"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Giovanni le bienheureux est le récit simple de la vie insouciante d'un jeune homme innocent qui vit d'expédients dans la Gênes des années 1940.
Innocent, il l'est autant que peut l'être celui qui ne se soucie que de soi, ici et maintenant. Giovanni, dit Beau Gosse, ne s'inquiète pas de l'avenir, pas plus qu'il ne se préoccupe du monde qui l'entoure. Si le roman de Giovanni Arpino m'a séduite au début, mon intérêt n'a pas résisté au 270 pages que comporte le livre. C'est le portrait vivant d'une époque, la peinture séduisante d'une classe sociale et d'un mode de vie particuliers. Mais je n'ai pas éprouvé de sympathie ou de compassion pour le personnage-narrateur, or, le tableau dressé par l'auteur transite en permanence par l'expérience sensorielle de Giovanni, par la description de son ressenti et de ses envies. La trame narrative, à l'image de la vie du personnage, est peu riche et sans réel aboutissement. Elle n'a donc pas suffi à alimenter mon enthousiasme de lectrice. En définitive, ce roman et moi ne sommes pas parvenus à nous rencontrer.
C’est le premier roman de Giovanni Arpino, publié dans les années 50. On sent tout au long de ces pages cette atmosphère très particulière des années d’après-guerre dans une Italie où les jeunes ne rêvent que d’insouciance et de légèreté.
Gênes est une ville de marins, avec ses ruelles qui sentent la chaleur et le poisson, ses terrasses de cafés devant lesquelles passent les filles, quelques hommes qui rêvent et bavardent à longueur de journée, les odeurs du port, le soleil et le vent, le linge et les draps qui pendent aux fenêtres.
Giovanni a 23 ans, c’est un beau garçon qui plait aux filles, il a la vie devant lui. Chaque jour, il ne rêve que de fumer quelques cigarettes, boire de nombreux verres de vin, et manger quelques fèves attablé à la terrasse d’un café avec des compères, à regarder passer les belles filles. Il est capable de « ne pas penser… s’abstenir de penser… vivre des jours assis sur une marche », les poches vides et se nourrissant de l’air du temps.
La vie est belle sous le soleil de Gênes, mais le serait-elle tout autant ou même plus ailleurs ? Giovanni va devoir se poser des questions et peut être prendre quelque décision, qui sait.
Ce roman sent bon l’Italie et l’air marin, l’indolence et le temps qui passe. J’ai bien aimé, malgré quelques longueurs dans les descriptions, quelques lenteurs, mais après tout elles retranscrivent bien l’apathie et la désinvolture des personnages, et de Giovanni en particulier. Et même si parfois j’ai eu envie de bousculer un peu ce beau gosse, de lui dire qu’il est temps de faire quelque chose de sa vie. A replacer aussi dans les années cinquante, juste à la sortie d’une guerre longue et difficile où la vie, le plaisir, le temps et l’argent avaient peut-être une autre valeur.