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Un jeune homme a commis un attentat au gaz : 184 morts, 30 blessés, parmi lesquels 70 écoliers, 20 enfants en bas âge dont le plus jeune n'avait pas trois mois. La mère de ce jeune homme est seule en scène. Elle raconte sa grossesse, la petite enfance de son fils, l'adolescence. Qu'a-t-elle fait de mal ? Pourquoi son fils s'est-il laissé embrigader dans cette spirale djihadiste ? Il n'était pas pire qu'un autre. Elle était une mère aimante. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? L'attentat monstrueux qu'il a commis rend même sa douleur irrecevable.
Écrivain engagé, Tom Lanoye prend la plume dans les journaux de son pays, milite pour les droits des homosexuels, s'insurge contre les Flamands qui veulent diviser la Belgique et reste abasourdi devant le fait que plus de 3.000 jeunes gens de nationalité belge aient basculé dans l'intégrisme militant et soient partis en Syrie. (Le pourcentage le plus élevé en Europe) Commandée pour commémorer la toute première attaque au gaz de combat menée par les Allemands en 1915 à Tielt, ville de Flandre occidentale, cette pièce a été jouée au Théâtre Malpertuis de Tielt en avril 2015, un siècle plus tard.
Un texte pour une femme, seule en scène, seule au monde, seule en enfer. Un jeune homme a commis un attentat au gaz asphyxiant, 184 morts, lui aussi, abattu par la police. La femme qui parle, c’est sa mère. Elle raconte son fils, sa naissance, son enfance, son adolescence. Elle l’a élevé seule, comme elle a pu, avec peu de moyens mais avec amour et dignité. Mais quelque chose a mal tourné. Et là, elle cherche à comprendre ce qui lui a échappé. Lucide, elle se demande : pourquoi lui, pourquoi elle, qu’a-t-elle fait de mal, qu’aurait-elle dû faire, dire, éviter, taire ? Pourquoi son fils s’est-il radicalisé, lui, et pas un autre ? Des questions sans réponse, une souffrance sans fin, une double ou triple peine : son fils est un monstre, il est maintenant un cadavre et elle, quoi qu’il en coûte, elle est et reste sa mère, pour l’éternité.
Ce court texte est une commande faite à Tom Lanoye pour la commémoration du centième anniversaire de la première utilisation du gaz de combat pendant la Première Guerre mondiale en 1915, près d’Ypres en Belgique (d’où le nom du gaz : ypérite). Ce monologue a été joué pour la première fois le 17 avril 2015, soit avant les attentats de Paris et de Bruxelles. Étrangement prémonitoire, donc, et cela ajoute à sa force. Avec une économie d’effets et d’artifices, il met à nu cette femme, cette mère, et incise directement, jusqu’au cœur et à l’os, pour en extraire un mélange complexe d’amour, de douleur et de culpabilité, qui peut par moments mettre mal à l’aise. Un texte sobre, beau, émouvant et très puissant.
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