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Je savais que Felix Mendelssohn le compositeur (1809-1847) était le petit-fils de Moses Mendelssohn le philosophe (1729-1786), et longtemps je n'en ai pas pensé grand-chose. Un jour pourtant, j'ai pensé à l'homme qui avait été le père du premier et le fils du second. Quel merveilleux sujet de roman, m'étais-je dit alors.
D. M.
S'interrogeant sur l'un des membres de la famille Mendelssohn, Diane Meur se lance dans une ambitieuse enquête, une quête des origines et des filiations. Happée par son sujet, et mêlant sa propre vie à la matière de son livre, elle nous entraîne avec elle et nous enchante par ses libres variations sur les figures rencontrées au fil des siècles. Et peu à peu l'arbre généalogique se transforme en une vaste carte, qui couvre quatre des cinq continents : La Carte des Mendelssohn.
Un roman qui défie toute idée de déterminisme. Un vrai hymne à la liberté. Jeanne de Ménibus, Elle.
Une folle entreprise, un livre-monde. Claire Julliard, L'Obs.
C'est un roman bien particulier, dense et riche, qui m'a transportée dans l'incroyable analyse généalogique de la famille Mendelssohn, famille dont on connaît peut-être plus particulièrement Félix, le célèbre compositeur allemand, auteur du Songe d'une nuit d'été. Mais il y aussi tous les autres... Un merveilleux sujet d'études pour Diane Meur qui décide d'en réaliser une véritable cartographie, nous apportant un éclairage incroyable sur cette dynastie. Quel tour de force de fouiller, chercher dans le passé, de revenir aux sources, d'aller sur les lieux de l'histoire... Le résultat ? Ce roman incroyablement documenté alternant chapitres généalogiques, mode opératoire de la réalisation de la carte, anecdotes et extraits du journal de l'auteure. Je pense que pour en apprécier la lecture, il faut avant tout être curieux et s'intéresser à ce type de recherche que je trouve personnellement passionnant, tout comme m'intéressent énormément les époques, lieux et familles concernés. Je résumerai tout simplement ce livre par cet échange entre les deux fils de l'auteure par rapport à la carte : Candide et circonspect, mon fils cadet reste à distance et pose la seule question à laquelle je n'ai pas envie de répondre : "ça sert à quoi ?" Son grand frère se récrie : ce n'est pas là pour servir à quelque chose, c'est intéressant, voilà tout. ... c'est intéressant, voilà tout... exactement ma perception de ce livre en particulier, et bien souvent, de la vie en général ! A noter également cette superbe anecdote des pages 436 à 438 sur la présence d'une soit-disant statue de Félix Mendelssohn ornant le pignon du toit de la maison de l'art allemand... La fin du roman est un véritable tourbillon révélant les dernières pièces manquantes du puzzle familial. Nota : durant la lecture (très intéressante) de toute la partie consacrée à la réflexion, puis la réalisation de la carte, je me suis demandé comment Diane Meur allait bien pouvoir entrelacer tout cela et ce que donnait le tableau final. J'essayais de m'imaginer sa carte grâce à la description qu'elle en faisait, en me disant que j'aurais beaucoup aimé voir le résultat. J'ai donc cherché sur le net et ait vu ma curiosité récompensée par une photo du travail de l'auteure sur le site de son éditrice
Ce qui rend le roman aussi fascinant, c’est la façon dont chaque lecteur s’en empare et ce qu’il en fait. Grâce à la construction de son roman, Diane Meur nous offre au moins deux possibilités, toutes aussi passionnantes, de nous approprier la dynastie familiale.
Il y a d’une part le récit historique, biographe qui commence avec Moses Mendelssohn en mai 1761 pour s’achever avec les descendants encore en vie aujourd’hui. Un matériau aussi riche que varié, qui nous donne à vivre au-delà de la destinée familiale, l’évolution historique, culturelle et politique de la vieille Europe.
Il y a d’autre part le récit de l’enquête généalogique. Ce roman dans le roman est tout aussi intéressant, notamment pour qui ont déjà tenté de retracer leur généalogie ou qui envisagent de le faire. Cela commence souvent par une information fragmentaire, sinon par une intuition : «Je savais que Felix Mendelssohn le compositeur (1809-1847) était le petit-fils de Moses Mendelssohn le philosophe (1729-1786), et longtemps je n’en ai pas pensé grand-chose, car le compositeur n’était pas vraiment de mes préférés ; quant au philosophe, quoiqu’il ait servi de modèle à Nathan le Sage dans la pièce de Lessing, je ne l’avais guère lu. Un jour pourtant, j’ai pensé à l’homme qui avait été le père du premier et le fils du second. Quel merveilleux sujet de roman, m’étais-je dit alors.»
Le temps passe. Puis comme souvent le hasard et la chance (mais le hasard existe-t-il vraiment ?) vont donner ce petit coup de pouce au destin, déclencher l’envie de s’y mettre vraiment. À l’occasion d’un séjour à Berlin « ce petit filet d’eau qui se refusait à grossir depuis cinq ou six ans, s’est soudain élargi en rivière. Puis en torrent.» Quelques livres, un CD contenant une généalogie des Mendelssohn sur plusieurs générations, une exposition, des documents et des témoignages : presque jour qui passe apporte son lot d’informations, quelques surprises et de nouvelles pistes à explorer.
Une fois dessiné le portrait de l’ancêtre Moses, parlé de sa vie et de son œuvre, Diane Meur se heurte très vite à une question de méthode. Comment embrasser une aussi riche descendance sans s’y perdre pour autant ? Elle choisit de relire quelques livres : Cent ans de solitude, Joseph et ses frères, Danube, La Vie mode d’emploi, notamment pour chercher à partir de quel moment elle perd le fil de ces différents récits.
Outre la rédaction d’un aide-mémoire, la romancière-biographe-généalogiste, va s’atteler à la construction de cette carte des Mendelssohn qui donne son titre au livre. À l’aide de papier, carton, colle et ciseaux elle va tenter de rassembler tout ce petit monde. Sabine Wespieser, son éditrice, a eu la bonne idée de nous offrir cette carte en ligne http://www.swediteur.com/p/CarteMendelssohn/ , nous donnant par la même occasion une bonne idée du travail de fourmi que cela représente. L’occasion aussi de comprendre la réaction de la famille devant cette réalisation qui «mange» tout le salon, mais dont le code-couleur fascine tout autant
Le Mendelssohn-Komplex, comme diane Meur appelle joliment cette généalogie, peut maintenant être détaillé, mais surtout élagué. Pour que le lecteur – mais aussi l’auteur en premier lieu – ne se perde pas dans les quartiers, ne s’enlise pas dans les problèmes de création romanesque, il fallait en effet supprimer tous ceux qui viendraient alourdir inutilement le récit, les enfants mort-nés ou n’atteindraient pas l’âge adulte, les branches «sans histoire», les descendants dont il ne reste qu’une documentation lacunaire.
Et vogue le beau navire… Au fil des siècles, on voit défiler la vie culturelle et artistique Felix compose pour le grand explorateur Alfred von Humboldt, qui débat avec des mathématiciens, des zoologiques. Au détour d’un voyage, il croise Chopin, rencontre Berlioz, se lie avec Horace Vernet où il peut admirer les fresques de son cousin Philipp (de la branche anglaise).
Si l’on se régale des grandes idées et notamment de la question religieuse – au milieu d’une famille qui s’est beaucoup convertie – l’auteur n’oublie pas les anecdotes qui font aussi le sel de ce roman, les histoires de cœur, de jalousie.
«L’histoire d’une famille ne m’intéresse que si elle devient l’histoire du monde, et c’est de plus en plus le cas.» Et c’est très réussi !
http://urlz.fr/39Fv
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