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Berlin, 1934. Bernie Gunther, chassé de la Kripo, gangrenée par les nazis, en raison de ses sympathies pour la république de Weimar, s'est reconverti : il est maintenant responsable de la sécurité de l'Hôtel Adlon. Alors qu'il s'échine à effacer de sa généalogie un quart de sang juif, le patron d'une entreprise de construction est assassiné dans sa chambre après avoir passé la soirée avec un homme d'affaires américain véreux, ami de hauts dignitaires nazis.
Une séduisante journaliste, chargée par le Herald Tribune d'enquêter sur la préparation des Jeux olympiques de Berlin, engage Bernie. Le sort d'un boxeur juif dont le corps a été repêché dans la Spree lui semble le bon moyen pour rendre compte du climat de démence meurtrière et de répression antisémite qui règne sur la capitale allemande. Le sixième volet des enquêtes de Bernie Gunther par Philip Kerr, l'auteur de la célèbre Trilogie berlinoise.
Berlin, 1934. Attaché à la République de Weimar et résolument anti-nazi, Bernie Gunther a quitté la police berlinoise avant d'en être chassé. Désormais, il est le détective attitré du prestigieux Hôtel Adlon, traquant le client indélicat, évitant les bagarres au bar. L'ambiance en ville est délétère, entre peur des SS et euphorie olympique. Car Berlin construit son stade en toute hâte et l'Allemagne d'Hitler pourra compter sur la présence des Etats-Unis aux Jeux maintenant qu'un comité d'experts américains a certifié que le pays n'appliquait aucunement une politique discriminatoire envers les juifs. Partisane du boycott et persuadée qu'un article bien documenté pourrait changer la donne, la journaliste, juive et communiste, Noreen Charalambides, cliente de l'Adlon et amie personnelle de la propriétaire, entraîne Bernie dans une dangereuse enquête où le cadavre d'un boxeur juif repêché dans un canal et le meurtre d'un entrepreneur allemand dans une chambre de l'hôtel pourraient être plus liés qu'on ne le pense. Conscient qu'il risque sa peau mais incapable de résister aux beaux yeux de Noreen, Bernie affronte Max Reles, un homme d'affaires américain, proche des nazis et plutôt belliqueux. Mais son histoire d'amour tourne court et Noreen repart, contrainte, aux Etats-Unis.
Quand il la revoit, vingt ans ont passé, de l'eau a coulé sous les ponts. Elle est une auteure reconnue, en villégiature dans la villa d'Hemingway pour fuir le maccarthysme et lui un nazi installé à La Havane. Encore une fois, elle sollicite son aide. Il s'agit de surveiller et de protéger sa fille Dinah, fiancée à un homme dangereux, à la tête d'un empire hôtelier et propriétaire d'un casino havanais. Et cet homme n'est autre que Max Reles.
En Allemagne ou à Cuba, Bernie Gunther trimballe son humour corrosif, son flegme et son incroyable chance qui lui permet de survivre à tout, au nazisme comme à la dictature de Batista, à l'animosité d'un mafieux de Chicago comme aux interrogatoires de la police politique. Tête brûlée mais l'instinct de survie chevillée au corps, cet homme aux mille vies nargue les puissants mais fond devant le regard de biche d'une femme fatale. Doté de l'art consommé de se fourrer dans les pires embrouilles, il a aussi la faculté de s'en dépêtrer, car il se moque des lois aléatoires et des régimes politiques, sa seule idéologie, c'est de sauver sa peau, et au passage celle de ceux qu'il estime le mériter.
Aussi à l'aise pour dépeindre Berlin sous le nazisme que La Havane des gangsters américains, Philip Kerr réussit encore une fois à mêler fiction et triste réalité dans un polar passionnant, instructif et divertissant. On ne peut résister à Bernie Gunther, son humour, son courage, et son ambiguité. Un sacré personnage !
Gros flash back dans la saga Bernie Gunther avec « Hôtel Aldon ». Alors qu’on avait laissé Bernie fuyant l’Argentine des Perón sous un nom d’emprunt à la fin du précédent volume, on le retrouve en 1934 à Berlin, détective pour le célèbre hôtel de luxe Aldon, carrément avant le début de la trilogie berlinoise. Il enquête aux côtés d’une journaliste américaine sur la mort suspecte d’un boxeur juif allemand, sur fond de chantier pour les JO de 1936 et de négociations olympiques sur la menace du boycott américain. On retrouve la verve, l’humour désenchanté et le charme de Gunther au cœur d’une enquête assez classique mais très intéressante, bien documenté historiquement et qui a un intérêt majeur : son contexte historique. Hitler est au pouvoir depuis un an et déjà le cadenas nazi se referme sur toute la société allemande. Bernie, favorable à la République de Weimar a été chassé de la police, il n’est pas encore privé à son compte, il est « entre deux » dans cet hôtel où descendent des gens bien peu fréquentables. Les futurs Jeux de 1936, les jeux de la Honte dans l’histoire Olympique, sont une toile de fond idéale pour mettre en scène des promoteurs véreux, une politique raciale allemande doctrinaire et cynique et un Bernie Gunther qui ne croit déjà plus à l’avenir de l’Allemagne. Cette première partie, qui compose les deux tiers du livre est vraiment très réussie. Le dernier tiers nous ramène en 1954, à Cuba où Gunther vivote en attendant une possibilité de revoir l’Allemagne, sous son faux nom. C’est là, dans le Cuba prérévolutionnaire, poisseux et gangréné de corruption de Batista que Gunther va recroiser la route de vieilles connaissances. Cette dernière partie, bien moins réussie et passionnante, se termine sur un double coup de théâtre : un que tu as deviné depuis un moment et un que tu ne vois pas venir. A la fin d’« Hôtel Aldon », Bernie est plus que jamais sur le fil, piégé dans un Cuba qui va basculer sous peu, piégé du mauvais coté de l’histoire, c’est un peu le drame de sa vie ! J’attends toujours de savoir ce qu’il est advenu de Gunther entre 1939 et 1945, 5 années qui n’ont toujours pas été évoquées autrement que par allusions ou petites touches de souvenirs douloureux. Peut-être dans la suite au nom plus évocateur : « Vert de gris » ?
toujours aussi bien ficelé et ultra-documenté! un vrai plaisir! il faut lire la série des gunther!
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