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HOKUSAÏ AUX DOIGTS D'ENCRE Arléa-Poche Bruno Smolarz On sait par d'innombrables contes et légendes, comme par les textes de la littérature classique japonaise, que le Japon est un pays habité de fantômes.
Le fantôme d'Hokusaï (peintre japonais, 1760-1849) est venu, pour ce texte, hanter Bruno Smolarz, qui a écrit, sous sa dictée, et donc à la première personne, cette vie peu commune d'un homme fou de dessin .
C'est âgé de quatre-vingt-dix ans qu'Hokusaï commença seulement à saisir l'essence du monde. Au fil du pinceau, il revit son passé, mêlant à ses souvenirs des réflexions sur l'art (l'importance de la nature et des voyages, la négligence du nu, le charme d'une courbe, la découverte du bleu et de la perspective en Occident). Sur son époque (sa famille, ses pairs et ses rivaux, les gouvernements et les famines),sa mémoire est parfois fidèle, par moment aussi riche en invention que son imagination d'artiste. Plus il raconte, plus la mort se tient à distance, peut-être même finira- t-elle par l'oublier, lui permettant de continuer à peindre jusqu'à ce qu'il atteigne la perfection. C'est du moins ce qu'il espère...
Bruno Smolarz réussit à créer une atmosphère unique entre métaphores et vraie vie où la peinture est prétexte à de belles réflexions artistiques et philosophiques sinon l’inverse.
Il évoque les vies du peintre Hokusai, homme libre et indépendant, plus nombreuses que celles d’un chat et immensément riches des chemins parcourus et d’autant de renaissances et métamorphoses.
Ce livre est un jeu de miroirs où tout s’oppose et se complète ; dans chaque tableau, la réalité et l’image se confondent, dans chaque peinture émerge la double caractéristique de son règne éphémère et de son sceau ineffaçable.
Le peintre et l’homme ne sont-ils pas deux facettes d’une même personne, l’artiste ayant magnifié les images des amours mortes ?
La plus grande qualité d’Hokusai est d‘avoir dans le même temps, rêver sa vie, l’avoir vécue tout en restant fidèle à lui-même sans jamais copier quelqu’un d’autre.
La plus grande qualité de Bruno Smolarz est de nous rappeler que la peinture peut changer le monde en nous faisant découvrir un artiste aux doigts d’encre.
Ce livre est une occasion perdue. Occasion oui, à l'aune de l'importance d'Hokusaï dans l'imaginaire japonais ; Les Trente-six vues du Fuji et La Vague sont au moins autant reproduites au Japon depuis deux siècles que L'Angélus de Millet en France au XXe, La Vague est leur Joconde. Découvrir l'homme derrière le mythe serait une belle opportunité d'approcher la culture traditionnelle nippone. Occasion perdue malheureusement, par la médiocrité de la réalisation : platitude du récit biographique linéaire embrouillé de faits insignifiants et pauvreté de l'écriture - confronté au génie d'un artiste, on n'a pas le droit d'écrire : "C'était un joyeux compagnon toujours prêt [...] à aller se distraire avec les évanescentes princesses du château sans nuit." On nous dit que l'auteur est géographe... Ah, c'est un métier d'écrire un roman !
Ps : je suis triste pour Arléa qui ré(édite) des petits livres intéressants sur le Japon
C’est un premier roman. A lire à pas japonais.
Hokusaï, surnommé «Le vieux fou de la peinture», était un célèbre peintre et graveur japonais du XIXème siècle qui inspirera Goya, Gauguin et Van Gogh.
Ses estampes comme «La Grande vague de Kanagawa» («la vague gigantesque, monstrueuse, celle qui un jour submergera l’univers et le genre humain» et «Mont Fuji» («le printemps y reflète l’automne, l’été, l’hiver et quand on s’y mire, on s’y voit jeune quand on est vieux et vieux si l’on est jeune»), restent aujourd’hui encore légendaires au Japon.
Bruno Smolarz nous raconte la vie de ce maître du pinceau qui sent sa mort approcher. A travers les voyages, les rencontres, les pensées du vieux dessinateur, l’auteur, à la première personne, nous enchante d’une prose douce, lente, apaisante. Un voyage avant la mort qui sait patienter au fil des pages dans de magnifiques paysages japonais.
Un livre qu’on méditera encore après l’avoir lu...parsemé de pensées orientales...«La vie est aussi éphémère qu’un poème écrit sur l’eau.»
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