"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En Bretagne, il faut se méfier des apparences autant que de la météo. Ainsi, quand dans le petit avion à destination de Ouessant embarquent deux druides, un spécialiste des abeilles et une Espagnole couronnée par un donut de cheveux, tout peut arriver et tout va arriver, et pas de la façon qu'on imagine... Sur place, ils retrouveront une clique d'ornithologues japonais, le sieur Pommereau, qui joue au détective privé, et ce chanteur à succès, Vassili, beau ténébreux venu se mettre au vert après une histoire de moeurs. Dans ce mouchoir de poche qu'est Ouessant, les histoires de chacun vont s'entrecroiser, et les désirs s'affoler. De surcroît, face à la tempête qui gronde, il faudra faire face aux légendes comme celle du poulpe géant. Et au délire de quelques-uns que le grand large a déjà bien secoués...
Avec poésie et fantaisie, Jean-Luc Coatalem signe une sorte de polar métaphysique, où le dérisoire tutoie le drolatique. À lire comme une fable du grand Ouest.
« Courageux, le turbopropulseur à fond, notre avion se hissa en tanguant au milieu des nuages. En dessous, après la pointe Saint-Mathieu, la mer dépolie et grise tabassait dur. Toutefois, comme le répéta le pilote, ça passerait encore. Le mauvais temps serrait entre ses pattes la petite terre d’Ouessant et, félin capricieux, jouait avec elle. Au début, les passagers de devant était restés stoïques. Mais, lorsque l’avion accusa ses premières embardées, ils relevèrent leurs tablettes, se calèrent dans leurs sièges et se mirent à marmonner entre eux. »
Les passagers, deux druides aux barbes blanches qui toutefois se révéleront quelque peu mercantiles accompagnés par une jolie journaliste espagnole coiffée d’un donut de cheveux serrés sur le dessus de son crâne, vêtue d’un K-Way framboise et équipée de son inséparable Nikon D5200 venue faire un reportage sur la cérémonie d’un mariage druidique , et lui, Lescop, employé d’un groupe cosmétique venant inspecter les ruches qui fournissent un miel iodé d’exception servant à la fabrication de leurs sérums anti-âge.
« Dans l’aérogare, une vieille affiche touristique pendait, vaincue, retenue par sa dernière punaise. (…) Par la fenêtre, une poignée de brebis pelucheuses (…) Le Cessna était reparti, nous abandonnant tel un stick de commando en territoire hostile. (…) Le silence profond, sur lequel glissait la mitraille intermittente des gouttes, nous cueillit comme des fruits mûrs : elle, eux, moi. On se serait entendus respirer si par à-coups, de façon hachée, la mer n’avait pas mugi si fort en se fracassant sur les rochers… »
Ce livre se lit comme une BD, une fable, un poème. Jean-Luc Coatalem est dans son élément : mer et vent, île et lointain. « Finis terrae », l’île du bout du monde avant l’Amérique…
Notre grand artiste écrivain va peindre Ouessant avec une plume talentueuse. Il nous embarque dans une visite de cette île bretonne, un de ces lieux au climat hostile, balayé par le soleil parfois, mais le plus souvent malmené par les intempéries et entouré d’eau tempétueuse, ici, la mer d’Iroise au mauvais caractère et qui est rarement calme et plutôt tumultueuse, encline à baver sa rage blanche d’écume. «Ça poisse pas mal, vous verrez…» Ce genre de lieu où l’imaginaire est roi et la légende est reine! Où les esprits et les contes fabuleux font frémir et tiennent en haleine aux veillées près des cheminées. Où la rugosité de la vie va se cogner dans des bars à marins perdus, où le vent saoule et étourdit.
Flouté dans la brume, transparait un arrière-plan social sans insistance par lequel on va rencontrer le quotidien de gens ordinaires, les patrons des quelques rares locations touristiques et restaurants, les îliens, ainsi que quelques jeunes ornithologues japonais en quête d’oiseaux migrateurs d’exception sans oublier la musique bretonne et ses binious en même temps qu’un chanteur à succès déjanté et bretonnant bien que, pour des raisons historiques, il se trouve être d’origine russe.
Jean-Luc Coatalem va natter une aventure qui les reliera tous, le temps d’un week-end et d’un lundi dans une tragi-comédie dont il a le secret. Pleine de poésie et de causticité, son imagination débordante va nous entrainer dans un délire remarquable zébré de grands éclats de rire, sans oublier d’être érudit et talentueux.
Du grand art.
EXTRAIT WIKIPEDIA :
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, cet accident inclut les tempêtes, naufrages et captures par des pirates.
Aujourd'hui, on considère qu'une fortune de mer est un accident survenant au cours d'un voyage en mer et dû à des circonstances liées à l'état de la mer et du vent. La Convention de Bruxelles du 25 août 1924 exonère le transporteur maritime de marchandises de toute responsabilité sans qu'il soit nécessaire de se trouver en présence d'un événement de force majeure. En raison de ce mécanisme très favorable au transporteur, la jurisprudence admet la fortune de mer de manière très restrictive.
PAROLES DE ‘FORTUNE DE MER’ par le chanteur Christophe Miossec , très belle chanson lancinante et mélancolique qui a accompagné Jean-Luc Coatalem lors de l’écriture de son livre:
Une fortune de mer qui dérive dans les rouleaux
En fredonnant un air qui rappelle la douceur de tes mots.
Une fortune de mer tout au large de Concarneau
Qui ne sait plus trop quoi faire pour que tu le remorques à nouveau.
Une fortune de mer au beau milieu de l'Atlantique
Sur qui s'abat le tonnerre, la douleur est parfois magnifique.
Une fortune de mer, une épave sur les flots
Dis-moi, à quoi ça sert de m'être accroché à ta peau?
Un homme qui récite des prières pour que tu reviennes à nouveau
J'aurais dû le faire avant-hier, mais je n'ai pas su trouver les mots.
Je t'ai perdue, Esther et je me suis jeté dans les flots
Et j'ai rejoint la mer, tout au large de Concarneau.
Esther, Esther, Esther, Esther, Esther, Esther, Esther, Esther, Esther.
Les remerciements qui viennent clore ce court – mais bon – roman donnent une bonne indication de ceux qui l’ont inspiré: l’album Finistériens de Miossec, et notamment la chanson «Une fortune de mer», ainsi que les «scènes de la vie ouessantine» que racontait le Prix Goncourt 1912 André Savignon avec «Filles de la pluie».
Car le personnage principal de ce que l’éditeur appelle un «polar métaphysique» n’est pas le narrateur, mais bien l’île d’Ouessant, ce bout de Bretagne balayé par les vents et la pluie, «endroit hors norme, entier et rude. Une pierre brute à la brassée des eaux… ». Ouessant qui sculpte les visages et façonne les âmes de ses habitants.
C’est là, sous une pluie battante, que débarquent Lescop, le narrateur, chargé par la société suédoise «Bee Royal» qui l’emploie de venir superviser les ruches d’abeilles noires de l'île qui produisent un miel exceptionnel. Avec lui, Lucia Parma, une journaliste-photographe mi italienne-mi espagnole et deux druides Le Gaoulec et Per Le Frat, venus célébrer un mariage selon la vieille tradition.
Ils sont accueillis par Pommereau, un ancien journaliste, qui s’est installé sur l’île avec sa femme Agathe. Correspondant du Télégramme, il entend tout savoir et tout connaître. En déposant Lescop et la belle reporter devant la pension de Mme Kermarec, il ne doute toutefois pas que les heures qui vont suivre pourront lui donner de la matière pour la rubrique des faits divers.
Ajoutons, pour compléter le tableau, la présence de Vassili, chanteur ténébreux au sang chaud qui tente d’oublier un chagrin d’amour, «sa» Lorenne étant partie avec un autre sous des cieux plus cléments et, touche exotique, des ornithologues nippons venus immortaliser la faune locale.
Lescop est ravi de voir que les abeilles ont fait du bon travail, ce qui va lui permettre de se concentrer davantage sur la conquête de Lucia. Il lui fait découvrir l’île, ses criques et ses légendes, avant de la serrer d’un peu trop près dans une vieille cabane de goémonniers.
Lucia ne l’entend pas de cette oreille et s’enfuit. On ne la reverra pas de sitôt, mais même Lescop ne s’en doute pas. Vassili chante son blues, les druides se préparent à la cérémonie avec leurs ovates, bardes et novices et les vieilles histoires ressurgissent, comme celle de la pieuvre géante qui emporte les imprudents. Ou encore celle de ce sous-marin russe de 68 m de long qui reposerait non loin des côtes.
En parlant de «polar métaphysique», l’éditeur a bien résumé l’ambiance de roman qui mêle avec bonheur le fait divers et l’étude sociologique, la libido dérangée des uns et les rêves de gloire des autres. Sans oublier l’hommage de l’enfant du pays à ces récits et paysages qui l’ont façonné. Bon vent !
https://collectiondelivres.wordpress.com/2015/10/31/fortune-de-mer/
Et bien, plus besoin d’aller à Ouessant, Jean-Luc Coatalem nous décrit tellement minutieusement cette île du Finistère que c’est comme si on y était déjà allé.
Les descriptions sont belles, l’esprit des îliens est bien rendu, mais je n’ai pas réussi à m’investir dans cette histoire où se mêlent légendes et esprit breton. Dommage !
A LIRE : FORTUNE DE MER de Jean-Luc Coatalem ( Eds Stocks)_
Partons à la croisée de l’ Atlantique et de la Manche, sur la coléreuse mère d’ Iroise à Ouessant. Cette île aux confins d e la terre où se caches les légendes celtiques… Vous allez prendre une grande bouffée d’air iodé en lisant ce roman écrit par un Brestois ..Roman , ( dont le titre est emprunté à une chanson de Miossec) enrichi d’une belle plume à la fois poétique, drôle, sarcastique… les personnages sont totalement déjantés pour le plus grand plaisir du lecteur : tout d’abord le narrateur Robin Lescop , spécialiste des abeilles, se rend à Ouessant pour son travail, puis la belle journaliste madrilène Lucia Parma va disparaitre, ensuite on trouve un groupe d’ornithologues japonais , des druides totalement allumés, et surtout un ménestrel souvent alcoolisé, Vassili, qui cultive des manières de mauvais garçon, pas très en amitié avec la maréchaussée, compositeur talentueux de chansons entêtantes et râpeuses comme le vent d’ Ouessant.
l’atmosphère se pare de mystère avec la fameuse légende du poulpe géant..Mais maître Eole par ses bourrasques violentes va prendre au piège tout ce joli monde sur l île durant trois jours. Où est passée la belle Lucia Parma ?? et notre narrateur aurait-il lui aussi disparu ??
Cette fable bretonne est un savoureux moment de lecture et remarquablement bien écrite. Vous êtes à Ouessant où les rochers sont autan de dents plongés dans l’ Iroise, où les habitants, rugueux comme des menhirs, font corps avec l’île, « où ils continuent à fumer dans les bars, à cuver cul-pardessus tête dans le fossé, à s’assommer à coups de rames sans aller geindre chez les gendarmes… ».il parait que là bas le vent qui souffle n’importe comment rend marteau n’importe qui ….Allez vite sur cette pointe du Finistère vous régaler de la prose de jean Luc Coatalem…
"Fortune de mer", magnifique chanson de Miossec, et surtout "En Bretagne" les deux premiers mots de l’accroche sur la 4ème de couverture. Il ne m’en fallut pas plus pour "embarquer" cet ouvrage de Jean-Luc COATALEM.
Bretagne, ce mot a sur moi des effets très particuliers et, autant l’avouer tout de suite, m’ôte d’emblée toute objectivité.
J’ai pourtant l’impression que ce roman est une véritable réussite. Le livre, à peine ouvert et déjà terminé, nous entraîne sur l’île d’Ouessant…dans une histoire tout autant poétique que "foutraque". Là, se rencontrent, en effet, divers personnages allant d’une journaliste espagnol à un apiculteur en passant par des druides, des ornithologues japonais, un ingénieur qualité, un chanteur populaire…
Il y a du conte et de la légende dans ce récit, un semblant d’énigme à la manière d’Agatha Christie et surtout, surtout une description de l’île majestueuse. "Qui voit Ouessant, voit son sang" dit-on. Mais si dans le texte quelques gouttes sont versées, on y voit surtout sa beauté.
Boum boum boum : Coup de cœur !!
Un roman à la fois léger, ironique, surtout très poétique ! Un réel plaisir de lecture, une gourmandise, une prose distinguée et drôle ! Je me suis régalée dès les premières pages, emportée, soufflée, épatée !
Entre oiseaux et abeilles (et sans jamais être rebutée par les termes scientifiques qui, pour le coup, paraissent indispensables et presque comme des jeux de langue), farfelus profonds (druides à la limite de la secte) et journaliste-détective un peu psychosé, l'auteur nous emmène dans un polar cocasse et tonique, prétexte sans doute à une ode à l'île d'Ouessant. Ni vraie victime ni réel coupable, et seulement quelques saignements sans conséquences, c'est piquant et léger, juste à la frontière du tragique.
Une vraie réussite !!
Fortune de mer de Jean Luc COATELEM
Un petit avion à destination de l'île de Ouessant. A son bord, 2 druides, un spécialiste des abeilles et une superbe jeune femme espagnole.
Sur l’île, ils vont y croiser un groupe de japonais ornithologues, un chanteur à succès sur le déclin et Pommereau.
Tous ces personnages vont se croiser et nous conter leur version des faits.
La tempête de ce mois de septembre va déclencher chez chacun des idées aussi loufoques les unes que les autres.
Les personnages sont drôles et attachants.
un petit livre sympathique dans lequel j'ai passé un bon moment.
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