"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Elle s'appelle Frieda von Richthofen. Cette jeune baronne allemande vit à Nottingham, mariée à un professeur austère et pudibond. Jusqu'à ce jour de 1912 où elle commet l'irréparable: elle quitte son mari et ses trois enfants pour vivre sa passion avec son amant, à Munich. Dans cette ville bruissante d'avant-gardes, la liberté des moeurs l'invite enfin au plaisir, dans les bras d'un disciple de Freud. Cette relation va donner naissance à l'un des plus grands scandales de son temps et quelques années plus tard, sa relation avec D.H. Lawrence inspirera le très sulfureux roman L'Amant de Lady Chatterley. Passée d'épouse et mère à maîtresse et muse, la scandaleuse paiera cependant chèrement le prix de sa liberté...
La lecture du résumé de ce livre m'a tout de suite donné envie de le lire. J'aime les romans qui parlent de personnages ayant existé dans la réalité. Ici, il va s'agir de la baronne von Richthofen qui inspira le roman L'amant de Lady Chatterley de D.H Lawrence. J'avais très envie de découvrir cette femme, en avance sur son temps, sur sa vie sulfureuse. J'ai appris plein de choses, et j'aime quand mes lectures ont ce double pouvoir de m’enrichir et me divertir en même temps.
J'ai donc fait la connaissance de Frieda, elle est issue d’une noble famille. Elle est mariée avec Ernest avec qui elle a trois enfants. Ernest est professeur dans l’étymologie des mots, plutôt du genre austère et très pudique. Leur relation se passe bien, mais sans folies, et Frieda s'ennuie. Une de ses sœurs lui parlent un jour de sa propre expérience, elle est mariée elle aussi et elle a un amant, son mari a lui aussi une maitresse, ils pratiquent ce qu'on appelle l'amour libre et en dit le plus grand bien à Frieda. Sa sœur lui raconte avoir rencontré un docteur, Otto Gross, qui prône l'amour libre et le plaisir sexuel. C’est un disciple de Freud, et il veut démontrer que la parole peut soigner des maladies. Ce sont les débuts de la psychanalyse. Frieda va donc partir à Munich pour rencontrer ce docteur, qui va alors lui exposer tous les bienfaits d’une sexualité libérée. Frieda aura une liaison avec lui, mais elle rentre tout de même chez elle en Angleterre auprès de son mari et ses enfants. Ernest reste très fermé aux idées révolutionnaires de sa femme. Celle-ci va rencontrer alors un élève de son mari, D.H Lawrence, fils de mineur et poète. Ils vont tous deux tomber sous leur charme habituel, Frieda va tout apprendre à Lawrence et ils débuteront une liaison. Frieda va même jusqu’à aller tout quitter pour cet homme, laisser ses enfants, elle veut vivre au plus près de ce qu'elle aspire. Mais cela ne va pas être sans embûches. La réaction de Ernest est forte, il ne veut pas que Frieda voit ses enfants, ceux-ci vont lui manquer. Lawrence se révèle être parfois un autre homme, lui veut épouser Frieda, elle ne veut pas, elle veut rester libre. La vie va ainsi se compliquer pour elle.
Frieda sera la source d’inspiration pour de nombreux ouvrages de Lawrence, dont le plus connu L'amant de Lady Chatterley a fait couler beaucoup d'encre, surtout à l'époque où il a été publié. Il a longtemps été interdit et publié bien après la mort de son auteur. J'ai trouvé l'histoire vraiment très intéressante. Je n’ai jamais lu ce roman de Lawrence, je le connais de réputation, je sais qu'il est très sulfureux et qu'il a suscité pas mal de réactions. Mais je ne connaissais pas du tout les origines de ce roman, et j'ai été très intéressée de découvrir la femme qui se cache derrière cette histoire.
J’ai beaucoup aimé suivre Frieda, elle ne veut pas rentrer dans le moule de la gentille femme au foyer qui s'occupe de son mari et de ses enfants sans ne jamais rien dire. On est au tout début du 20ème siècle, en 1907, la femme porte encore un corset, et on ne lui demande pas son avis. Je trouve cette période toujours très intéressante, pas si lointaine que ça, un siècle c’est peu dans l'histoire de l’humanité, nos grand-mères n'avaient pas la vie facile. Il est bon de lire des romans sur ces temps, pour ne pas oublier ce que nos aïeules ont connu, pour ne pas revivre ces mêmes situations. Heureusement, la parole se libère de plus en plus maintenant.
Bon, je m'écarte du sujet. Frieda est un personnage vraiment très intéressant à suivre. Elle vit une situation très compliquée. Elle veut à la fois être libre, et en même temps continuer sa vie familiale. Elle voudrait suivre cette mode lancée à Munich où un couple peut se conjuguer à trois personnes et plus. Mais, on se doute bien que Ernest ne va pas le voir de cette façon, il a reçu une éducation très stricte, et n'a pas du tout la même vision du couple que sa femme. La pauvre Frieda va devoir faire des choix, Ernest va être très dur avec elle. Et elle ne sera même pas certaine de la décision qu'elle prendra. En quittant son mari pour être plus libre, elle risque de retomber dans une situation pas si libérée que cela, car Lawrence est très possessif avec elle, même vis-à-vis de ses enfants. Au final, je ne suis pas sure qu'elle ait vraiment eu ce qu'elle voulait.
Ce que j’ai fortement apprécié dans ce roman, c’est que l’autrice, Annabel Habbs a su mêler les faits historiques à une histoire plus romancée. Elle explique à la fin du livre qu'elle a pris certaines libertés en ne mentionnant pas tous les amants que Frieda a eus, pour se consacrer uniquement sur Otto, Ernest et Lawrence. Elle a d'ailleurs dû faire un travail de recherches très important pour apporter autant de précisions. J’ai beaucoup aimé qu'elle explique tout son parcours à la fin du livre, qu'elle relate aussi en quelques mots la vie de chaque personnage, ce qui leur est arrivé après. Elle donne aussi une liste d'ouvrages avec lesquels elle a travaillé pour être au plus près de la réalité. J'en ai repéré quelques-uns très intéressants. C’est une période qui me plaît toujours beaucoup dans les romans. On sent, en lisant le livre, toute la passion de l'autrice pour Frieda, sa vie. Elle brosse un portrait juste de cette femme, sans l'embellir de trop, en n’étant jamais dans le jugement.
Moi-même, de mon côté, je me suis très vite attachée à Frieda, je ne suis pas forcément d’accord avec toutes les idées qu'elle a pu avoir. Mais je comprends ses choix et ses décisions quand je replace sa vie dans le contexte historique. Quand des personnes sont très bridées, elles partent parfois dans des extrêmes pour essayer de se libérer de leurs carcans. C’est le cas avec Frieda.
Tout ceci ne serait rien sans le talent de l'autrice pour nous raconter cette histoire. C’est d’une très grande fluidité, les descriptions n’apportent aucune lourdeur au récit. On n' pas l’impression de lire un roman historique tellement il est accessible et à la portée de tous. L'autrice a très bien décrit également les sentiments traversés par les différents personnages. Je me suis très vite attachée à eux et pourtant le choix narratif n'est pas celui auquel je suis le plus sensible pour ressentir les émotions. Tout est écrit à la troisième personne du singulier, et j'ai trouvé ce choix fort judicieux car il permet de garder une certaine distance avec le personnage principal, ce qui n'est pas négligeable, les émotions sont parfois à vif et cette distance permet de ne pas toujours tout se prendre en pleine figure..
Je me suis également attachée aux autres personnages, même si tout tourne beaucoup autour de Frieda et que c’est celle qui domine le tout. Les hommes de l’histoire m'ont touchée aussi, dans leurs forces et leurs faiblesses, ils m'ont aussi énervée dans certains de leurs actes ou réflexions. Ce sont des personnages qui ne peuvent pas laisser indifférents, on ne peut pas rester neutre face à eux, et je trouve que c’est la grande force de ce roman. Tout semble si réel, et savoir qu'ils ont tous réellement existé est encore plus troublant.
Je me suis régalée avec ce livre. Il s'est lu rapidement, la lecture est addictive et rythmée par des chapitres courts qui alternent entre les personnages. La parole sera même donnée aux enfants de Frieda et Ernest, et j'ai trouvé très intéressant d'avoir leurs ressentis d'enfant face à la situation de leurs parents. L’autrice a su se mettre à leur niveau et à imaginer les bonnes réactions. La lecture a aussi été rendue addictive grâce aux faits, on a tellement envie de savoir ce qu'il va se passer pour Frieda qu'on tourne les pages fébrilement. Une sorte de suspense est ainsi instauré.
J'ai également beaucoup aimé découvrir la plume de Annabel Abbs, elle est très agréable à lire, elle sait livrer de beaux messages au travers de ses personnages, elle sait rester près des faits historiques tout en rendant la lecture facile. C’est son second roman mais le premier traduit en français. Un nouveau roman vient de sortir aux éditions Hervé Chopin, La fille de Joyce, une histoire de femmes encore très intéressante de Lucia Joyce, fille de James Joyce et amoureuse de Samuel Beckett. Rien que le résumé me tente déjà énormément. Je note donc cette autrice dans mes auteurs à suivre, je la lirai très sûrement à nouveau.
Je ne peux que vous conseiller ce roman, même si vous n'aimez pas les romans historiques, il est toujours intéressant de se remémorer les conditions de vie des femmes au siècle dernier et de suivre la vie de femmes qui ont influencé des artistes et des écrivains. Et comme l'histoire est bien romancée, cela rend la lecture encore plus aisée.
Frieda c’est une personne qui a réellement existé : née Von Richthofen en Allemagne, elle s’est ensuite appelée Weekley et a vécu en Angleterre, puis elle devint Mrs Lawrence et suivit son nouvel époux dans ses pérégrinations européennes avant de mourir Ravagni, remariée une troisième fois, en Italie.
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Mais Annabel Abbs, choisit d’intituler sa biographie romancée « Frieda » tout court pour s’intéresser à sa personnalité intrinsèque et pas à son personnage social. Et pourtant, le moteur de cette vie et l’intérêt du livre c’est la lutte de l’héroïne contre la société, le patriarcat et ses maris pour devenir ou rester elle-même.
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L’autrice reprend dans ce livre des fragments de la correspondance réelle de Frieda, ses sœurs, son mari et ses amants pour le côté « biographie » et invente des dialogues qui sonnent juste et rendent le récit vivant et « romancé ». Nulle monotonie et pas de longs développements indigents non plus : à travers une narration polyphonique on l’on entend tour à tour au gré de courts chapitres Frieda, son premier mari Ernest et deux de ses trois enfants Monty et Barby (majoritairement son fils), la trajectoire de cette dernière est retracée.
On perçoit d’abord comment troisième fille d’un baron ruiné par ses dettes de jeu, elle a été élevée comme un garçon manqué par un père qui souhaitait avant tout avoir un héritier mâle, puis comment elle a cru faire un mariage d’amour malgré une mésalliance en épousant un professeur britannique fils de pasteur et pudibond qui l’idéalisait et lui refusait finalement toute dimension charnelle, glorifiant son côté madone et la surnommant « perce-neige ». Et enfin comment DH Lawrence la vampirisa pour en faire à la fois sa chose et sa muse, sa femme et sa mère tandis que son dernier mari - de douze ans plus jeune qu’elle - l’utilisa sans vergogne pour la sécurité financière qu’elle lui apportait… Au cours de son enfance et de ses deux premiers mariages, elle ne fut donc pas aimée pour elle-même mais pour l’image qu’on avait d’elle et pour le rôle auquel on voulait la cantonner ; le troisième mariage apparaissant encore plus terre à terre !
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Le fil rouge de l’œuvre c’est donc la lutte de Frieda contre cet emprisonnement. Elle trouvera l’une des clés de son émancipation à Munich en 1907, Abbs nous dépeint une société en pleine ébullition intellectuelle et révolution sexuelle. La sensualité intrinsèque de Frieda s’y épanouira grâce à son mentor Otto Gross et elle changera à jamais renâclant à retrouver les carcans d’une société anglaise étouffante, elle aussi fort bien décrite, où règnent les apparences, les convenances et la peur du qu’en dira-t-on. Son « épiphanie » donne d’ailleurs lieu à de très belles pages sur l’éveil des sens dans la nature et en particulier dans la forêt de Sherwood …
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L’autrice accentue cette (r)évolution en transformant certains événements biographiques comme elle s’en explique dans la postface. Elle tord aussi le cou à l’idée reçue que Frieda aurait abandonné ses enfants pour s’enfuir avec son amant. Elle la dépeint avant tout comme une mère aimante mais broyée par les lois de l’époque et victime d’une machination de son amant qui envoya une lettre d’aveu à son mari à son insu ce qui provoqua l’ire du cocu, la déchéance de ses droits maternels et le déchirement de l’héroïne qui se voulait femme et mère avant d’être femme de …
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Ainsi, on n’a pas seulement une biographie linéaire et documentée (même si cet aspect est présent comme en atteste la longue bibliographie en fin de volume et les notices biographiques des différents protagonistes) mais une véritable réflexion sur la place de la femme en cette Belle époque qui ne l’est pas tant que cela. Ceci sans manichéisme puisqu’on entend aussi d’autres points de vue et que le désespoir du mari bafoué (victime lui aussi de cette société corsetée finalement) est déchirant comme le manque qu’éprouvent les enfants. L’œuvre est enfin passionnante par la biographie en creux qu’elle nous donne du romancier TH Lawrence - même s’il ne s’en sort nullement avec les honneurs - et l’éclairage nouveau qu’elle nous donne sur ses œuvres …
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Malgré ses 500 pages, ce roman se lit d’une traite. Il faut aussi saluer le travail de la traductrice, Anne-Caroline Grillot qui retranscrit bien la fluidité de l’écriture et les synesthésies sensuelles. Un grand merci à Babelio et à Pocket pour m’avoir fait découvrir ce beau livre qui me donne désormais envie de lire les œuvres de Lawrence inspirées par Frieda.
La biographie romancée, quand c'est bien fait, c'est un vrai plaisir. Et j'ai beaucoup aimé ces heures passées en compagnie de Frieda, née von Richthofen, morte Ravagali et qui aura aussi porté les noms de Weekley et de Lawrence. D.H. Lawrence, oui. L'écrivain et poète anglais dont elle fut la muse et bien plus que ça. Une sacrée femme, cette Frieda dont Annabel Abbs livre un portrait charnel, sensuel et libre. S'inspirant bien entendu de faits réels, la forme romancée lui offre l'opportunité de laisser parler son instinct, la façon dont elle perçoit Frieda d'après ce qu'elle a pu lire et recueillir sur cette femme qui a déjà tous les attributs d'une héroïne de roman, et bien sûr son admiration que l'on sent affleurer à chaque étape de la narration. S'engouffrer dans les pas de Frieda, c'est sentir souffler très fort le vent de la liberté...
Frieda est donc née von Richthofen, troisième fille d'un baron un peu trop joueur, sorte de vilain petit canard et garçon manqué sur les bords. Lorsque Ernest Weekley, professeur à Nottingham lui demande de l'épouser, sa vision romantique d'une éventuelle complicité intellectuelle et son envie "d'autre chose" brouillent certainement son jugement, tout comme ce fut le cas pour la Dorothea de Middlemarch vis à vis de M. Casaubon. Bref, la voici bientôt mère de trois jeunes enfants, installée dans une vie austère, toutes flammes éteintes. Sa sœur aînée l'ayant convaincue de venir lui rendre visite à Munich, Frieda va découvrir des façons de vivre totalement différentes auprès de chantres de la liberté de mœurs qu'elle ne tardera plus à expérimenter elle-même. Ce séjour sera fondateur pour cette femme qui n'aura de cesse de creuser ce sillon pour conquérir plus avant cette liberté qui passe par le plaisir intellectuel autant que charnel. Nous sommes en 1907 et l'on imagine bien ce que cela implique pour une femme, particulièrement dans la pudibonde Angleterre, bien éloignée de l'avant-gardisme munichois. Lorsqu'elle rencontre D.H. Lawrence en 1912, il est un étudiant de son mari. Leur liaison, puis leur fuite feront scandale, couteront très cher à Frieda mais les années qu'ils passeront ensemble influenceront toute l’œuvre de Lawrence, pas seulement L'amant de Lady Chatterley.
Et c'est ce que l'auteure met formidablement en scène, composant des tableaux de toute beauté, imprégnés d'une relation charnelle à la nature. Où l'on apprend d'ailleurs que la forêt de Sherwood pouvait abriter bien d'autres ébats que les entraînements au tir à l'arc des compagnons de Robin des bois. Sans nier la difficulté du parcours, depuis l'intransigeance du mari jusqu'à la relation parfois violente et excessive avec Lawrence, Annabel Abbs prend le parti de Frieda et de sa volonté farouche d'être en accord avec elle-même. Documenté et passionné, ce portrait d'une femme hors norme est aussi agréable à lire qu'instructif. Il donne très envie de se trouver une petite clairière dans les bois, à l'abri des regards pour aller se rouler un peu dans la végétation, si possible bien accompagné...
"Il fallait qu'elle sache de quelle trempe il était. Elle attendrait une semaine et passerait encore un peu de temps avec lui : il avait parlé d'aller voir une pièce au Théâtre royal de Nottingham et de revenir lui rendre visite pour travailler sa grammaire allemande. Ensuite, s'il l'éblouissait toujours autant, elle l'emmènerait dans les bois et lui montrerait qui elle était vraiment. Elle laisserait son corps parler, le plus effrontément possible. Il est si rare de voir un anglais épargné par la pruderie, le refoulement ou la lubricité ! Mais elle devait être sûre qu'il était dépourvu de ces traits de caractère et aussi ouvert qu'il le prétendait. Oui, elle l'emmènerait dans les bois et le mettrait à l'épreuve."
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Joli portrait d'une femme courageuse qui ne craint pas de se confronter aux hommes dans le Munich des années 1900. de belles descriptions d'une société bien-pensante qui enferme dans des croyances limitantes et coupe les ailes du désir.
C'est également dans une large mesure la biographie de celle qui a inspiré le personnage de Lady Chatterley mais également un éclairage nouveau sur la personnalité de l'auteur DH Lawrence.
Le tout est plutôt bien écrit et plaisant.
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