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Né en 1889, Frans Masereel est un artiste belge, fortement marqué par les deux guerres mondiales. Pacifiste, antimilitariste, humaniste, il fréquente l'intelligentsia européenne de l'entre deux guerre, illustrant de son style inimitable des textes d'Emile Zola, Stefan Zweig, Thomas Mann... Ami du peintre allemand George Grosz, il commence à publier ses «romans en gravure» en 1918, en Suisse, et ne cessera, jusqu'à sa mort en 1972, d'utiliser la gravure sur bois comme moyen d'expression privilégié. Art Spiegelman a reconnu l'influence majeure du travail de Masereel dans la création de Maus.
L’artiste à l’origine du « roman graphique », voilà qui était suffisant pour me donner envie de découvrir Frans Masereel grâce à ce beau livre paru chez Casterman.
Un livre, tout en noir et blanc, qui, en 25 chapitres, raconte la vie d’un artiste méconnu de sa naissance en 1886 à son décès en 1972. Un homme à la fois peintre, illustrateur, graveur de nombreux romans muets et considéré donc comme le précurseur du roman graphique.
Peu de texte, juste l’essentiel, ce sont les dessins qui racontent, comme l’aurait fait Masereel lui-même. Un travail graphique impressionnant tout à l’encre noire, tantôt naïf, toujours expressif. C’est aussi l’occasion de traverser le 20ème siècle, ses 2 guerres, un contexte qui fera de Frans Masereel un humaniste engagé.
Au final, un bel objet qui est à la fois un beau travail graphique et l’occasion de découvrir quelqu’un qui, de l’avis d’Art Spiegelman lui-même, a fortement influencé « Maus »,.
Amateur de roman graphique, je ne connaissais cependant pas Frans Masereel. Voici ce manque de culture comblé grâce à ce roman graphique superbe en noir et blanc. Les pages sont noires et le dessin apparaît donc en blanc comme si Hamid Sulaiman, le dessinateur, s'était amusé à les gratter jusqu'au blanc. C'est un travail qui peut dérouter au départ, d'autant plus que les premières pages sont muettes, mais qui s'avère coller à Frans Masereel -je ne suis pas spécialiste, mais il y aurait comme un hommage à la gravure sur bois que je ne serais pas étonné, celui au roman graphique muet est davantage visible. Rarement plus d'une ou deux cases par page avec un texte en miroir, peu de phylactères, l'album se déguste lentement, en cherchant les détails.
Julian Voloj, le scénariste écrit une biographie instructive, simple qui prend en compte les événements tragiques de cette période. Il revient également sur son travail et la vie de Frans Masereel dans un court texte final pour la replacer dans le contexte culturel de l'époque. Deux détails qui ont leur importance pour conclure : Art Spiegelman, l'auteur de Maus a reconnu l'influence de Frans Masereel sur son travail et sur le roman graphique en général et le sous-titre : 25 moments de la vie de l'artiste est un hommage à l'un des ouvrages de Frans Masereel, son premier : 25 images de la passion d'un homme, paru en 1918.
J'aime quand Casterman publie des ouvrages de cette qualité qui permettent de découvrir d'autres facettes de la bande dessinée. Sur le site de la maison d'édition, on peut feuilleter quelques pages : Frans Masereel de Sulaiman et Voloj.
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