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Journaux (1914-1965)

Couverture du livre « Journaux (1914-1965) » de Raymond Queneau aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782072847769
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Queneau a sans doute moins sacrifié au genre consacré du «journal» que des publications partielles ont pu le laisser croire. Ici, comme ailleurs, sa singularité a malmené les usages. Ni vraiment littéraire ni proprement intime, le journal est pour lui d'abord un accompagnement tout provisoire et... Voir plus

Queneau a sans doute moins sacrifié au genre consacré du «journal» que des publications partielles ont pu le laisser croire. Ici, comme ailleurs, sa singularité a malmené les usages. Ni vraiment littéraire ni proprement intime, le journal est pour lui d'abord un accompagnement tout provisoire et fort relatif, une manière de carnet de bord distancié illustrant, comme il se plaisait à dire, que «la vie est une navigation, on le sait depuis Homère». Par ces temps de technologie avancée, le lecteur pourra vérifier que le livre, si le diable gouverne, n'a pas vraiment attendu les techniques nouvelles pour en faire la preuve.
C'est dire qu'il s'agit de «journaux», de ruptures liées à autant de périodes de l'existence de Queneau - conçus, composés , écrits donc, chaque fois , dans un registre spécifique. Leur chronologie, si elle est bien respectée, ne propose que des étapes dont l'organisation, la langue, les préoccupations sont strictement organiques, jamais interchangeables. Cinquante ans sont bouclés, non de confidences ou de pratique mémorialiste, mais d'un regard net, curieux, ras - comme on dit d'une lumière rasante; où l'événement, majeur ou bénin, n'est distingué par aucune émotion, nul effet. Queneau, visiblement, renonce à la «scène à faire», au témoignage à transmettre et aux poses qu'il implique. Il enregistre, note, se souvient parfois, quand il ne se décourage:le monde, les autres, lui-même n'occupent que leur place, entre la médiocrité et le dérisoire, avec la précision d'un greffier. Le seul élément stable, permanent d'un «journal » à l'autre, demeure le savoir, une infatigable découverte intellectuelle, de surabondantes lectures dont les listes détaillées et précieuses, en retraçant un itinéraire culturel, créent une armature parallèle sans cesse revivifiée.
Pour avoir été jovial et divers, Queneau n'en est pas moins un écrivain complet qui n'a point rabattu de son unité originelle. Du croquis adolescent à la référence cultivée, il s'efface, mais cette distance ne saurait masquer l'ambition gourmande d'un esprit en alerte qui s'intéresse d'autant mieux aux embruns de la vie qu'ils deviennent, pour lui, source ou modalités de la connaissance.

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