dévoré. Le tout dans un style allègrement lucide, cruel et d'une ironie vivifiante.
Une grande romancière décortique avec acuité et humour les sentiments d'une séductrice impénitente aux prises avec les ravages du temps.
La revue de Presse littéraire du mois de mars
Thierry Daniel et Guillaume Konig, de la librairie Garin à Chambéry vous conseillent
Soledad, afin de rendre jaloux son ex-amant qui vient de la quitter, fait appel à un gigolo pour l'accompagner à l'opéra. Ensemble, ils assistent à un événement qui bouleverse cette relation établie et tarifée. Adam va alors se rapprocher de la jeune sexagénaire. Et, le trouble s'immiscer dans leur relation.
C'est un récit sans concession sur la vieillesse des corps, la solitude et la folie. J'ai aimé la réflexion menée sur la valeur accordée à la femme : puissante et reconnue dans son travail, cette séductrice, célibataire sans enfant, a pourtant à subir les assauts liés à l'exhortation du couple et de la maternité. Il y a aussi de jolies considérations sur les « dernières fois ». En parallèle, les destins des écrivains maudits que Soledad choisit pour la prochaine exposition de la bibliothèque nationale espagnole éclairent habilement le destin de l'héroïne.
En bref, un récit agréable qui joue sur le trouble et livre une réflexion sur la chair et son vieillissement.
Solelad, qui fête tout juste ses soixante ans avec un certain désespoir, se décide à engager un jeune escort boy, le temps d'un soir, pour l'accompagner à l'opéra, dans l'espoir de rendre jaloux son ex amant quarantenaire, qui l'a quittée pour une femme plus jeune. Mais ce qui ne devait être que le rendez-vous d'un soir ne s'arrêtera pas à la fin de la représentation où Soledad a emmené Adam, le beau russe qu'elle a choisi, puisqu' une relation assez toxique entre la sexagénaire et l'escort boy va contre toute attente se développer.
L'histoire qu'a choisie de raconter Rosa Montero est avant tout une réflexion sur le temps qui passe (trop vite), la peur de la solitude alors que les années passent, la peur des dernières fois, qui amène à faire un bilan de sa vie et sur le choix qu'on fait et qu'on regrette parfois... Cela touche évidemment, tant l'approche est pertinente, à tel point qu'il y a pas mal de passages accrocheurs qui font s'exclamer "c'est exactement ça!".
Le récit est aussi égrainé de multiples histoires assez intéressantes et vraies pour la plupart, d'écrivains maudits, qui aurait dû renforcer le plaisir de la lecture.
Cependant, pour ma part, je n'ai pas réussir accrocher au fond de l'histoire qui m'a semblé très peu réaliste (l'histoire autour de l'escort boy est un peu too much) et pas assez travaillée à mon goût. Au final, on referme le livre avec l'impression qu'il y avait une bonne idée de base mais que l'auteure a peiné à trouver vraiment matière à la développer et à broder autour. En d'autres mots, cette première lecture de Rosa Montero, écrivain reconnue, a été plus une déception qu'autre chose.
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"Et pourquoi les hommes de son âge ne lui plaisent-ils pas ? Peut être parce qu'elle ne voulait pas se reconnaître âgée, ou peut-être parce qu'elle avait encore besoin de vivre ce qu'elle n'avait pas pu vivre dans sa jeunesse."
« Cher lecteur, j’aimerais te demander un service. Et il s’agit de garder le silence. La tension narrative de ce roman repose sur l'erreur de croire que, dans la relation entre Soledad et Adam, le personnage potentiellement dangereux est…(…) si, on le raconte, la structure, le rythme et le mystère du texte tombe à l’eau. Un grand merci. » Il est bien rare qu’un auteur s’adresse en postface à son lecteur et plus rare encore qu’il l’enjoigne de ne quasiment rien révéler de son roman. La tâche du chroniqueur devient alors difficile. Je vais toutefois essayer de relever le défi, essayer tout à la fois de vous faire aimer La Chair tout en respectant le vœu émis par Rosa Montero de ne pas trop en dire.
Soledad a soixante ans. Un âge ingrat, surtout lorsque l’on vient d’être quittée et que l’on se retrouve seule au moment d’aller à l’opéra où le traître sera présent avec sa nouvelle conquête. Surtout lorsque l’on prend soin de s’étudier face au miroir: « Le corps était une chose terrible, en effet. La vieillesse et la détérioration s’y tapissaient insidieusement et l’intéressé était souvent le dernier à l’apprendre, comme les cocus du théâtre classique. »
Mais Soledad a des ressources. Elle gagne bien sa vie, prépare une nouvelle exposition sur le thème des artistes maudits, et décide d’avoir recours aux services d’un gigolo qu’elle trouve sur le site AuPlaisirDesFemmes.com et qui lui servira de chevalier servant pour ses sorties. Le jeune Russe est non seulement beau, mais charmant et attentionné et Soledad va finir va se laisser prendre au jeu. Tout en sachant que sa relation n’est pas amoureuse, qu’elle paie pour un service, elle va avoir envie d’y croire. Elle va passer beaucoup de temps à se faire belle, va avoir envie de faire des cadeaux à son jeune amant, un téléphone portable, une garde-robe, des repas dans les grands restaurants. « Elle commençait à se sentir désespérée qu’ils ne se retrouvent que pour faire l’amour, que leur relation reste enfermée dans la cage étroite de la clandestinité et de la routine. » Du coup, cette relation tarifée va virer à l’obsession. Elle va chercher à en savoir plus sur le beau gigolo, suit son emploi du temps à la minute, fait le guet devant son immeuble de la banlieue de Madrid, le piste durant ses déplacements. Un jour, elle le voit avec une métisse et un enfant, alors qu’il affirmait vivre seul. Pour en avoir le cœur net, elle va même endosser le rôle d’un agent de recensement pour faire du porte à porte dans l’immeuble.
Du coup, on se demande si le piège n’est pas en train de se refermer sur elle. Ne devient-elle pas dépendante, «folle» de son amant. Un peu à l’image de ces écrivains maudits qu’elle étudie et dont elle nous raconte les errements. Dans cette galerie, outre Philip K. Dick et Anne Parry, on trouve William Burroughs, Maria Luisa Bombal et Maria Carolina Geel, deux femmes écrivaines chiliennes du XXe siècle qui ont tué leur amant, Maria Lejáragga qui a laissé son mari endosser la paternité de son œuvre, sans oublier Josefina Aznárez, dont on aurait bien aimé qu’elle existât. Cette femme qui se fait passer pour un homme et dont la supercherie, au moment d’être découverte, va l’entraîner vers une fin tragique mériterait un roman à elle toute seule ! Mais comme promis, je n’en dirai pas davantage. Ayant commencé cette chronique par la postface, je la conclurai par le début, par une définition de la vie à la Soledad : « "La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n'avez pas encore vécu et celle de ce que vous n'allez plus pouvoir vivre. » http://urlz.fr/595Z
Soledad est une sexagénaire, spécialiste en histoire de l’art, conférencière, organisatrice d’expositions. Une femme dynamique et élégante, le genre de femme qu’on rêverait d’être à soixante ans. Sans enfant, elle mène une vie plutôt solitaire.
Elle a un penchant pour les hommes plus jeunes et souvent les hommes mariés, ceux qu’on ne peut rencontrer qu’en journée, ceux avec lesquels on ne peut jamais passer une nuit entière. Ainsi, Soledad entretenait une relation avec Mario, un quadragénaire marié, qui décide de la quitter pour retrouver sa femme enceinte.
Elle se réfugie dans le travail et l’organisation de sa nouvelle exposition autour des écrivains maudits. Mais voilà, le temps se joue d’elle, et Soledad commence peu à peu à trembler face à ce corps qui change, ces rides qui s’intensifient. Et puis elle n’arrive pas à oublier cet ex-amant. Rongé par la jalousie, elle décide d’engager un escort boy, Adam, le temps d’une soirée, juste pour que Mario la voie à son bras.
Ce qui ne devait être qu’une soirée à l’opéra prend une toute autre tournure lorsqu’à la fin de la représentation, sur le chemin du retour, Soledad et Adam sont témoins d’une agression violente. Cet événement inattendu va les entraîner dans une étrange relation à la fois passionnelle et troublante. Très rapidement, allant contre sa raison, Soledad va plonger à corps perdu dans cette relation sensuelle mais aussi financière.
A travers ce roman Rosa Montero met le doigt sur cette peur de vieillir, sur le regard des autres face à une femme de cet âge qui n’a pas d’attache sentimentale, sur la solitude qui peut accompagner une femme qui n’a pas construit de vie de famille. Rapidement on se demande pourquoi, pourquoi cette femme belle, intelligente et cultivée est célibataire. C’est alors que l’auteure remonte dans le passé de Soledad pour nous conter cette enfance malheureuse, cet abandon du père, cette sœur jumelle, Dolores, internée en psychiatrie. Peu à peu le puzzle se constitue et le lecteur s’immisce dans la peau si éveillée encore de Soledad, ce prénom qu’elle porte si bien.
En nous entraînant dans la vie tumultueuse de son héroïne ainsi que dans ces multitudes d’exemples d’écrivains et surtout d’écrivain(e)s maudit(e)s, Rosa Montero fait la lumière sur toutes les disparités hommes-femmes autour de l’amour, autour du corps.
Et en parlant d’artistes maudits, ce roman est d’une richesse culturelle incroyable. On découvrira l’abîme du désamour sous toutes ses formes : de l’abandon du père avec Maupassant, au néant sentimental avec Maria Lejáragga en passant par la folie et la jalousie avec William Burroughs qui se sera mutilé ou encore Maria Luisa Bombal qui tuera (et j’en passe).
Ici, l’analyse de l’amour obsessionnel et animal embarque le lecteur dans une tornade captivante, déstabilisante, et - je ne peux vous en dire plus - mais parfois même effrayante.
Tornade qui retombe quelque peu avec cette intrusion narrative du personnage de Rosa Montero dans le roman, une présence succincte sans grand intérêt, qui a même tendance à gâcher l’effet général du roman. Dommage.
Faisons néanmoins abstraction de ce détail et laissons-nous porter par l’amour charnel, sensuel que nous propose La chair, car il vaut réellement la peine qu’on s’y attarde.
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.fr/2017/02/la-chair-de-rosa-montero.html
Soledad a soixante ans, en paraît moins et vient d’être quittée par son amant de quarante ans pour une femme plus jeune avec laquelle il attend un enfant.
Très marquée par cette rupture, elle décide d’engager un gigolo pour le rendre jaloux. Son choix se porte sur Adam, jeune et superbe russe de 32 ans. Alors qu’il devait juste l’accompagner pour une soirée, ils sont pris dans une rixe à la sortie de l’opéra. Soledad propose à Adam de l’accompagner chez elle pour se changer et se remettre de leurs émotions. Une liaison commence alors…
Entre étreintes tarifées, moments de confiance ou d’angoisse, Soledad se livre avec sa peur de la vieillesse ou de la solitude, son angoisse de sombrer dans la folie comme sa sœur jumelle, la douleur de l’absence d’amour maternel.
Le récit est fréquemment entrecoupé de références à des figures ou oeuvres littératures, puisqu’elle conçoit des expositions pour la Bibliothèque nationale, ou des évocations d’opéras, sa grande passion.
Si j’ai trouvé l’histoire globalement un peu mièvre, j’ai apprécié que le personnage principal ne soit pas si fade, et qu’il permette une réflexion sur l’âge et la décrépitude, l’isolement des femmes seules ou encore le regard de la société sur les différences d’âge dans le couple.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2017/04/08/la-chair-de-rosa-montero/
Une très belle découverte grâce à lecteurs.com : merci beaucoup!
Je ne connaissais pas Rosa Montero. J'aime la façon qu'elle a d'aborder son héroïne, sa vie, ses sentiments. Une fort belle écriture nous permet de découvrir une femme âgée d'une soixantaine d'année, marquée par de dures épreuves dans sa vie, vivant seule. Soledad, comme son prénom semble la prédestiner, est seule et ne parvient pas à construire une vie de couple... Elle n'est attirée que par des hommes bien plus jeunes qu'elle et reste séductrice malgré le temps qui passe et laisse des traces sur son corps.
Une magnifique histoire évoquant notamment l'angoisse de mort et l'amour que Soledad rencontre de façon insolite... Je ne souhaite pas en dévoiler plus, je vous laisse découvrir cette petite merveille de l'écrivaine espagnole.
Allez, je la cite, pour la beauté du style: " Au début, elle était résolue à ne plus le revoir. Mais, à mesure que les jours passaient,une sorte de trou avait grandi à l'intérieur d'elle, une sensation de faim ou d'asphyxie, la certitude désolante d'être incomplète".
Très bonne lecture à tous ceux qui voudront tenter l'aventure!
Encore une fois, Rosa Montero nous parle d’amour.
Son personnage principal, Soledad, est, dans ce roman, une sexagénaire fraîchement séparée de son compagnon, par ailleurs mari adultère. Pour tenter de se venger, elle fait appel à un escort.
S’installe entre eux une relation charnelle non tarifée.
Au même moment, Soledad se voit confier une exposition sur les écrivains maudits. L’occasion pour le lecteur de découvrir une palette d’auteurs damnés (dont Anne Perry, ce que je ne savais pas).
Nous découvrons également l’enfance si particulière de Soledad en compagnie de sa jumelle Dolores : la maman avait le sens de l’humour. Mais Dolores, souffrant d’une maladie mentale, est enfermée.
Un roman riche et puissant sur l’amour sororal, l’amour passion qui se termine, l’amour-amitié.
L’image que je retiendrai :
Celle de Soledad enfermée dans sa douche et croyant sa dernière heure arrivée.
http://alexmotamots.fr/la-chair-rosa-montero/
Je ne connaissais pas cette auteure donc en ouvrant ce roman, je ne savais pas à quoi m'attendre, surtout que le sujet n'est pas banal ! Et bien, ce fut un bon moment de lecture..pas un coup de cœur mais une lecture tout a fait agréable. Récit contemporain, un roman sensuel et ironique parfois.
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