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Rares sont ceux qui ont mis autant de soin qu'Henri Michaux à s'effacer de la vie publique, à disparaître du quotidien. Lui qui n'était que mouvement refusait qu'on puisse le voir réduit à une silhouette figée ; lui qui disait « Je peins et j'écris pour me trouver » s'insurgeait qu'on essaie de traquer son image, de la lui dérober, de l'exhiber ensuite. très tôt, il s'est mis à l'écart et, refusant la preuve et la trace, il s'est estompé : « Quand vous me verrez, allez, ce n'est pas moi. » Il s'est pourtant attaché à la reconquête de lui-même par les mots et par les traits, de sorte que, comme l'a dit Asger Jorn : « Autant il s'efface dans son entourage, autant il se déploie souverainement dans ses oeuvres. » Cet ouvrage qui prolonge l'exposition « Henri Michaux : face à face », présentée à la Bibliothèque Wittockiana à Bruxelles puis au centre Wallonie-Bruxelles de Paris en 2017, fait apparaître ce que disent les textes d'Henri Michaux sur la peinture, la sienne et celle des autres (de Klee à Zao Wou-Ki, de Matta à Magritte), et ce qu'ils disent face à la peinture (dans des livres illustrés qui sont de vrais livres de dialogues). Il montre aussi une série de portraits tracés rageusement ou tendrement, dans la saisie rapide ou la contemplation et qui sont peut-être un immense et fascinant autoportrait...
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