"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Été 1971. À dix-sept ans, Franz Farkas quitte Tilliers, sa petite ville de France, pour passer un an à Oakland, dans la baie de San Francisco.Accueilli par une famille très atypique, le jeune Franco-Algérien s'immerge dans la Bay Area et découvre ses communautés, ses mouvements et sa diversité, ses films et sa télévision, sa musique et ses chansons, sa culture et sa langue ainsi qu'une autre manière d'apprendre, d'inventer et de s'épanouir.Dans l'ombre menaçante de la guerre du Vietnam, il rencontre des féministes radicales, des Black Panthers, des membres de la communauté gaie et lesbienne, des gauchistes poseurs de bombes, des Indiens-Américains récemment chassés d'Alcatraz, des enfants d'immigrants japonais internés pendant la Seconde Guerre mondiale - et tient un double rôle féminin dans le Musical de sa High School !Et pendant ce temps, dans la France de l'après-de Gaulle...Racontées en choeur par celles et ceux qui les ont vécues des deux côtés de l'Atlantique, ces histoires d'hier annoncent l'Histoire d'aujourd'hui.
Après Abraham et Fils puis Les Histoires de Franz, Martin Winckler clôt sa trilogie avec Franz en Amérique.
À savoir que pour s’aventurer dans ce dernier volume du cycle, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les deux précédents et chacun peut être lu indépendamment.
Fabuleux roman polyphonique, en partie autobiographique, Franz en Amérique se déroule sur un an entre l’été 1971 et l’été 1972 tout en étant raconté entre fin 2020 et l’été 2022 !
Franz, jeune lycéen Franco-Algérien de 17 ans quitte Tilliers, petite ville de France pour passer un an à Oakland dans la baie de San Francisco.
Il est accueilli au sein d’une double famille, un couple de juifs blancs et leur fils et un couple d’afro-américains et leur fille, ces six personnes vivant dans deux appartements sur un même palier, sans porte entre les appartements. Il est scolarisé dans le lycée Oakland High School désigné par l’abréviation « O-High », l’une des plus vieilles écoles secondaires de Californie.
Franz se retrouve alors tout à fait immergé dans la société californienne.
Deux histoires parallèles, celle de Franz durant son année aux États-Unis et celle de son père, Abraham et de sa mère Claire durant la même période en France vont se croiser, s’entremêler entraînant le lecteur dans une chronique d’événements simultanés se déroulant sur les deux continents.
Franz, au travers de ses camarades de classe, des membres de sa famille d’accueil, des gens qu’il va rencontrer va s’initier à ce bouillon de contre-culture qui se passe autour de lui. Il va ainsi croiser des féministes radicales, des gauchistes poseurs de bombes, des Black Panthers, des membres de la communauté gay, celle de San Francisco étant l’une des plus importantes des États-Unis, des enfants d’immigrants asiatiques internés pendant la Seconde Guerre mondiale, des ouvriers Chicanos, des Indiens-Américains récemment chassés d’Alcatraz.
Dans cette Californie où toutes les communautés militent pour leur indépendance, leur autonomie, plane l’ombre menaçante de la guerre du Vietnam qui fait rage à ce moment-là. Des jeunes gens de 18 ans en classe avec Franz peuvent même être envoyés au Vietnam par un système compliqué et très inégalitaire.
C’est un état qui jouit d’un fort épanouissement culturel. Grâce à la musique, de nombreuses chansons sont écrites en contestation contre le pouvoir établi et notamment contre la guerre du Vietnam.
Pendant ce temps, dans la France de l’après-de Gaulle, c’est la lutte clandestine féministe bien mise en évidence par le personnage de Claire, la mère de Franz et les blessures laissées par la décolonisation qu’évoque l’auteur. Un chapitre particulièrement instructif est réservé d’ailleurs à ce sujet. Ce chapitre, le 65e comme les 107 qui composent ce roman choral, débute par le titre d’une chanson en rapport avec le récit, en l’occurrence pour celui-ci « Non je n’ai pas oublié » d’Enrico Macias. Il est possible d’écouter cette playlist qui comprend toutes les chansons qui servent de titre de chapitre, en se rendant sur YouTube. C’est une manière on ne peut plus agréable d’entrer dans cette période et dans l’ouvrage.
Dans ce roman, Martin Winckler montre également que ce n’est pas forcément dans le moment présent que l’on prend conscience de l’importance, de la complexité et de la richesse de certains événements mais souvent beaucoup d’années plus tard, cinquante pour Franz.
En entremêlant les lignes narratives de son roman, telles une tresse, en donnant à entendre plusieurs points de vue, Martin Winckler réussit à donner beaucoup de rythme et d’intérêt à ce voyage dans le temps. S’il est un voyage dans le temps raconté en chœur par celles et ceux qui ont vécu ces histoires, ces combats, des deux côtés de l’Atlantique, il annonce aussi l’Histoire d’aujourd’hui.
Comme à chaque fois, j’ai été fascinée par la bienveillance, l’ouverture d’esprit et les valeurs humanistes que développe Martin Winckler dans ses romans.
Franz en Amérique, voyage initiatique et véritable documentaire de l’histoire contemporaine est un roman richissime et éblouissant, jamais lassant et absolument captivant qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout de ses presque … 900 pages. J’ai été ravie de retrouver au fil de ma lecture des images, des visages et des musiques familières.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/02/martin-winckler-franz-en-amerique.html
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