Kolia est né dans un camp de travail de Sibérie orientale en 1937. Très jeune, il fait la connaissance de Iossif, un détenu originaire d'Europe de l'Ouest qui lui transmet les rudiments pour survivre au bagne et lui enseigne le calcul, le russe et le français, avant de disparaître comme la plupart des êtres qui ont habité cette prison à ciel ouvert. Libéré à la mort de Staline, Kolia apprend à vivre dans la société soviétique. Il devient clown blanc dans un cirque à Moscou, y trouve le réconfort d'une famille et connaît le succès jusqu'à l'implosion de l'URSS. Mais le souvenir de Iossif et du goulag le hantera toute sa vie. Kolia, c'est le roman d'un homme et de son double circassien, le clown prestidigitateur au visage blanc et aux traits redessinés pour la piste. Puis c'est le récit d'une amitié fondamentale et inachevée, fil rouge dans l'histoire de cet homme que la violence du monde n'a pas cassé.
Kolia est né dans un camp de travail en Sibérie en 1937 de parents musiciens. Orphelin très tôt, il rencontre Iossif, qui un soir se glisse dans sa couche pour réchauffer son corps et son âme. Iossif qui lui apprend à lire et à écrire, lui enseigne l’art de survivre dans un camp : « le code du Zek » en 9 leçons, dont un principe de base : « Il faut mettre en doute ce qu’on te dit, même dans les livres. Même ce que je te dis. » … Découvrir sa force intérieure et se battre à chaque instant pour défendre sa vie et sa liberté !
Iossif disparaît sans prévenir, on apprendra bien plus tard son suicide mais sans en connaître les raisons. Staline est mort, Kolia est libre. Après avoir travaillé dans les égouts de Moscou, il fait une nouvelle rencontre essentielle, est embauché dans un cirque et devient … clown. Et, sur la piste, il parvient parfois, comme l’avait fait Iossif, à une « victoire personnelle sur le système punitif », notamment quand il brûle des livres, qui sont en fait des cahiers blancs, des livres « pas encore écrits ». Il sera aussi pickpocket car « un vol réussi est une victoire sur l'ordre établi par d'autres ».
Perrine LEBLANC a écrit un roman, puissant et nostalgique. Kolia cherche Iossif qu’il aimait plus que son père. Et l’on peut imaginer que la quête de toute sa vie aura été de rendre hommage à cet homme étrange qui lui avait appris à lire en français les beaux textes et à survivre dans le chaos. Un beau récit, court, décapant et de belles images masculines d’amitié et d’amour. Kolia, c’est « rêver, parce que c’est gratuit et permis ».
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