On part en montagne pour éprouver la solitude, pour se sentir minuscule face à l'immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d'une rencontre avec un cerf au franchissement d'une forêt déracinée par le vent. Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l'alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, le premier avait livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Rencontre improbable, impossible coïncidence surtout, pour le magistrat chargé de l'affaire, qui tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité. Dans un roman d'une grande tension, Erri De Luca reconstitue l'échange entre un jeune juge et un accusé, vieil homme «de la génération la plus poursuivie en justice de l'histoire d'Italie». Mais l'interrogatoire se mue lentement en un dialogue et se dessine alors une riche réflexion sur l'engagement, la justice, l'amitié et la trahison.
Soupçonné d'avoir poussé un ancien camarade du haut d'une montagne, un vieil activiste politique se retrouve confronté à un magistrat implacable lors d'un interrogatoire aux allures de dialogue platonicien.
Dans ce roman très bref, à la narration originale, Erri De Luca met en scène deux personnages complexes et bien campés, le juge dénommé Q. et le prévenu dénommé R. L'interrogatoire n'est finalement qu'un prétexte à une joute verbale intense et savoureuse et à une réflexion sur la vie et la morale, mettant en exergue le fossé entre les générations dont sont issues ces deux hommes.
Ce dialogue est étoffé de lettres d'amour, écrites pendant sa détention par le vieil activiste à celle qu'il a aimée, son "Ammoremio". Ces passages plus lyriques accentuent encore la tension de la confrontation entre les deux hommes et dont on attend le dénouement avec fébrilité.
Loin de tout manichéisme, un très beau texte qui invite à la réflexion et donne envie de se frotter aux autres oeuvres d'Erri de Luca.
Un homme trouve la mort sur un chemin de montagne. Un autre donne l’alerte. Les deux hommes étaient sur le même chemin mais ne faisaient pas route ensemble. Pourtant, ils se connaissent. Ils ont été membres d’un groupe révolutionnaire près de quarante ans plus tôt. Et l’homme qui est mort avait alors trahi ses compagnons.
Evidemment, celui qui a donné l’alerte est soupçonné de s’être vengé, des années plus tard et d’avoir poussé son ancien camarade. Un jeune juge interroge l’homme et tente, par tous les moyens, de lui faire avouer ce meurtre.
Tout dans ce livre est magistral. La confrontation entre les deux hommes, le jeune juge et l’homme beaucoup plus âgé que lui et qui a déjà beaucoup vécu. L’intelligence que les deux protagonistes déploient à chacune de leur rencontre. Le format choisi par l’auteur, sous forme de procès-verbal. Les lettres que l’homme envoie à la femme dont il est amoureux et dans lesquelles ils se dévoile petit à petit.
La joute verbale entre les deux hommes est passionnante. Le juge, habité par son idée (son idéal) de justice et son envie (son besoin) de faire avouer l’accusé. Et l’accusé, qui à travers ses réponses donnent quelques belles leçons au juge en lui tenant tête et en faisant preuve d’une résistance à toute épreuve malgré les pièges tendus.
Le lecteur est ainsi tenu en haleine, aussi bien par l’intelligence et la pertinence du contenu que par les sujets abordés alors même que le récit est assez court. Un livre d’une grande force et très intense.
« Impossible c’est la définition d’un événement jusqu’au moment où il se produit ». C’est mon premier livre d’Erri de Luca et je suis bluffée.
Derrière une apparente simplicité, il livre un propos d’une profondeur incroyable. En quelques pages il aborde quantité de thèmes et on en ressort riches de réflexions et de pensées.
L’intrigue se résume en quelques mots. Le narrateur, lors d’une course en montagne signale la chute mortelle d’un randonneur qui le précédait. Il devrait en être félicité, mais il sera mis en examen et incarcéré car ce randonneur ne lui est pas inconnu. C’est un ancien camarade de ses années de lutte qui des années plus tôt l’a trahi. Alors coïncidence ou complot? Coupable ou non coupable?
C’est au travers d’un interrogatoire avec un magistrat bien plus jeune que lui que le lecteur se forgera son intime conviction.
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Dans la forme le récit alterne entre les minutes de cet interrogatoire et les lettres que le détenu écrit à son « amoremio » depuis le fond de sa cellule d’isolement. Dans les deux formes de ce récit, on est dans un dialogue. Un dialogue entre le vieux montagnard et le jeune juge, entre l’homme enfermé et sa bien aimée. Et dans les deux cas c’est un dialogue impossible. Entre les deux hommes tout d’abord. Tout les oppose: leur âge, leur passé, leur condition sociale, l’une est prisonnier, l’autre est libre, l’un vit pour la montagne l’autre ne la connaît pas et pourtant il naît entre eux une relation singulière, un jeu de chat et de la souris où chacun tente de faire fléchir l’autre. Lors de leurs échanges ils confrontent leur vision de la liberté, de l’amitié, de l’engagement, et de ce huis clos surgissent des propos d’une limpidité et d’une puissance étonnante. Mais j’ai aussi beaucoup aimé les lettres du narrateur pour sa douce, lettres en forme de monologue car jamais envoyées mais qui nourrissent un dialogue avec lui même. Elles sont là encore d’une simplicité désarmante mais leur sincérité est touchante. Mention particulière sur les pages où il traite de sa définition de l’amour. Juste sublimes:
« Évoquer la première fois me fait penser à la deuxième. Elle a été la confirmation de notre rencontre, l’intention de se chercher pour continuer. Dès lors nous n’avons connu que des deuxièmes fois, progressant en intimité […] nous en sommes aux deuxièmes fois que nous ne comptons plus »
Première lecture du Prix Folio Elle et ça commence fort. Belle découverte
D'accord avec tous les commentaires élogieux lus ici. Un livre exceptionnel, hors des sentiers battus...
L'interrogratoire est un des fils rouges du nouveau roman d'Erri de Luca. Dans une police qui rappelle la machine à écrire, on lit ces comptes rendus d'entretien comme des moments d'apprivoisement.L'un et l'autre ne partagent pas la même vision du monde, s'opposent et malgré tout, se lancent dans un jeu ouvert. Il ne s'agit pas juste de découvrir qui est coupable, de s'approcher de la vérité. Ces entretiens sont des batailles verbales et idéologiques. C'ets tendu, riche en rebondissements et en pirouettes rhétoriques. Tous les sujets y passent : la justice, la trahison, l'amitié, la violence, la liberté... Et l'amour, me direz-vous ?
Comme souvent dans les textes d'Erri de Luca, cela n'est pas loin. Ici, il tire un autre fil. Le suspect, entre les quatre murs de sa prison, écrit à Ammoremio, sa bien aimée. Voici par exemple ce qu'il lui écrit
"Avec toi, j'ai appris l'amour qui maintient sa prise et sa durée au-delà des disputes, des différends, des défauts, jusqu'à les aimer aussi. C'est l'amour pour ton air contrarié, ts explosions et le retour des sourires ensuite."
En lui écrivant - avec une police qui rappelle l'écriture manuscrite -, l'homme s'échappe et se livre. Il parle de son rapport aux sentiments et autres êtres, lui laissant une place particulière.
Le roman s'appelle Impossible parce qu'il est rare, exceptionnel de se confronter à son passé et de l'apaiser d'une certaine manière. Face à ce monde animé par des faits que nous pensions impossibles - on pense à l'écologie, thème très cher à l'auteur - Erri de Luca ne cesse de questionner l'humain dans ses profondeurs. Chacun de ses livres est une plongée dans la morale pure, dans les valeurs qui habitent l'être humain. Cet être, il le place dans des espaces toujours symboliques d'une certaine puissance. L'interrogatoire se passe dans une pièce symbole de justice. L'écriture des lettres d'amour se fait depuis une cellule, lieu de la liberté contrainte. et le coeur de cette histoire se déroule dans une montagne, lieu où l'Homme ne peut dicter sa loi, espace où l'homme doit là encore apprivoiser et être à l'écoute.
Un roman, une presque pièce de théâtre.
Un juge interroge un ex-activiste qui, lors d'une randonnée en montagne, a appelé les secours ; un homme a chuté de la falaise. Il est mort.
Or, cet homme est celui qui l'avait dénoncé, ses camarades et lui, il y a des années de cela.
Coïncidence ? accident ? meurtre ?
Ce huis-clos est le prétexte pour l'auteur pour retrouver ses deux domaines de prédilections ; l'amour de la montagne et ses convictions révolutionnaires.
C'est intéressant, philosophique presque poétique.
Il y a une intensité dans ce court roman.
Il est questions d'idéaux, de trahison, d'amitié bafoué, de courage, d'amour aussi.
La plume est élégante et sensible.
J'ai passé un bon moment de lecture.
Un très beau roman, dense, avec des questionnements philosophiques, de la poésie .A travers le huis clos entre un jeune magistrat et un vieux combattant des "années de plomb" en Italie suspecté cette fois d'un homicide en montagne,réflexion sur la liberté , l'engagement, la responsabilité.
Un homme âgé, ancien militant révolutionnaire s'engage sur le chemin d'une Vire pour une belle montée. Loin devant, il aperçoit un homme effectuant la même escalade. L'homme âgé assiste de loin à la chute de l'inconnu et prévient les secours.
Cet homme était en fait un ancien militant du groupe qui avait dénoncé et fait incarcéré ses anciens partenaires.
Une telle coïncidence est impossible.
Le juge le pense et enquête afin de faire avouer notre homme âgé. Il est accusé d'avoir tué son ancien camarade.
Commence alors un face à face et une joute verbale entre le magistrat et l'accusé.
Un petit trésor, un texte court mais d'une grande intensité.
On passe en revue la fraternité, la morale, la vengeance, le pardon et la justice.
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