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Furia

Couverture du livre « Furia » de Mamadou Mahmoud N'Dongo aux éditions L'harmattan
Résumé:

« En 89, avant Cronenberg, on m'avait approché pour adapter Naked Lunch, mais j'étais pas très chaud. Je pense comme Godard : "Il est impossible d'adapter un bon livre, c'est à ça qu'on le reconnaît." Sympa pour Moravia. Mais bon, même quand il est odieux il est brillant Godard. Pour ma part... Voir plus

« En 89, avant Cronenberg, on m'avait approché pour adapter Naked Lunch, mais j'étais pas très chaud. Je pense comme Godard : "Il est impossible d'adapter un bon livre, c'est à ça qu'on le reconnaît." Sympa pour Moravia. Mais bon, même quand il est odieux il est brillant Godard. Pour ma part j'avais trouvé un angle. J'ai livré mon scénar, et ça s'est arrêté là. C'est ça Hollywood, on t'engage pour ta singularité et on te vire pour ta singularité. »

Seymour Morrison, cinéaste culte de Los Angeles, décide d'écrire ses mémoires avec l'aide d'un ghost writer. Enfant de la balle, il a débuté avec John Cassavetes et a tout reçu, de l'Oscar à la Palme d'or. Pour Seymour, revenir sur sa vie c'est revenir sur son histoire d'amour avec sa scénariste, Eva Linder, qui fut sa dealeuse, sa muse, et sa plus grande perte. Il est aussi question en arrière-plan de l'histoire d'Hollywood.

C'est ce que raconte Furia à travers le regard d'un cinéaste cultivé, lucide et non dénué d'humour.

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Avis (1)

  • Bienvenue dans la divine comédie de Seymour Morrison.
    Seymour Morrison vit à Los Angeles et trimballe sa carcasse entre Sunset Boulevard, Mullholland Drive, Hollywood boulevard, Echo Park, Venice beach, et Beverly Boulevard ....
    On est entre fin 2019 et début 2020, le Covid est en approche,...
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    Bienvenue dans la divine comédie de Seymour Morrison.
    Seymour Morrison vit à Los Angeles et trimballe sa carcasse entre Sunset Boulevard, Mullholland Drive, Hollywood boulevard, Echo Park, Venice beach, et Beverly Boulevard ....
    On est entre fin 2019 et début 2020, le Covid est en approche, et du haut de sa carrière réussie, sa vie privée un peu moins, Seymour se confie à Dante Gabrieli sur ses films, Oscars, Palme d’Or, Golden Globes.

    Dante Gabrieli est ghost writer, il doit écrire la biographie du « cinéaste de légende », et s’en prend plein la gueule au passage (« arrête de me sonder le cul ! », « T’es ghost writer, t’es plus critique. T’es toujours critique ! Donc t’es resté casse-couilles ») ... Joeystarr sors de ce corps ! Dante le goy pénètre avec Virgile-Seymour le monde de l’au-delà... celui du cinéma américain, avec un peu d’enfer, de purgatoire (il y a de la confession dans le procédé), et de paradis (artificiels et autres).
    Ici aussi on rencontre des mythes, pas ceux de l’Antiquité, mais ceux du grand écran. Le récit à la première personne de Seymour est semé d’anecdotes sur des acteurs et réalisateurs hollywoodiens, de citations de Wilder, Godard, Hitchcock. Le cinéma français est d’ailleurs égratigné par ci par là.
    Seymour est issu d’une famille juive d’Allemagne, la mère a été déportée, le père a fui Berlin en 1933, illustrant la phrase de Wilder « Il y a deux sortes de juifs, les pessimistes et les optimistes. Les pessimistes ont fini à Hollywood, et les optimistes à Auschwitz ». Du pessimisme du père il a opté pour le fatalisme et le cynisme (« à quoi bon s’inquiéter, seules les civilisations sont mortelles », à propos du covid).

    Seymour cherche-t-il, en se confiant à Dante, le salut ? Une façon de se pardonner la mort d’Eva, sa muse, scénariste et compagne pendant des années ?
    Dante accompagne, n’intervient pas, il est présent-absent, un vrai fantôme en somme, qui retranscrit et disparait.

    Pourquoi Furia ? On l’apprendra à la toute fin du livre.

    Ce roman à l’écriture fragmentée, aux pages aérées, dans le style identifié de l’auteur pour ceux qui ont lu ses précédents romans, colle parfaitement avec la personnalité de ce type qui se raconte, sans retenu ni concession, ne faisant pas de cadeaux, ni à son « ghost writer », qu’il malmène, ni à l’industrie du cinéma, ni à lui-même ! On lit Furia comme on plonge dans un scenario.

    Ce roman regorge de phrases à retenir et qui tapent juste :
    « Hollywood aujourd’hui c’est préquel, remake, suite, franchise et biopic »
    « La réussite d’un film c’est toutes les concessions qu’on n’a pas faites ».
    « Un homme nommé Tolstoï a écrit « Guerre et paix ». Trente-cinq scénaristes hollywoodiens ont écrit « Les Pierrafeu » ».
    « Un alcoolique te vole ton portefeuille et il a des remords, un toxico te vole ton portefeuille et t’aide à le chercher ».

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