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Ivresse de la métamorphose

Couverture du livre « Ivresse de la métamorphose » de Stefan Zweig aux éditions Le Livre De Poche
Résumé:

Dernière oeuvre de Stefan Zweig, non publiée de son vivant, ce véritable testament romanesque nous transporte dans l'Autriche de l'entre-deux-guerres, déjà convoitée comme une proie par l'Allemagne nazie.
Christine, modeste employée des Postes, a vu mourir son père et son frère. L'invitation... Voir plus

Dernière oeuvre de Stefan Zweig, non publiée de son vivant, ce véritable testament romanesque nous transporte dans l'Autriche de l'entre-deux-guerres, déjà convoitée comme une proie par l'Allemagne nazie.
Christine, modeste employée des Postes, a vu mourir son père et son frère. L'invitation impromptue d'une tante d'Amérique, riche et fastueuse, achève de la révolter contre la médiocrité de sa vie, sentiment qu'elle partage bientôt avec Ferdinand, ancien combattant, mutilé, devenu chômeur.
Mais l'argent et la puissance mènent le monde, non pas l'amour. Devant le lent naufrage de l'Europe dans la barbarie, le couple s'enfonce dans une désespérance qui semble annoncer le suicide, en 1942, du grand écrivain autrichien, auteur d'Amok et de La Confusion des sentiments.

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Avis (3)

  • « … 1917, dix-neuf ans. Deux jours après la Saint-Sylvestre ils ont enterré le père, il y a tout juste eu assez de l’argent de la caisse d’épargne pour faire teindre les vêtements en noir »

    « …1919, vingt et un ans. C’est vrai, la guerre est terminée mais pas la misère. Celle-ci s’est...
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    « … 1917, dix-neuf ans. Deux jours après la Saint-Sylvestre ils ont enterré le père, il y a tout juste eu assez de l’argent de la caisse d’épargne pour faire teindre les vêtements en noir »

    « …1919, vingt et un ans. C’est vrai, la guerre est terminée mais pas la misère. Celle-ci s’est abritée sous le feu roulant des ordonnances, s’est glissée, rusée, dans les casemates en papier des billets de banque encore humides des presses, des emprunts de guerre. Maintenant, elle ressurgit les yeux creux, forte en gueule, affamée, insolente, et elle dévore les derniers déchets des cloaques de la guerre. »

    Dans cette atmosphère autrichienne, Christine Hoflehner, 26 ans « frustrée par la guerre de dix années de jeunesse, n’a plus le courage ni la force de rechercher la joie ». Elle est auxiliaire à la poste de Kein-Reifling, à quelques kilomètres de Vienne, son quotidien est rythmé par son travail.

    C’est bien pour faire plaisir à sa mère malade qu’elle accepte l’invitation d’une riche tante américaine, en villégiature dans un Palace en Suisse.

    Accompagnée à la gare par l’instituteur -qu’elle n’a jamais autant regardé-, sa panière tressée comme seul objet de voyage, elle vit son premier voyage entre émerveillement devant les paysages inconnus et angoisse de pénétrer avec tous ses signes de pauvreté dans un milieu de luxe et de raffinement.

    Une transformation radicale opérée par la tante jusqu’au changement de nom, la nouvelle Christine Van Boolen … « la force mystérieuse de la métamorphose agit dans un nom… » l’autorise à être reconnue par les richissimes clients de l’hôtel. « Elle se sent portée comme par une vague, comme par un vent divin ; depuis son enfance sa démarche n’a jamais été si légère, si aérienne. L’ivresse de la métamorphose s’est emparée d’un être ».

    Combien de temps va durer cette usurpation ?

    A son retour précipité à Klein-Reifling, Christine Hoflehner va rencontrer Ferdinand, un homme meurtri et dévasté par quatre années de prisonnier en Sibérie.
    Ces deux âmes blessées pourront-elles envisager de croiser leur destin ?

    Œuvre posthume de Stefan Zweig, elle dépeint précisément l’Autriche politique de l’après-guerre et augure des années à venir. Elle décrit aussi la souffrance de l’auteur et préfigure nettement son état pessimiste voire dépressif face à ses valeurs qui lui échappent.

    Depuis longtemps adepte de l’œuvre de Stefan Zweig, chaque opus que je relis, ou que je découvre comme celui-ci, ajoute de l’immensité à mon admiration. Je ne retrouve chez aucun écrivain actuel autant de finesse dans le style, de précisions dans les descriptions. En lisant Stefan Zweig, je m’immisce dans la peau des personnages, je ressens leurs émotions, je partage leurs sentiments… je m’évade et j’ai besoin de rester dans une sorte de torpeur quand je referme le livre, sans avoir envie de reprendre le cours des choses.

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  • Histoire bouleversante que celle de Christine ! Un roman en deux parties bien distinctes qui nous entraîne, en premier lieu, dans les fastes d'après première guerre mondiale, lorsque la jeune fille a l'opportunité de rejoindre sa tante en Suisse. Les toilettes, la fête, l'argent facile, la bonté...
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    Histoire bouleversante que celle de Christine ! Un roman en deux parties bien distinctes qui nous entraîne, en premier lieu, dans les fastes d'après première guerre mondiale, lorsque la jeune fille a l'opportunité de rejoindre sa tante en Suisse. Les toilettes, la fête, l'argent facile, la bonté de ses protecteurs vont la transformer en une semi-mondaine, qui perd toute notion du temps et des réalités.


    Stefan Zweig offre à Christine tous les sentiments et ressentiments possibles, la menant dans un chaos impressionnant, des hauts, des bas qui l'éprouvent durement et la rendent totalement désabusée.

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  • Malgre que ce roman soit posthume et inacheve, resultant de la mise a bout de deux textes ecrits a pret de 10 ans d’intervalle, il n’en est pas moins reussi. Une ouverture qui tout de suite marque le ton: la description dans les moindres details d’un bureau de poste d’un petit village de la...
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    Malgre que ce roman soit posthume et inacheve, resultant de la mise a bout de deux textes ecrits a pret de 10 ans d’intervalle, il n’en est pas moins reussi. Une ouverture qui tout de suite marque le ton: la description dans les moindres details d’un bureau de poste d’un petit village de la campagne peripherique de Vienne au debut du 20eme siecle. Un bureau de poste tout ce qu’il y a de plus statique et de semblable a un autre bureau de poste. Un sentiment d’immobilisme qui contraste avec le titre. Pour moi, une entree en force qui fait de suite decoller le livre. Une histoire en deux parties: tout d’abord, c’est l’opportunite donnee a Christine, employee dans le bureau de poste, de prendre deux semaines de vacances. Pour ses premieres vacances (a 28 ans), elle est invitee par sa riche tante en voyage en Europe, a venir la rejoindre dans un luxueux hotel Suisse. Zweig decrit avec talent cette peur face a l’inconnu, cette entree dans un monde nouveau et la metamorphose qui va accompagner se passage dans le monde de la richesse et de l’hedonisme. Le texte invite a la contemplation du « bonheur » avant qu’un evenement ne vienne tout mettre a plat. C’est alors le retour au monde rural, au petit village de vignerons, a la pauvrete et la precarite. C’est alors que la deuxieme partie se met en place. Nombres des personnages de la premiere partie cedent leur place. Ferdinand entre en scene. Il porte en lui le meme desespoir que Christine, celui de l’enfant face a la vitrine d’un magasin de jouet dans lequel il ne pourra jamais entrer, le desespoir d’une societe ou ne vivent que tres riches … et tres pauvres. Les deux ames en peine se trouvent soeur, mais l’argent, ou plutot son manque, s’immisce entre chaque moment de vie pour les empecher de gouter a l’instant.
    En resume, un roman tres riche. L’ecriture precise de Zweig, son sens du detail, la description psychologique de ses personnages, invitent a un tres bon moment de lecture. J’y ai regrete parfois quelques redites ou longueurs, dues au caractere inacheve du manuscrit. Plus genants furent les traits stereotypes des heros. Christine, presentee comme peu capable de penser par elle meme, interessee uniquement par des futilites, faible. Ferdinand est presente lui comme l’homme qui travaille dur, qui pense, qui est courageux et fort. L’homme et la femme tels que vu avec le prisme du debut du 20eme. Le livre s’encre dans son epoque … (sans compter que les stereotypes perdurent).

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